Publié le 16 Aug 2019 - 18:43
5 PERSONNES TUEES PAR DES VOLEURS DE BETAILS A SEDHIOU

Les éleveurs sortent leur artillerie 

 

Des voleurs de bétail, en provenance de la Guinée Bissau, ont déjà tué cinq éleveurs dans le département de Goudomp, région de Sédhiou, où on considère que la coupe est pleine. L’Etat est invité à prendre ses responsabilités. Dans les communes les plus exposées, c’est la course à l’armement. EnQuête a fait un tour dans la zone.

 

Le vol de bétail, plus récurrent dans la zone sud du Sénégal, connait des proportions inquiétantes, depuis trois ans. Il est le fait de bandits lourdement armés qui n’hésitent pas à tuer. Résultat des courses, la liste des victimes s’allonge et des milliers de bêtes ont déjà été emportées vers la Guinée Bissau. Ne pouvant pas rester les bras croisés, devant cette razzia, les éleveurs et propriétaires prennent les armes. Ainsi, avec la prolifération illégale des armes à feu, la raréfaction des pâturages dans le département de Goudomp, la porosité de la frontière, l’insécurité galopante et les bandits soupçonnés appartenir aux MFDC qui sévissent le long de la frontière sénégalo-Bissau-guinéenne, la situation est explosive.

Le dernier drame a eu lieu, la nuit du dimanche 11 au lundi 12 août 2019 au village de Wessakho Yéro situé dans la commune de Niagha, département de Goudomp, région de Sédhiou. Moussa Kandé, éleveur, a été tué. Il était âgé de 47 ans, marié et père de cinq enfants. Il a été atteint par balles au cours d’un échange de tirs avec une bande de voleurs de bétail, à la frontière bissau-guinéenne. Le maire de la commune de Niagha, Yéro Mballo, informe que ‘’c’est la quatrième fois que des voleurs armés jusqu’aux dents quittent la Guinée Bissau et viennent au Sénégal pour faire de la razzia et ôter la vie à d’honnêtes habitants de la commune’’. Il invite ‘’les ONG, les personnes de bonnes volontés, les éléments du MFDC et les autorités étatiques à organiser, dans les meilleurs délais, une assise départementale, le long de la frontière. Car, l’heure est grave et le temps n’est plus à l’attente. Nous allons tout faire pour trouver des moyens nécessaires pour organiser un dialogue transfrontalier, dans les brefs délais, à Lambang’’, dit-il.

Habib Camara, berger, tué à Séga foula

Dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 avril 2019, Habib Camara, berger de son état, âgé de 67 ans, marié, polygame et père de 11 enfants, a été tué vers 3 heures du matin par des voleurs de bétail à Séga foula. Un village situé dans la commune de Mangarougou, département de Goudomp, région de Sédhiou. Ses bourreaux lui ont tiré dessus, avant de s’enfuir avec ses six vaches en direction de la Guinée Bissau. Il a atteint à la cuisse et abandonné dans la forêt de Kossi distante d’une vingtaine de kilomètres de la frontière. Il a fini par succomber à ses blessures, en raison de la quantité de sang perdu. Le Lendemain, le corps sans vie a été retrouvé dans les mangroves. D’après le fils du défunt, Massiré Touré, deux mois avant la mort de son père, les voleurs avaient volé 16 têtes dans son troupeau. Son père les avait suivis jusqu’en Guinée Bissau. Pour récupérer ses bœufs, il a déboursé une somme de 25 mille FCFA qu’il a remis à la police des frontières de la Guinée Bissau afin d’obtenir leur aide à retrouver les bêtes volées.

Maire de la commune de Niagha, Yéro Mballo ajoute qu’il y a deux propriétaires de troupeaux qui ont été tués par des voleurs de bétail. D’après lui, ces derniers voulaient se défendre, malheureusement pour eux, les voleurs comme à l’accoutumée, étaient armés jusqu’aux dents et ont ouvert le feu sur eux. ‘’Le premier éleveur tué, c’est à Mangaroungou et le deuxième, c’est vers le Simbadi Brassou’’, dit-il.

Massiré Barry parti n’est jamais revenu

En 2017, les voleurs de bétails ont fait également irruption dans le troupeau de la famille Barry à Goudomp. Ils sont parvenus à voler des bêtes, avant de prendre la poudre d’escampette vers la Guinée Bissau. Le fils du propriétaire de troupeau, Massiré Barry, étudiant à l’université virtuelle de Kolda, est allé à la recherche des bœufs de son père. Depuis lors, il n’est jamais revenu. Selon une source digne de foi, l’étudiant a été tué par les voleurs de bétails, avant d’être enseveli dans une termitière en pleine brousse. 

L’ex maire de la commune de Niagha, Idrissa Baldé, soutient qu’il y a ‘’une insécurité galopante avec les propriétaires de troupeaux qui possèdent tous des armes pour se défendre’’. ‘’Faites un tour dans les villages situés le long de la frontière, vous verrez les propriétaires de troupeaux marcher dans les rues avec des armes en bandoulière’’, dit-il.

Implanter des cantonnements militaires le long de la frontière

Dans le département de Goudomp, le vol de bétail est sans répit et les populations réclament à l’Etat l’implantation de cantonnements militaires, le long de la frontière avec la Guinée Bissau. Parce que, disent-elles, ‘’nous souffrons énormément de la récurrence des vols de bétails, avec arme à feu. C’est la source de pauvreté et beaucoup sont aujourd’hui découragés de l’élevage et préfèrent migrer vers d’autres cieux paisibles’’.  ‘’Trop c’est trop’’, disent-ils.

En dehors de leurs troupeaux, les envahisseurs les dépossèdent de leurs terres. Au nez et à la barbe des autorités. De Niagha, à Goudomp, en passant par Yarakh, Simbadi Brassou, Djibanar, jeunes et vieux sont plus que jamais déterminés à faire face aux voleurs de bétail. Au prix de leur vie, si l’Etat persiste dans son attentisme. ‘’Nous en avons ras-le-bol. Jusqu’ici, notre silence s’explique par le refus d’une effusion de sang. Ce sont nos voisins. Mais, la situation commence à atteindre des proportions inquiétantes. Nous interpellons une fois plus les autorités locales et les autorités étatiques du Sénégal et de la Guinée Bissau de prendre cette question à bras le corps. Si rien n’est fait, nous n’hésiterons pas à riposter, avec toutes les conséquences qui en découleront’’, soutiennent les éleveurs rencontrés, à Niagha.

En attendant la réaction des deux Etats, les éleveurs s’organisent contre les razzias.

EMMANUEL BOUBA YANGA

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