Publié le 30 Nov 2016 - 22:19
3EME ÉDITION DU FESTIVAL GUEDIAWAYE BY RAP

La grosse controverse

 

Le festival ‘’Guédiawaye by rap’’ est prévu, du 22 au 27 décembre 2016. A moins d’un mois de l’évènement, des problèmes plombent sa préparation. Donnant lieu à une très grosse controverse. Selon l’initiateur, le rappeur Malal Talla, la mairie de la ville de Guédiawaye, celle de la commune d’arrondissement de Wakhinane Nimzatt et le ministère de la Culture et de la Communication n’ont pas respecté leurs engagements de soutenir l’événement. Ces derniers lui ont répondu.

 

Depuis 3 ans existe le festival ‘’Guédiawaye by  rap’’. Une initiative de Malal Talla alias Fou Malade qui veut, à travers ce concept, aider les jeunes artistes de la banlieue à exprimer leur talent. La manifestation grandit petit à petit et des artistes et hommes de culture étrangers y ont été régulièrement invités, jusqu’ici. Mais cette année, les organisateurs risquent de tenir leur évènement sans ces derniers. Puisque le ministère de la Culture et de la Communication, la mairie de la ville de Guédiawaye et la mairie de la commune d’arrondissement de Wakhinane Nimzatt n’ont donné aucune suite aux demandes de soutien du rappeur. Tout le contraire des années précédentes où Fou Malade avait bénéficié de leur appui.

Toutefois,  le ‘’Y en a marriste’’, joint par EnQuête, ne désespère pas.  Il est engagé à tenir son festival, même s’il vient à annuler la partie internationale. ‘’Cette année, on risque de supprimer la partie internationale de ce festival, parce que jusque-là, les engagements pris par la mairie de la ville de Guédiawaye et la commune d’arrondissement de Wakhinane Nimzatt n’ont pas été respectés. C’est leur soutien qui nous permettaient de payer le voyage des artistes internationaux, leur hébergement et leur cachet’’, révèle-t-il.

‘’On a l’impression que ce sont nos positions politiques qui dérangent’’

Selon lui, pendant deux années, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) les a aidés dans ce sens à hauteur de 11 000 euros, soit environ 7 millions de F Cfa. Toutefois, explique le rappeur, pour que l’OIF puisse accompagner les initiateurs, il faut une lettre d’engagement des partenaires que sont le ministère de la Culture, la mairie de la ville de Guédiawaye et la mairie de la commune d’arrondissement de Wakhinane Nimzatt dirigée par son frère Racine Talla. ‘’Il n’y a même pas de réponse de leur part. Il y a maintenant 7 mois que nous avons saisi le service culturel de la mairie, mais il n’a pas répondu à notre requête. Le ministre de la Culture qui s’est engagé, l’année dernière, pour couvrir la manifestation dans la logistique et la sonorisation entre autres besoins nous a dit, cette année, que le matériel n’est pas disponible. On ne comprend pas pourquoi on nous traite comme ça ?’’ se désole Malal Talla. Ce dernier estime que si les partenaires avaient respecté leurs engagements, il aurait pu accueillir pour cette édition le groupe ‘’Banlieus’art’’ de Guinée, ’’Dimension flexibl D’’ du Bénin, Natacha Flora de la Côte d‘Ivoire et des artistes maliens.

Selon l’artiste, c’est peut-être leur engagement politique qui est mal perçu auprès des partenaires. ‘’On a l’impression que ce sont nos positions politiques qui dérangent, car elles sont contraires au fonctionnement du gouvernement. C’est pourquoi on nous prive de certaines opportunités, alors que ‘’Guédiawaye hip hop’’ n’a rien à voir avec Y en a marre’’, fait-il remarquer. Pourtant, l’artiste souligne que leur principal objectif est de former, mais aussi de ‘’créer un événement de dimension internationale en banlieue’’.

