Les défis du système de santé

Au-delà des morts, des blessés et des souffrances laissées sur place, l'accident de Vélingara pose la lancinante question de l'organisation des premiers secours dans les zones périphériques.
“Les choses auraient pu être pires”. Ce sentiment du conseiller départemental, Amadou Athie, est partagé par plusieurs habitants de ce département situé au sud du pays, à la frontière avec la Guinée et la Guinée-Bissau. Deux aspects ont principalement contribué à la limitation des dégâts. D'abord, le lieu de l'accident, à quelques deux kilomètres de la commune de Vélingara, dans le village de Sarré Thialy, à la sortie de la commune, sur la route qui mène vers Kolda. Ensuite, il faut noter que ces dernières années, des efforts importants ont été faits par l'État, pour relever les plateaux techniques des hôpitaux de Tamba et de Kolda. Tout en saluant ces efforts, M. Athie estime que l'État doit faire plus d'efforts pour mettre à niveau des départements stratégiques comme Vélingara.
“Le département ne dispose pas d'un hôpital, mais juste d'un centre de santé, alors qu'il fait plus de 400 000 habitants, est frontalier avec trois pays (la Gambie en plus de la Guinée et de la Guinée-Bissau, NDLR) et il abrite d'importants événements comme le Daaka de Médina Gounass qui réunit chaque année des millions de pèlerins, des marchés hebdomadaires, dont Diaobé. Il mérite donc une plus grande attention et nous invitons les autorités à nous venir en aide”, plaide le conseiller départemental.
L'autre volet fondamental dans la prise en charge des premiers secours, c'est aussi la disponibilité du matériel roulant. Vu le nombre important de blessés, il a fallu un important dispositif, sous la coordination du médecin-chef départemental, pour faire face. Selon le conseiller départemental, ce dernier a su mobiliser non seulement les ambulances, mais aussi des pickups adaptés pour la circonstance, en sus des sapeurs-pompiers qui ont également été dépêchés à temps. “C'est vraiment toutes les équipes qui se sont mobilisées, avec l'appui des populations pour assurer aux blessés les premiers soins de qualité et de référer à temps. Cela a permis de minimiser les dégâts. Sinon, ça allait être plus catastrophique”, soutient l'élu local. Le seul bémol, insiste-t-il, c'est l'absence d'un hôpital de niveau 2, voire 3. “Si l’on avait un plateau technique adéquat, on n'aurait pas besoin de référer à Tambacounda ou Kolda. On aurait pu les prendre en charge sur place. C'est la raison pour laquelle nous appelons les autorités à nous aider à avoir un hôpital de niveau 2 ou même de niveau 3, vu le positionnement du département. Le centre de santé ne peut permettre de faire face à ces genres de situations”.
Outre le plateau technique et la rapidité de l'intervention, ce drame pose aussi la question des ressources humaines disponibles dans les zones périphériques. À ce niveau, les défis pour Vélingara restent surtout les spécialistes. “Nous avons des RH de qualité. Mais comme je le dis, cela ne suffit pas. Quels que soient leurs compétences et leur engagement, si les équipements ne sont pas disponibles, ils ne peuvent faire grand-chose dans certaines situations. Imaginez : chaque fois qu'on veut faire une radiographie, on est obligé d'aller jusqu'à Tamba. Nous ne disposons pas non plus de spécialistes ; il n'y a que des généralistes, des sages-femmes. Si l’on avait un hôpital, tous ces problèmes allaient être pris en charge. Le drame qu'on a connu, si c'était dans une zone un peu plus éloignée, aurait pu être plus grave”, se répète-t-il, soulignant la promptitude et l'efficacité de la réaction des personnels soignants et des pompiers.
Au-delà de ce cas d'école dans lequel le système dans le sud-est du pays semble plus ou moins avoir bien réagi pour limiter les dégâts, les mêmes difficultés se posent dans la plupart des zones périphériques, avec des établissements de santé peu préparés à faire face à certains types de drames. Aujourd'hui, on parle des accidents, mais cela aurait pu également être lié à d'autres catastrophes.