Farba Ngom convoqué le 27 février
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Dans le cadre d’une enquête relative au blanchiment d’argent, suite au rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), Farba Ngom a fait face aux juges d'instruction, ce jeudi. Le magistrat a décidé de libérer le maire d’Agnam, après ce premier face-à-face.
À la suite de la levée de son immunité parlementaire, le 24 janvier dernier, Farba Ngom a fait face au juge du premier cabinet du Pool judiciaire financier (PJF), hier. Il a été libéré après ce premier face-à-face avec les juges d’instruction, dans le cadre d’une enquête sur des activités suspectes de blanchiment de capitaux dont la valeur est estimée à plus de 125 milliards F CFA.
Maitres Moussa Bocar Thiam, El Hadj Amadou Sall (ancien ministre d’État), Antoine Mbengue, El Hadj Diouf, Alassane Cissé (éditeur, avocat), El Hadj Oumar Youm, Abdou Dialy Kane, Doudou Mbengue et Doudou Ndoye sont, entre autres, les avocats qui défendent Farba Ngom. ‘’Nous défendons la justice’’, a indiqué Me Doudou Ndoye qui estime qu’ils ne peuvent pas eux-mêmes expliquer de façon claire pourquoi leur client est poursuivi. ‘’Ce qu’on a pu voir avec le juge, on le verra avec notre client’’, a dit la robe noire.
En ce qui concerne le fond du dossier, il estime que cela relève du secret de l’instruction. ‘’Je ne le dirai pas et personne ne le fera. Nous sommes des hommes de droit ; nous respectons la loi’’, a-t-il expliqué.
Le maire d’Agnam et proche de l’ancien président Macky Sall, Farba Ngom, a été entendu pour la première fois par le Pool judiciaire financier dans le cadre d’une enquête sur un présumé blanchiment de capitaux portant sur 125 milliards de francs CFA.
Après cette audition, il est rentré chez lui, mais Me Doudou Ndoye a confirmé qu’il devra comparaître à nouveau dans quinze jours, soit le 27 février, devant le juge d’instruction.
Selon Me Baboucar Cissé, cité par Lesoleil.sn, ‘’le juge nous a reçus, mais il ne nous a pas posé de questions, car nous ne sommes pas encore dans la phase d’inculpation. Nous sommes plutôt dans la phase de discussion’’, a-t-il déclaré. ‘’Nous avons demandé au juge un break (une pause) pour pouvoir nous concerter et demander un report. C’est ce que nous avons fait et le juge nous a concédé un délai de 15 jours, c’est-à-dire jusqu’au 27 février, pour nous permettre de nous concerter avec notre client et d’y apporter les éléments qui nous permettront de mieux assurer la défense de ses intérêts’’, a-t-il ajouté.
Farba a pu rentrer chez lui après l’audition, car n’étant pas dans une position d’inculpation, comme l’a souligné Me Cissé.
Par ailleurs, si le juge a accepté d'accorder à la défense le délai demandé, c’est peut-être dû à l’absence d'enquête préliminaire. ‘’Il a été simplement convoqué et le juge a estimé que compte tenu du fait qu’il n’y avait pas d’enquête préliminaire et que c’est un rapport de la Centif qui a été directement transmis au juge d’instruction par le procureur, il était normal qu’il puisse donner du temps à la personne visée dans le rapport pour pouvoir s’expliquer et éventuellement répondre aux éléments contenus dans le rapport’’.
Ancien membre du PDS, Babacar Gaye a déploré le fait que l’Assemblée nationale a levé l’immunité parlementaire du maire d’Agnam ‘’sans connaître les motivations du gouvernement’’. Or, dit-il, cette immunité parlementaire protège l'institution parlementaire et non Farba Ngom. ‘’Il aurait fallu que l’Assemblée nationale eût tous les éléments qui puissent corroborer leur conviction, qui puissent faire de sorte qu’en enlevant l'immunité parlementaire de Farba Ngom, au moins qu’ils l'assoient sur des motivations qui nécessitent qu’il aille répondre à la justice. Cela n’a pas été fait’’, a indiqué M. Gaye. ‘’Aujourd'hui, ils ont tergiversé au moins pendant trois semaines. Ils viennent de le convoquer devant l’instruction du pool financier. Nous allons attendre les résultats obtenus’’, a-t-il ajouté.
