Publié le 5 Dec 2022 - 22:28
23e ED. JOURNÉES THÉÂTRALES DE CARTHAGE (JTC)

Vers un marché des arts de spectacle

 

Lancée ce samedi, la 23e édition des Journées théâtrales de Carthage (JTC) va se poursuivre jusqu’au 10 décembre. Elle est l’occasion d’interrogations et de renouvellement, en invitant les professionnels du secteur du 4e art au débat sur l’évolution du festival, selon la ministre des Affaires culturelles de la Tunisie, Dr Hayet Ketat Guermazi. Le Sénégal est le pays invité d’honneur de la présente édition.

 

Malgré la liesse populaire engendrée par la Coupe du monde, les Journées théâtrales de Carthage (JTC) ne faiblissent pas. Le coup d’envoi de la 23e édition a été donné, ce samedi, par la ministre des Affaires culturelles tunisiennes, Dr Hayet Ketat Guermazi. Et l’évènement va se poursuivre jusqu’au samedi 10 décembre prochain, avec la participation de plus de 20 pays dont le Sénégal, invité d’honneur. En marge de la cérémonie d’ouverture, animations musicales et spectacles de rue ont illuminé l’avenue principale de la capitale tunisienne Habib Bourguiba, ainsi que les espaces extérieurs de la cité de la Culture.

En effet, la soirée été aussi ponctuée par des intermèdes musicaux signés Yasser Jraidi Lobna Noomane et un duo lyrique Amira Loubiri et Bruno Tukam accompagné par le pianiste Abdelmalek Loubiri. En outre, le public venu nombreux a eu droit à un numéro de claquettes de Lotfi Bousadra, ainsi qu’à une performance des deux acteurs Neji Kanawati et Hamouda Ben Hassine autour de l’essence du théâtre et de la magie de la scène.

‘’Cette édition sera l’occasion de fêter à la fois le 4e art, mais aussi une occasion pour réfléchir sur la nécessité de développer le festival pour se transformer d’une simple plateforme de spectacles vers un marché des arts de spectacle’’, a indiqué Dr Hayet Ketat Guermazi. 

En effet, sous le signe de la passion, les JTC 2022 fêtent le théâtre et ses créateurs, tout en œuvrant à se développer et se renouveler. L’idée est de faire de cet évènement un projet artistique qui participe activement dans le cycle économique du pays, à travers la mise en place d’un marché artistique arabe et africain. ‘’Comme tout le secteur artistique, le spectacle vivant qui a été touché de plein fouet par les turbulences mondiales, continue de tracer sa route en assurant son rôle, assumant ses responsabilités et en œuvrant à être un reflet de son temps. Les JTC, le doyen des festivals en Afrique et dans le monde arabe, se doivent de réfléchir à leur vocation, redéfinir ses objectifs et se repositionner dans un monde en perpétuelle mutation’’, a pour sa part déclaré la directrice des JTC 2022, Nissaf Ben Hafsia.

À cet effet, la présente édition est l’occasion d’interrogations et de renouvellement, en invitant les professionnels du secteur du 4e art au débat sur l’évolution du festival pour être plus proche des aspirations et des défis à venir. Pionnière au moment où elle propose l’un des premiers festivals de théâtre où se rencontrent les dernières créations africaines et arabes, la Tunisie sera aussi le premier pays arabe à lancer le débat et la réflexion pour faire évoluer son festival vers un marché des arts de spectacle. Parallèlement aux spectacles, aux ateliers, aux master class et aux rencontres entre professionnels et public, les JTC seront, dans les prochaines éditions, une occasion pour la promotion des productions théâtrales tunisiennes, arabes et africaines.

‘’La Tunisie deviendra ainsi le premier pays arabe à se doter d’un marché de théâtre et sera une destination privilégiée pour les professionnels désireux d’acquérir les dernières créations arabes et africaines’’, a soutenu Nissaf Ben Hafsia.

Hommages posthumes

Il faut noter qu’un hommage posthume a été rendu aux artistes et aux hommes qui ont marqué la scène théâtrale tunisienne et qui ne sont plus de ce monde : Hichem Rostom, Tawfik Bahri, Sadok Mejri, Mongi Tounsi, Ismail Bouslama, Bechir Khamouma, Adel Habbassi et Adel Megdiche.

Pour clôturer en beauté la cérémonie d’ouverture, des hommages ont été attribués aux femmes et hommes de théâtre qui ont contribué à l’essor de la scène artistique arabe et africaine, à savoir l’Égyptienne Souhir Morchedi, le Tunisien Mohamed Yangui, le Syrien Ayman Zayden, le Malien Habib Dembélé, l’Irakien Kacem Bayati et le Tunisien Alaeddine Ayoub.

D’ailleurs, la ministre Dr Hayet Ketat Guermazi a mis l’accent sur l’importance de cette manifestation qui a su, au fil des années, se démarquer et se forger une identité sur la scène culturelle africaine et mondiale.

Hier, entre autres spectacles, les pièces théâtre ‘’Dark Side’’ de Nizar Saidi (Tunisie), ‘’Les Bijoux’’ de William Sham Weteshe (Congo) ont été proposées au public.

Hommage à Léopold Sédar Senghor

Le Sénégal est le pays invité d'honneur de cette 23e édition des JTC. Cet événement rend donc hommage au théâtre sénégalais qui a été le premier jalon de l’instauration de sa politique culturelle, souligne le pays organisateur.

D’ailleurs, le comédien Sanex et le groupe musical Bideew Bou Bess font partie de la délégation sénégalaise. La Tunisie souligne que c'est un hommage à un théâtre, notamment d’expression française, qui a beaucoup marqué l’évolution intellectuelle et politique sénégalaise.

Ainsi, les JTC rendent aussi un hommage particulier à une grande figure du Sénégal et du continent africain, Léopold Sédar Senghor. Poète, écrivain, premier président de la République sénégalaise qui a œuvré pour un théâtre africain indépendant, puisque son nom est aussi intimement lié à la création, en 1965, de la troupe dramatique du Théâtre Daniel Sorano qui a été dirigée par son neveu Maurice Sonar Senghor, de 1965 à 1984. 

Missionné pour construire le théâtre sénégalais, Maurice Sonar Senghor a été le premier directeur de théâtre d’Afrique. Ainsi, ‘’cette 23e édition des JTC célèbre une identité, un parcours et une trace d’une expression artistique amie et voisine à travers la présence et la contribution d’artistes d’expressions diverses’’, selon Nisaf Ben Hafsia et Cie. Elle note que ‘’le Sénégal aux JTC, c’est un passé et un avenir commun pour l’essor du théâtre africain’’.

BABACAR SY SEYE (ENVOYÉ SPÉCIAL)

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