Une prévention par les femmes et les enfants
Le Sénégal est à 131 % d’accidents de la route par an, avec une perte économique de 77 milliards de francs Cfa. Selon l’Ong Laser International et le Réseau des parlementaires pour la sécurité routière, cela ne peut pas continuer. Les deux optent pour une prévention passant par les femmes et les enfants.
Au Sénégal, 13 % des cas d’accidents mortels concernent les enfants de moins de 18 ans (entre les véhicules et piétons). La commune des Parcelles-Assainies de Dakar, avec ses 30 000 élèves, est confrontée à plusieurs cas d’accident. Elle opte pour la prévention. Elle enregistre déjà six cas mortels, cette année. La voie de dégagement 2 serait la plus meurtrière. En attendant la construction de passerelles, le maire de la commune appelle les parents à la vigilance. A cet effet, elle a abrité, hier, le lancement d’un plaidoyer national imposant aux conducteurs une vitesse de 30 km/h aux abords des écoles. ‘’Nous demandons au président de la République de faire respecter aux chauffeurs une vitesse maximale de 30 km/h devant nos écoles’’. Tel est message des élèves de la commune.
Et pour justement favoriser un changement de comportement sur les routes, 15 000 enfants ont bénéficié d’une formation sur la sécurité routière, au Centre de sécurité routière pour enfants de la fondation Total. Une initiative qu’elle souhaite étendre aux jeunes et aux adultes, surtout qu’aujourd’hui, le Sénégal est à 131 % d’accidents de la route par an, avec une perte économique de 77 milliards de francs Cfa.
En outre, selon la Direction des transports routiers, sur 500 personnes décédées par accident, les 90 % sont causés par de mauvais comportements : conduite à grande vitesse, téléphone au volant et le non-respect des mesures de sécurité. Si les choses continuent sur cette lancée, il est prévu une augmentation de 65 %, à l’horizon 2030.
Pour lutter contre ce problème dans sa commune, le maire des Parcelles-Assainies, Moussa Sy, compte prendre des mesures fermes. ‘’Pas un jour ne passe sans que l’on nous signale un accident. Aujourd’hui, il urge de sensibiliser et de former les usagers au respect des règles de conduite. Il faut porter l’information aux élèves. Les chauffards seront sanctionnés à la mesure de leur infraction, parce que la vie humaine est sacrée’’, affirme-t-il. A l’en croire, l’occupation anarchique des trottoirs par les vendeurs est la cause de bon nombre d’accidents.
‘’Il est temps que les trottoirs soient rendus aux piétons. Ces espaces ne sont pas faits pour vendre. Nous prévoyons la pose de ralentisseurs et de barrières pour protéger les piétons’’.
Cependant, les syndicalistes du transport routier regrettent que ces commerçants détiennent des autorisations de vente de la mairie et paient même des patentes.
Les femmes au cœur de la prévention
Partant du fait que les femmes sont les plus prudentes sur les routes et de leur rôle dans la société, l’Ong Laser International et le Réseau des parlementaires pour la sécurité routière choisissent d’accentuer leur démarche sur les femmes. ‘’La recrudescence des accidents mortels induit la mobilisation de toutes les composantes de la société, mais plus particulièrement les femmes qui représentent plus de 50 % de la population. Mères, épouses, éducatrices, elles sont le pilier et l’épicentre de tous les enjeux de la vie. Il est donc impératif que les femmes soient formées et sensibilisent leur entourage, car quand on donne la vie, on se bat pour la préserver’’, a déclaré Awa Guèye, Présidente du Collectif des femmes parlementaires et membre du réseau.
Ainsi, les deux organisations entendent réduire de 50 % le taux des accidents au Sénégal, d’ici 2020, par la prévention. ‘’Femmes de tous les combats, femmes célèbres, femmes anonymes, engageons-nous toutes pour la sécurité routière’’, lance Awa Sarr, Directrice de l’Ong Laser.
EMMANUELLA MARAME FAYE