Publié le 26 Apr 2019 - 23:55
3e JOURNEE PROCES THIANTACOUNES

Les familles des victimes enfoncent Cheikh Faye

 

Hier, l’audience des Thiantacounes, dans le double meurtre de Madinatoul Salam, a mis un coup de projecteur sur ce qu’avait été la vie des deux victimes. Le frère, la mère et la femme éplorés ont fait des confidences sur le comportement et la psychologie de Bara Sow et d’Ababacar Diagne.

 

‘’S’il m’avait écouté, il ne serait pas tué. Il serait encore parmi nous‘’. Ces propos d’Ousmane Sow, grand frère de Bara Sow, montrent à quel point il était en désaccord et mécontent de ce que son frère fréquentait l’entourage de Béthio Thioune. Venu témoigner, hier au tribunal, Ousmane Sow est invité à parler de son frère. Il raconte : ‘’Bara vient après moi. Il est né en 1975. Notre mère est décédée en 1977 ; j’avais 4 ans ; Bara en avait 1.  On l’a confié à l’un de nos grands-parents qui vivait à Boffène. Quand il a eu 7 ans et moi 11, notre père nous a récupérés pour nous inscrire à l’école coranique. Notre père est décédé en 1988.‘’

Soucieux du bien-être de son petit frère, Ousmane Sow a tenté, par tous les moyens, de le sortir du carcan des Thiantacounes. La victime, dit-il, voulait faire des études en droit et s’est inscrit à la faculté de Droit. ‘’Il était brillant. Un homme talentueux, droit, qui n’aimait pas l’injustice. Déjà, en 1re année, il avait eu la moyenne Assez bien. Il m’a dit qu’il était décidé à prendre un nouveau départ et qu’il voulait étudier le droit‘’, raconte Ousmane. L’aîné Sow renseigne que c’est Bara qui écrivait tous les textes que Béthio utilisait.

Ce qui l’amène à déplorer le traitement inhumain que subissait son frère à Madinatoul. Devant la barre, il a déploré le fait que son frère était utilisé comme un esclave à Madinatoul. ‘’C’est lui qui carrelait tous les chantiers de Béthio. Quand il tombait malade, je quittais Dakar pour venir le cherchait afin de le soigner. Même pour ses baptêmes, c’est moi qui achetais le mouton. Un jour, je suis allé le voir ; je l’ai trouvé en train de manger du riz pourri. Bara n’a jamais été violent dans sa vie‘’, raconte son frère.

Ce qui l’a le plus touché, c’est les deux séjours carcéraux de son frère, à cause de l’entourage de Béthio. ‘’Il a fait 6 mois en prison. Il est sorti le 6 avril au lieu du 4 avril, comme le prétendent les talibés. Il était malade, oui. Et s’il l’a été, c’est à cause de Béthio. Il a été interné à l’hôpital psychiatrique de Thiaroye.  Quand je l’ai retrouvé là-bas, on m’a dit que des talibés de Béthio l’y avaient déjà interné. Je suis resté avec mon frère. Je l’ai soigné. Il s’était bien rétabli, jusqu’au jour où ils sont venus le reprendre à la maison’’, dit-il.

Inscrit à la faculté de Droit, il a démarré ses cours le 18 avril ; et le 22, il a été tué. Son amour pour le guide des Thiantacounes, dit-il, a poussé Bara a donné à tous ses enfants les noms de la famille de Serigne Saliou Mbacké. ‘’Son premier enfant porte le nom de la mère de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Sokhna Diarra Bousso, le 2e le nom de Serigne Saliou, le 3e celui de Sokhna Diogop. Et son 4e fils, on lui a donné le nom de Béthio Thioune. Ce dernier est né après la mort de son père. Un jour, son fils nous a dit de ne plus l’appeler Béthio, parce que c’est lui qui a tué son père‘’, raconte Ousmane Sow.

Il souligne que son frère a sombré, quand il a commencé à côtoyer Béthio. ‘’Quand je lui ai demandé pourquoi il ne prie plus, Il m’a répondu : ‘Le cheikh est notre garant auprès de Dieu. Il nous a dit de ne pas prier, de ne pas jeûner, parce qu’il détient nos clés du paradis.’  

 ‘’Quand j’ai vu le corps de mon frère, j’ai hurlé de douleur’’

Ayant, à plusieurs reprises, demandé à Béthio de laisser son frère venir habiter avec lui, il explique que le guide des Thiantacounes a opposé un niet catégorique. ‘’Un jour, je suis allé voir Béthio, je lui ai dit ceci : ‘Bara est mon frère. J’ai construit une maison et je vis seul avec ma femme. Je voudrais que Bara vienne vivre avec moi. Si tu ne lui donnes pas le ‘’ndiguel‘’, il ne quittera pas Madinatoul.’ Béthio m’a répondu : ‘Non, Barra ne quittera pas la résidence.’

Des souvenirs amers pour le frère meurtri, qui dit s’être rendu un autre jour à Madinatoul. ‘’Je suis encore allé voir Béthio pour lui dire que je voulais envoyer Bara en Italie. Il m’a donné son accord. J’ai commencé à faire les démarches. J’ai remis à Bara de l’argent pour trouver les documents administratifs nécessaires. D’ailleurs, voilà la photocopie du passeport, (alliant le geste et la parole, il sort un papier pour le présenter au tribunal). Quelque temps après, il m’a appelé pour me dire que le cheikh est revenu sur sa décision. Et qu’il ne voulait plus qu’il parte. J’ai insisté, il m’a dit : ‘Frère, si tu mets ton argent, tu vas le perdre. Alors laisse tomber.’

KHADY NDOYE [MBOUR]

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