Une programmation riche et d’excellente facture
Souvent critiquée par les artistes sénégalais, la programmation de Saint-Louis n’est pas colorée locale, ce qui n'enlève rien à sa qualité. Cette année, des artistes talentueux se sont produits au grand bonheur des amoureux du jazz.
Les rideaux sont tombés dimanche soir sur la 21e édition du festival international de jazz de Saint-Louis. La capitale du Nord a vibré pendant 5 jours aux rythmes de cette musique d'origine noire. Onze groupes venus d’un peu partout s’y sont produits. Ray Lema, artiste de renom et tête d’affiche de cette édition, est monté sur scène samedi soir. Son spectacle n’a pas déçu car il s'est hissé à la hauteur de sa réputation et a satisfait l’attente des festivaliers venus en masse à la place Faidherbe où se tenait le concert.
L'artiste congolais était accompagné d’un bassiste hors pair, Étienne Mbappé, d’un saxophoniste dont on ne doute point du talent, Irving Acao, et d’un batteur qui ne fait pas moins, Nicolas Viccaro. Ils ont alterné entre quartet et quintet tout au long de la soirée, faisant ainsi balader le public dans un univers de sons exquis. Dans le riche répertoire proposé, un quintet en l’honneur de feu Fela Anikulapo Kuti, considéré comme un aîné. «A l'époque, j’ai milité contre l’arrestation de Fela. Et quand il a été libéré, je suis allé en France le féliciter et lui rendre hommage à travers une chanson. C'était le minimum que je pouvais faire», a expliqué Ray Lema. Et c'était le dernier morceau avant que le public demande le retour du groupe sur scène... Il s'en est suivi un standing ovation et des applaudissements durant plus de trois minutes par les amoureux du jazz.
Touché par cette marque d'estime, Ray Lema proposa un «deal» amical au public. «On ne chantera que si vous le faites avec nous en restant debout», dit-il. Marché conclu ! Il commence un refrain accessible repris par les fans qu'il fera alors danser pendant une bonne dizaine de minutes. «Cette scène de Saint-Louis est l’une des plus grandes d’Afrique. J’ai fait beaucoup de festivals en Afrique, mais une scène comme celle-là, ça se voit rarement», témoignera-t-il après sa prestation.
Le plateau du samedi était l’un des plus attractifs avec un public répondant et enthousiaste. En effet, Frank Salis H30 a eu droit presque au même scénario que Rey Lema. Il est revenu sur scène après son spectacle sur demande du public, mais cette fois-ci sans standing ovation.
Le dernier concert joué dimanche a enregistré la participation des étudiants américains de Howard university ensemble et du Tunisien Dhafer Youssef qui a joué en quartet. Et après un premier titre, il a arrêté son spectacle. «Excusez-nous mais on ne peut pas continuer ainsi, il faut qu’on règle la sono», a-t-il lâché à l'intention des organisateurs. A juste raison. Le son de la batterie était totalement dissonant si l'on sait que le jazz est une musique acoustique qui exige un respect scrupuleux, quasi religieux, des musiques et timbres de chaque instrumentiste. La régie s’y mettant, tout finit par rentrer dans l’ordre jusqu'à la dernière note.
Avec sa voix et son houd (une sorte de kora), Youssef donne à ses morceaux une allure particulière. Ce qui lui fait dire : «Je ne suis pas un jazzman, je joue avec des artistes de jazz. Moi, je fais une musique mélangée à mes cultures africaines», précise-t-il. L’autre élément qui fonde la particularité de la musique du Tunisien réside dans la richesse des sonorités qu’il propose. «Je suis influencé par beaucoup de musiques. J’aime bien la musique africaine, sénégalaise et malienne en particulier», a-t-il confié. Pour une tombée de rideaux, Youssef a assuré.
BIGUE BOB
AVERTISSEMENT!
Il est strictement interdit aux sites d'information établis ou non au Sénégal de copier-coller les articles d' EnQuête+ sans autorisation express. Les contrevenants à cette interdiction feront l'objet de poursuites judiciaires immédiates.