Publié le 30 Jan 2012 - 19:00
AFFAIRE DU POLICIER TUÉ

Comment le pouvoir compte casser Alioune Tine

Alioune Tine

 

C'est discrètement, aux environs d'une heure du matin, hier dimanche, que le Coordonnateur du M23 a quitté les locaux de la Division des investigations criminelles (Dic) à la rue Carde pour le commissariat central à la rue Thiong. ''Confié'' au commissaire central Arona Sy, le leader de la Rencontre africaine des droits de l'Homme (Raddho) a été ''jeté'', comme un vulgaire délinquant, dans une cellule d'une trentaine de prévenus. Une cellule aux dimensions imposantes qui ressemble bien à la fameuse cave de l'ancien Palais de Justice du Bloc des Madeleines de l'Avenue Peytavin. Célèbre pas seulement à cause de sa crasse mais aussi du fait qu'elle a été ''visitée'' par des célébrités et délinquants notoires.

 

 

C'est donc dans cette cellule où selon des sources concordantes, il arrive que des gardés à vue défèquent en pleine nuit ou urinent à même les carreaux, que le coordonnateur du M23 a passé la nuit, alors qu'habituellement, des personnalités de son rang sont gardées dans des cellules moins crasseuses de l'hôtel de ville. Alioune Tine a pu rencontrer sur ces lieux des jeunes qui auraient été victimes de tortures.

 

 

Comment le leader de la Raddho a été cueilli 

 

 

Avant de se retrouver entre les mains de la Police, Alioune Tine a dû jouer...au gendarme et au voleur avec les éléments de la Police judiciaire. C'est aux environs de 15 heures que huit policiers, dont un commissaire, des inspecteurs, des éléments de la Brigade d'intervention polyvalente (Bip), ont débarqué samedi, au domicile de l'avocat Me Boucounta Diallo, sis à Fass-Paillotte où se trouvaient le leader de la Rencontre africaine des droits de l'Homme, non moins coordonnateur du M23 et quelques amis du célèbre avocat.

 

 

Les policiers forcent l'entrée où étaient postés cinq gardiens de l'immeuble qui s'arrache sur 6 étages en surplombant tout le quartier. Ils arrivent au cinquième étage où M.Diallo tient un appartement qui lui sert aussi de bureau. Les policiers ne tardent pas à identifier physiquement Alioune Tine, en train de regarder la télévision en discutant avec Me Diallo et quelques-uns de ses amis présents sur les lieux.

 

 

Il trouvent sur place une table garnie de jus de fruits et de bouteille d'eau minérale. S'engagent alors des échanges assez houleux avec l'avocat qui n'a pas compris comment des policiers ont pu accéder jusqu'au salon de son appartement en forçant le barrage des gardiens. Les éléments de la Brigade d'intervention polyvalente s'approchent de Tine, dans une posture d'attente d'ordre de leurs supérieurs présents sur les lieux, pour embarquer le Coordonnateur du M23.

 

 

Les mises en garde de Me Diallo aux policiers

 

 

C'est alors que M Diallo commence à servir un cours de droit aux policiers, les mettant en garde contre toute violation des droits de M. Tine, s'il l'embarquait sans respecter les procédures. Me Diallo de leur demander s'ils avaient un mandat d'arrêt ou d'amener auquel cas ils se soumettraient à la loi.

 

Les policiers présentent une convocation de la Dic, avec la mention ''se présenter dès réception''. L'avocat de revenir à la charge pour leur faire comprendre que cela ne voulait point dire qu'ils devaient embarquer M Tine. Mais que cela signifie plutôt que Tine devait se rendre à la Police à la réception du document.

 

C'est finalement depuis le véhicule de Me Diallo que Tine va se rendre dans les locaux de la Dic où il arrive aux environs de 18 heures. L'avocat va rencontrer le boss de la Dic, le commissaire Idrissa Cissé, en lui présentant le ''paquet'' avec promesse de revenir lorsque son client sera entendu par la Police, qui voudra bien lui signifier la suite de la procédure.

 

 

Fodé Ndiaye n'avait pas encore quitté le Centre de formation

 

 

Les langues commencent aussi à se délier sur le cas du jeune policier tué lors des échauffourées qui ont accompagné la publication de la liste des candidats retenus à la Présidentielle de 2012. Il ressort en effet de nos investigations que Fodé Ndiaye faisait partie des jeunes auxiliaires de Police qui n'avaient pas encore quitté l'école de formation des éléments du Groupement mobile d'intervention (Gmi) à Thiès. ''Il était encore au Centre d'instruction et attendait d'être affecté'', révèle une source digne de foi.

 

 

Nos interlocuteurs de révéler qu'on l'a amené à Dakar ''pour servir de renfort''. Ce qui pose encore une fois, le lancinant problème des moyens au niveau de la Police.

Une autre information qui nous parvient est relative à la stratégie développée par le ministère de l'Intérieur, consistant à mettre ''dos à dos'' la Police et le M23, ''en occultant la responsabilité de l'Etat''. En tout état de cause, le dossier n'a visiblement pas livré tous ses secrets.

 

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