Silence, on auditionne !

Affaire Ngoné Saliou Diop, les dossiers des apéristes Pape Mahawa Diouf et Pape Malick Ndour : la machine judiciaire s’est quelque peu emballée ce lundi. Mais, au final, entre la Section de recherches et la Division de la cybercriminalité, les principaux concernés ont connu des fortunes bien différentes. Même s’il paraît évident que d’autres rounds vont suivre.
Convoqué ce lundi, le coordinateur national de la Convergence des Cadres républicains a déféré à la convocation avant d’être finalement relâché à l’issue de son audition dans le cadre des enquêtes sur les violences politiques survenues entre 2021 et 2024. Réagissant après cette libération, Me El Hadji Diouf, avocat de Pape Malick Ndour, a affirmé que son client n’a jamais commis ni ordonné d’actes de violence. Devant les enquêteurs, ajoute-t-il, M. Ndour a demandé que des preuves concrètes lui soient présentées, convaincu de n’avoir pris part à aucune action répréhensible. L’avocat a confirmé le dépôt d’une plainte de son client contre les policiers qui l’ont arrêté à l’aéroport.
Rappelons que Pape Malick Ndour a été interpellé dans la nuit de samedi à l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD), alors qu’il s’apprêtait à embarquer dans un vol de Royal Air Maroc à destination de Casablanca. L’ancien ministre s’était vu notifier une interdiction de sortie du territoire. Même s’il sort indemne de cette première audition, il est fort probable que d’autres face-à-face suivent. Toujours est-il qu’il remporte cette première bataille.
L’opposition en soutien à PMN
Cette toute première manche de l’affaire Pape Malick Ndour a suscité la réaction de l’opposition. Thierno Bocoum, à travers une déclaration, a dénoncé le traitement réservé Pape Malick Ndour, estimant qu’il a été « brisé et humilié » dans une affaire qui, selon lui, aurait pu être gérée « avec calme et sérénité ». L’opposant regrette qu’on fasse fi du statut d’ancien ministre de Ndour ainsi que de ses droits fondamentaux de citoyen.
Évoquant également les cas de Badara Gadiaga et d’Abdou Nguer, toujours détenus, Thierno Bocoum voit en eux le symbole d’un « refus de la soumission face aux intimidations d’un pouvoir aux abois ». Il a, par ailleurs, remis sur la table la question de l’abrogation de la loi d’amnistie, qu’il juge contraire à une justice équitable. « Lorsqu’un président de la République et un Premier ministre obtiennent un non-lieu fondé sur une amnistie qu’ils prétendaient vouloir abroger, il devient indécent de faire preuve de zèle contre des citoyens ciblés », a-t-il déclaré.
Pour Thierno Bocoum, l’amnistie ne doit pas être une arme politique servant à protéger certains et à frapper d’autres. Il appelle à une justice impartiale, loin des règlements de comptes. « Sans impartialité, la justice perd son âme et devient un instrument de vengeance », a-t-il martelé. Si M. Bocoum s’est contenté d’un post pour s’insurger contre ce dossier, d’autres, comme le maire déchu de Dakar, Barthélémy Toye Dias, ont tenu à apporter un soutien physique à l’ancien ministre. Barth et PMN se sont même adonnés à une empoignade chaleureuse. Comme quoi, en politique, les choses ne sont jamais figées : elles sont en perpétuelle mutation.
Ngoné s’en sort bien
Pour la journaliste Ngoné Saliou Diop, malgré toute la tempête provoquée par ses propos jugés offensants, elle est rentrée libre après son audition. Soulignons que ce lundi, jour de son passage devant les enquêteurs, deux nouvelles plaintes ont été enregistrées. Elles émanent des Halpulaar de la diaspora et de l’Association internationale des Diawando, qui reprochent à Ngoné Saliou Diop des propos « jugés offensants et discriminatoires ».
Mamadou Diop