Trois jeunes Guinéens devant le tribunal correctionnel

Jugés hier, Fodé Kouroumah, Thierno Al Hassane Sow et Abdoul Ba sont trois jeunes Guinéens poursuivis pour offre ou cession de drogue. Ils ont comparu devant le tribunal correctionnel de Dakar. Pourtant, ils viennent de familles plutôt aisées, et les voilà dans le box des prévenus. Devant les magistrats, ils ont reconnu les faits. Ils disent avoir agi « pour se faire un peu d’argent, pour démarrer une activité ».
L’affaire démarre à Sicap Liberté, où les éléments de la Section de recherches de la gendarmerie reçoivent une information faisant état d’un trafic de drogue opéré par un petit groupe d’étrangers. Une surveillance est mise en place. C’est dans ce contexte que Fodé est interpellé, porteur de deux plaquettes de haschisch soigneusement emballées. Interrogé, il avoue tout. Il n’a ni tenté de fuir, ni nié. Il désigne ses deux compatriotes comme les instigateurs du projet. Selon lui, il devait écouler la marchandise chaque plaquette pour 500 000 francs CFA et toucher une commission de 30 000 francs.
Interpellés à leur tour, Thierno et Abdoul ne cherchent pas non plus à nier leur implication. Les jeunes hommes confirment que la drogue provient de la Guinée, transportée par les soins d’un certain Abdoulaye, leur fournisseur attitré. Le trio, qui n’a jamais été inquiété par la justice auparavant, semblait bien organisé malgré son amateurisme. Aucun des trois ne cachait vraiment ses intentions de vendre rapidement et encaisser un peu d’argent, puis passer à autre chose. Une sorte de tremplin vers un avenir qu’ils espéraient peut-être plus brillant.
Face à ces éléments, le parquet n’a guère eu besoin de forcer le ton. « Ils ont reconnu les faits depuis l’enquête, jusqu’à la barre. Ils savaient ce qu’ils faisaient. Le transport de la drogue à partir de la Guinée ne laisse pas de doute sur l’intention de s’inscrire dans un trafic transfrontalier », a affirmé le procureur. Initialement poursuivis pour trafic international de drogue, les trois jeunes ont finalement vu les faits requalifiés en offre ou cession de drogue. Le ministère public a requis trois ans de prison ferme contre chacun, assortis d’une amende de trois millions de francs CFA.
Du côté de la défense, le ton était plus grave, plus inquiet. L’avocat des prévenus n’a pas tenté de nier l’évidence. Il a insisté sur la sincérité, sur la jeunesse, et surtout sur l’idée que les trois garçons ont déjà payé une partie de leur dette en passant près d’un an en détention provisoire. « Ce sont des jeunes. Ils ont reconnu leur faute sans chercher à maquiller quoi que ce soit. Ils n’ont opposé ni résistance ni mensonge. Ils disent avoir voulu un départ, une mise de fonds pour investir dans une autre activité. Ce n’est pas une justification, j’en conviens. Mais c’est une explication », a plaidé la robe noire.
L’avocat a insisté sur la situation sociale des jeunes hommes qui sont issus de familles aisées, étudiants, loin de l’image classique du petit dealer poussé par la misère. Leur démarche, a-t-il laissé entendre, était plutôt celle de jeunes pressés de réussir, fascinés par l’argent rapide et sûrs de s’en sortir sans encombre. « Ils n’ont pas de passé judiciaire. Ils ont fait une bêtise. Mais ils peuvent changer. Ils ont appris, durement, pendant cette année passée en prison. Je sollicite une application bienveillante de la loi », a-t-il conclu.
Le tribunal, après avoir écouté toutes les parties, a mis l’affaire en délibéré. Le verdict sera rendu le 23 juillet prochain.
MAGUETTE NDAO