ABDOULAYE KOUNDOUL, DIRECTEUR DES ARTS

‘’Je tombe des nues’’

Le Directeur des arts, Abdoulaye Koundoul, dément les accusations du rappeur Malal Talla contre le ministère de la Culture et de la Communication. Interpellé par EnQuête, M. Koundoul informe que les propos du rappeur sont contraires à la réalité. ‘’Je tombe des nues, si Malal Talla sort des propos comme quoi nous ne voulons pas le soutenir. Je l’ai appelé la semaine dernière pour lui demander de passer mercredi (aujourd’hui, Ndlr) à la direction des arts pour qu’on signe une convention pour l’appui à son événement. Nous soutenons en fonction des moyens qui sont à notre disposition. Je ne comprends pas cette propension à aller raconter des histoires de ce genre. L’année dernière, il a été soutenu à hauteur de 500 000 F Cfa. Nous recevons presque 2500 demandes par an, pour un budget très maigre. Et nous nous débrouillons pour vraiment soutenir les manifestations les plus structurantes parmi lesquelles nous comptons ‘’Guédiawaye by rap’’, rectifie M. Koundoul.

Le directeur des Arts d’informer que son département va respecter ses engagements, comme l’année dernière. ‘’Nous avions retenu, d’autant plus qu’en ce moment, nous sommes en train de travailler sur la promotion et la vulgarisation du fonds de développement de la culture, qu’on va faire de cet événement une tribune d’amplification de nos messages. Son événement fait partie des ceux qu’on avait ciblés pour nous servir de tribune d’amplification de nos messages. Nous n’avons rien à voir avec l’OIF. Nous n’avons pas la prétention de soutenir et nous n’avons même pas les moyens de soutenir des événements d’une certaine envergure, d’autant plus qu’on est à la fin de l’année et la fin de l’année rime avec fin de budget’’, précise-t-il.

RACINE TALLA, MAIRE DE LA COMMUNE DE WAKHINANE NIMZATT

‘’Malal Talla raconte des histoires’’

Egalement joint par EnQuête, le maire de la commune de Wakhinane Nimzatt, Racine Talla, est moins tendre que le directeur des Arts. ‘’Malal Talla raconte des histoires. S’il a cette subvention (ndlr celle versée par OIF), c’est grâce à la mairie, parce que c’est elle qui lui signe ses papiers d’engagement, chaque année. Il n’a qu’à vous montrer le courrier que la mairie a signé pour lui pour qu’il puisse tenir son festival’’, réagit le Dg de la RTS. Aussi, considère-t-il que ‘’l’aider n’est pas une obligation pour la mairie et il n’y a pas de ligne inscrite pour ça.

Qu’il aille voir le département ou le ministère de la Culture ! Ou qu’il cherche des sponsors pour tenir son festival  ‘’Guédiawaye By Rap !’’ Il n’organise pas ce festival pour la commune de Wakhinane Nimzatt. Pourquoi le subventionner alors ? Il essaye de manipuler la presse, mais il ne peut pas me manipuler. Comment il peut dire que la mairie n’a pas respecté son  engagement, alors que c’est nous qui avions signé les documents pour que l’OIF puisse lui accorder un financement ?’’ se désole-t-il.

Contrairement au directeur des Arts qui compte donner la subvention promise, M. le maire, qui est par ailleurs le frère de Malal Talla, ne va rien débourser. ‘’Je ne compte rien faire pour lui, ni pour son festival. On l’a appuyé en lui donnant un local. On n’a pas de fonds à lui donner car il n’est pas dans notre programme de cette année. Fou Malade n’a jamais mené une action pour la mairie. Je gère une population, mais pas un frère. Il y a plein d’artistes dans la banlieue avec beaucoup de talent qu’on doit soutenir. Et l’année prochaine, il n’aura pas cet engagement de la mairie pour un financement de l’OIF. C’est fini !’’ indique-t-il, catégorique.

HABIBATOU WAGNE

 

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