L’église tire sur les caricaturistes : des non-chrétiens
La vague d’indignation suite à l’affaire ‘’Charlie Hebdo’’ continue de plus belle. L’Eglise du Sénégal invite au calme et à l’introspection. Elle dénonce, à travers une déclaration des Evêques, l’expédition mortelle de même que les attaques contre la religion musulmane qui ne portent pas les empreintes des chrétiens.
L’affaire Charlie Hebdo a pris une ampleur internationale qui ne laisse pas de marbre l’Eglise du Sénégal. Par la voix de ses Evêques, elle souligne que le journal satirique Charlie Hebdo n’avait pas le droit d’outrepasser les limites de la liberté d’expression. Dans ce texte, elle condamne ‘’avec véhémence cette liberté qui se veut illusoirement absolue, sans limites, en offensant et en manquant de respect à l’autre, dans sa dignité d’homme, dans ses choix, sa foi et ses convictions religieuses’’. S’alignant sur la position du Pape François qui affirme ‘’qu’on ne doit pas insulter la foi des autres, ni la tourner en dérision’’, les évêques estiment que Charlie n’avait pas le droit de jouer avec le feu.
Elle s’explique : ‘’La religion est une fibre très sensible. Ne jouons donc pas avec le feu ! C’est pourquoi, sans jamais entrer dans une logique de vengeance et de violence, nous dénonçons le caractère blessant de ces publications. C’est dans le témoignage du pardon, de la fraternité et de la paix que les croyants, guidés par les chefs religieux, peuvent rendre authentiquement compte de la vérité et de l’amour contenus dans la religion’’, disent les Evêques.
Ainsi, ils tiennent à éviter tout amalgame et dégager la responsabilité des chrétiens dans ces provocations gratuites. ‘’Les auteurs de telles caricatures ne peuvent et ne doivent, en aucune manière, être assimilés à des chrétiens agissant contre l’Islam, comme les réactions violentes survenues au Niger pourraient le faire croire. D’ailleurs, leur idéologie est très souvent dirigée contre la religion chrétienne, et plus particulièrement contre les catholiques’’, soulignent les religieux. C’est pourquoi, ils considèrent que cette explosion de violence ne doit en aucun cas remettre en cause la cohésion sociale dans plusieurs régions du monde, de même qu’entraîner un rejet ‘’des Français et d’autres personnes désireuses de vivre en harmonie avec leurs semblables’’.
L’Eglise du Sénégal invite donc à la retenue, à la réflexion et au calme en vue de ne pas attiser le feu au Sénégal encore moins de réveiller ‘’les démons de la division, de la haine et de la violence, comme nous l’ont toujours rappelé nos chefs religieux, musulmans comme chrétiens’’. Selon les Evêques, ‘’ce qui nous rassemble est plus important que ce qui peut nous différencier. Nos diversités religieuses et ethniques sont des richesses qui doivent contribuer à la consolidation de notre unité nationale’’, affirment-ils. Ainsi, pour préserver ce climat de paix, elle invite à ne pas céder ‘’à la pression des influences extérieures, qui pourraient fragiliser cet héritage précieux, remettre en cause les fondements de notre société, et hypothéquer notre développement’’.
Toutefois, les évêques du Sénégal tiennent à dénoncer ‘’avec force la violence meurtrière du terrorisme et du fanatisme de tous bords qui, sous le couvert de la religion, porte atteinte à la vie des hommes, au nom de Dieu. Ceci est inacceptable et incohérent, car la vie est un don sacré de Dieu, qui doit être respecté et protégé. Personne ne peut s’arroger le droit de donner la mort : « Tu ne tueras pas » (Ex 20, 13), c’est le cinquième Commandement de Dieu’’.
Matel BOCOUM