Il estime que c’est un dossier politique soulevé par le Premier ministre. ‘’Le peuple est libre et n’acceptera jamais une dictature qui s’installe. La question politique qui a été soulevée par Ousmane Sonko, depuis l’élection législative, décidant que Farba allait définitivement cesser d'être un homme politique dans son Fouta, me semble être une décision politique qui a besoin d’une réponse politique’’, a dit Babacar Gaye.
Et selon lui, cette réponse doit être apportée par les démocrates et par tous les républicains. Ainsi, il demande aux soutiens de Farba Ngom et à l’opposition d’intensifier leurs activités. ‘’Tous ceux qui soutiennent Farba Ngom doivent comprendre ce qui est arrivé ce matin. Ça va s’intensifier. Il faut qu’il se prépare à faire face, à être plus rigoureux dans leur manière de poser une réplique politique, à cette option politique d’Ousmane Sonko d’emprisonner tous ceux qui ont géré ce pays avec le président Macky Sall. En s’attaquant d’abord à Farba, on s’attaque à Macky Sall parce que c’est l’un de ses fidèles, on s’attaque à la structure même de l’APR, on s’attaque à l'opposition de manière générale’’, a rappelé l’ancien membre du PDS.
Il souligne qu’ils sont en train de s’organiser dans le cadre du Front de défense de la démocratie et de la République. ‘’Comme naguère, ils l'ont fait en terrassant Diouf, Wade et récemment Macky Sall. Il est temps que les Sénégalais s’organisent et comprennent les enjeux de l’heure et la gravité du moment. Naturellement, ils terrasseront ce régime qui me semble installer une dictature dans ce pays’’, a ajouté M. Gaye.
Un peu de tension avec la mobilisation des soutiens de Farba Ngom
Il faut noter qu’à la fin de l’audition de Farba Ngom, ses soutiens se sont rassemblés pour manifester leur solidarité de façon remarquable. Mais les policiers se sont opposés à leur volonté et ont jeté du gaz lacrymogène, dispersant la foule composée principalement de personnes âgées vêtues de boubous traditionnels. Cette même tension a été notée au moment de l’arrivée du maire d’Agnam sur les lieux, avant le retour à la normale permettant un bon déroulé de l’audition.
Ensuite, pendant que l’accusé faisait face aux juges, les membres de l’APR et soutiens de M. Ngom, venus nombreux, se sont exprimés sereinement et en toute liberté sur la situation, sous le regard des forces de l’ordre. ‘’Notre présence va au-delà de la personne de Farba Ngom. On est venu pour l’APR, parce que Farba est le cœur du parti. On est aussi venu pour le Sénégal, parce que le pays est menacé, la justice est en train d'être vassalisée ’’, lance Fatoumata Sall.
Directeur politique de la Cellule d’appui et de veille stratégique (Cave) de l’Alliance pour la République (APR), Matar Guèye a, de son côté, poussé un ouf de soulagement. ‘’C'est avec un immense plaisir que nous avons vécu la première phase du combat pour la liberté et la libération de l'honorable Farba Ngom, agressé brutalement par le pouvoir’’, a-t-il déclaré, réaffirmant son soutien au député.
Pour lui, ce soutien est aussi celui de milliers d'hommes et de femmes membres de l’APR, de la société civile et des forces vives de la nation. ‘’Continuons et massifions la mobilisation jusqu'à la victoire totale !’’, a appelé Matar Guèye, demandant que Farba Ngom soit définitivement lavé de tout soupçon et que les autres camarades soient ‘’protégés et libérés de toutes les menaces’’.
BABACAR SY SEYE