L’amant parle de vengeance
Traduit hier devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour viol sur mineure, détournement de mineure et coups et blessures volontaires, le nommé Mamadou Sow risque 2 ans dont 6 mois ferme. En attendant d’être édifié sur son sort, le prévenu crie à la vengeance.
Tout porte à croire que Mamadou Sow aurait pu éviter la prison, si après avoir mis enceinte sa copine de 17 ans, il n’avait pas épousé une autre fille. Car, c’est après son mariage survenu après l’accouchement de sa copine, le 3 mai dernier, qu’il a été traîné en justice pour viol sur mineure et détournement de mineure. Même l’avocat de la jeune fille a douté de l’existence du viol. Idem pour la représentante du Parquet, interloquée par le fait F. Keïta n’a pas été en mesure de préciser la date à laquelle elle a été violée. Dans un premier temps, la jeune fille a soutenu que le prévenu a abusé d’elle, en février 2012, avant d’avancer le mois d’octobre. Il s’y ajoute que, depuis son arrestation, Mamadou Sow a contesté les faits.
Ainsi, lorsqu’il s’est agi de décrire les circonstances du présumé viol, F. Keïta a semblé réciter une leçon. ‘’En revenant du dépotoir, il m’a entraînée dans un bâtiment en construction pour abuser de moi sous la menace d’un couteau’’, n’a cessé de répéter avec hargne et amertume la présumée victime. Se faisant son propre avocat, elle a déclaré avec force : ‘’ Il a gâché mes études et ma vie, donc je veux que la justice fasse son travail le concernant’’. Pour convaincre les juges, elle a allégué que le prévenu ‘’a été le premier et le seul homme, car elle est une fille rangée’’. Elle a ajouté qu'elle ne le connaissait pas.
Son présumé bourreau a livré une toute autre version. ‘’Je ne l’ai pas violée, mais j’ignore le nombre fois où nous avons couché ensemble, car nous sortions en cachette, depuis 2011’’, a confié Mamadou Sow. ‘’La plupart du temps, a-t-il indiqué, c’était dans un bâtiment en construction, mais la dernière fois, c’était dans sa chambre’’. Se faisant plus précis, il a soutenu que s’était aux environs de 1h du matin. Sa copine lui avait ouvert la fenêtre de sa chambre. Contrairement aux allégations de la victime, le prévenu a soutenu qu’il connaissait bien son accusatrice. Toujours d’après le prévenu, ce qui lui vaut ses déboires, c’est le fait qu’il ait épousé une de ses parentes, au lieu de F. Keïta. En effet, après avoir été informé de la grossesse de F. Keïta, il a pris en charge les frais médicaux de sa copine. ''J’achetais toutes ses ordonnances et même lorsque le bébé est décédé, mon père s’en était occupé’’, a avancé le prévenu.
''Elle m’a mordu au flanc''
''Ce n’est qu’après le décès de l’enfant qu’il est venu à la maison, parce que ses parents lui avaient formellement interdit de venir chez moi'', a fulminé la jeune fille. Des propos corroborés par sa mère qui a accusé le prévenu de ne s’être jamais occupé de sa fille. La dame Rokhaya Coly a également déclaré que le prévenu lui avait porté des coups, au cours d’une bagarre. Ce que Mamadou Sow n’a pas contesté. ''J’étais parti chez eux pour demander à un de ses fils pourquoi il s’en était pris à mon père. La dame m’a mordu au flanc. En me débattant, mon coude l’a atteint'', a-t-il expliqué. Fort de cet aveu, le conseil des parties civiles a réclamé la somme de 100.000 francs pour les coups et blessures infligés à la mère de la victime. Septique par rapport au viol, Me Emmanuel Diatta a réclamé la somme de deux millions, au titre de réparation pour le délit de détournement de mineure.
A son tour, la représentante du parquet a estimé que le détournement de mineure, ainsi que les CBV, prouvés par un certificat médical attestant d’une incapacité temporaire de travail de 15 jours, ne faisaient pas l’ombre d’aucun doute. C’est pourquoi Coura Mbissane Diouf a requis 2 ans dont 6 mois ferme et une amende ferme de 100.000 francs CFA. Car, pour elle, l’accusation de viol semble procéder d’une volonté de laver l’affront. La défense s’est inscrite dans cette logique, arguant que la victime ne pouvait supporter le mariage du prévenu avec une autre et la perte de son enfant. Fort de cet argument Me Samba Ametti a plaidé la relaxe pour le viol et même le détournement de mineure. Pour les CBV, le conseil du prévenu a sollicité la bienveillance, en évoquant l’excuse de provocation. Délibéré le 25 juin prochain.
FATOU SY