Djibril Guèye traduit en justice par Coris Bank
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Djibril Guèye, un chef d’entreprise de 48 ans, se trouve face à la justice pour des faits de détournement de prêt et abus de confiance. Les faits remontent à 2020, lorsque le prévenu a sollicité un prêt de 20 millions de F CFA auprès de Coris Bank pour financer l’exécution d’un marché qu’il aurait contracté avec le Crous de Thiès. Un marché estimé à plus de 80 millions F CFA. La banque conteste la réalité de ce marché et l’utilisation des fonds qui lui ont été prêtés.
Djibril Guèye, défendant sa position devant la barre du tribunal correctionnel, explique qu’il avait, en effet, un contrat en cours avec le Crous de Thiès. Cependant, lorsqu’il s’est rendu dans sa banque de l’époque pour obtenir un prêt, celle-ci lui a refusé son financement, arguant qu’il était un nouveau client. Il aurait ensuite fait appel à Coris Bank, en fournissant une attestation de domiciliation irrévocable, pour obtenir les 20 millions. Le prévenu affirme que les accusations de fraude et de falsification de documents sont sans fondement.
Selon lui, la banque a accepté de lui prêter de l’argent sur la base de documents légaux et qu’il n’a pas pu rembourser le prêt, car le Crous de Thiès ne lui avait pas encore réglé la somme due.
Le représentant de Coris Bank, Hamidou Guèye, a pris la parole pour exposer la version de l’établissement bancaire. Selon lui, lorsque Djibril Guèye est venu demander le prêt, le marché n’avait pas encore été exécuté. La banque a bien compris qu’il avait besoin de financement pour le début du projet, mais les documents fournis par le prévenu, y compris l’attestation de domiciliation irrévocable, laissaient entendre que le marché était déjà en cours d’exécution.
Cependant, après le décaissement du prêt, la banque s’est aperçue que le Crous de Thiès n’était en réalité pas endetté envers M. Guèye, mais que c’était lui qui devait de l’argent à l’institution.
L’avocat de la banque, Me Amadou Yéri Ba, insiste sur le fait que Djibril Guèye a fourni une attestation de domiciliation qui lui a permis de convaincre la banque que le marché était en cours et que le financement était nécessaire. Il affirme que le prévenu a délibérément trompé la banque, en lui présentant des informations erronées, voire falsifiées, pour détourner les fonds à des fins personnelles.
Le procureur de la République, prenant en compte les éléments du dossier, requiert une application stricte de la loi en matière de détournement de fonds et de faux renseignements. Selon le procureur, l’attestation de domiciliation présentée par Djibril Guèye à la banque était fondée sur des informations mensongères, destinées à abuser la bonne foi de l’établissement bancaire. La défense de Djibril Guèye, représentée par Me Abdou Dialy Kane, réfute ces accusations.
Selon l’avocat, il ne s’agit pas d’un marché fictif, mais bien d’un contrat en bonne et due forme. Il argue que Djibril Guèye n’a pas fraudé et que tous les documents nécessaires à la validation du prêt étaient bien réels. Maitre Kane rejette également les accusations de détournement de fonds, précisant que son client n’est pas un homme politique, contrairement à ce que l’avocat de la partie civile a insinué. Il demande que la banque soit déboutée de sa plainte.
Après les plaidoiries, le tribunal a décidé de mettre l’affaire en délibéré. La décision sera rendue le 6 mars prochain.
MAGUETTE NDAO