Publié le 16 May 2013 - 08:37
AFFAIRE OUSSEYNOU SECK

 Les trois policiers risquent 5 ans

 

Bâ Abdoul Niang, El Hadj Bopp et Ibrahima Diouf ont été placés sous mandat de dépôt depuis le 9 juillet 2012. Ils ont été inculpés pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort, sans intention de la donner. Ils risquent 5 ans de prison.

 

Le procès des policiers Bâ Abdoul Niang, El Hadj Bopp et Ibrahima Diouf s'est tenu hier. Ils sont accusés du meurtre de Ousseynou Seck et risquent 5 ans de prison ferme. Les trois prévenus sont accusés de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort, sans intention de la donner. Jugés hier, ils ont tous nié les faits. Revenant sur les faits, le policier Bâ Abdoul Niang a indiqué qu'ils étaient cette nuit-là de patrouille ''Arrivés à la Patte d’Oie, on a garé le véhicule. Le chef de brigade Bopp avait une information selon laquelle il y avait un trafiquant dans le coin. Comme l’occasion fait le larron, on en a profité''. Selon le flic, son supérieur Bopp lui a remis le numéro du trafiquant. ''Je me suis présenté sous le nom de Lamp. Lorsqu’il a confirmé, je lui ai donné rendez-vous derrière une cantine''.

 

 

Ensuite, poursuit Bâ Abdoul Niang, le jeune étudiant est venu. ''Lorsque je me suis présenté, il s’est dirigé vers moi et je l’ai pris par derrière pour le maîtriser. J’ai demandé à Diouf de le menotter. Comme il résistait, le chef de brigade l’a frappé aux membres supérieurs et inférieurs avec un bâton. Je ne l’ai jamais frappé'', a-t-il conclu. Cette version de l'histoire n'a pas du tout plu à son collègue policier qui l'a accusé de lui vouer une haine. Selon le chef de brigade Bopp, à aucun moment il n'a levé la main sur la victime. ''Moi je suis chauffeur. Abdoul m’accuse car il a une haine contre moi. Je n’avais aucun intérêt à frapper, car il (Ousseynou Seck) n’était ni violent, ni offensif. Quand je suis arrivé la main gauche était menottée, je ne l’ai pas frappé. Il était assis par terre'', s'est-il défendu.

 

Selon El Hadj Bopp, il a été informé par le nommé Birane Fall du trafic mené par Ousseynou Seck. Pour sa part, Mamadou Diouf, policier en service à la DAF, a indiqué avoir pris part à l'expédition sur la demande du chef de brigade Bopp, alors qu'il venait de garer son véhicule devant le commissariat. ''Au cours de l’opération, Abdoul a maîtrisé Ousseynou Seck par derrière et m’a demandé de sortir les menottes de sa caméra. J’avais une entorse de la main, donc j’ai mis une menotte à la main gauche uniquement. J’ai trouvé Ousseynou assis'', s'est-il défendu. Entendu à titre de témoin oculaire des faits, Mamadou Diouf a déclaré qu'il était au téléphone lorsqu'il a vu Ousseynou Seck avancer et le policier le suivre, avant de le ceinturer par derrière et de le jeter par terre. Lorsqu'il s'est avancé, il a entendu la victime crier : ''Woy rey na ma'' (Il m'a tué).

 

En effet, les faits se sont déroulés pendant la campagne électorale de 2012. Les deux policiers détachés à la brigade de recherches de la police de Grand-Yoff et leur collègue de la DAF ont voulu interpeller la victime âgée de 38 ans, présentée comme un trafiquant de chanvre indien. Au cours de leur intervention, les policiers l'auraient roué de coups. Puisque c’est dans un état critique qu’Ousseynou Seck a été rendu à sa famille, avant de rendre l’âme sur le chemin de l'hôpital.

 

''Les policiers ont outrepassé leurs prérogatives''

 

Le parquet représenté par le procureur Mamadou Bassirou Ndiaye a considéré cette affaire comme ''douloureuse''. Il a regretté que les prévenus aient outrepassé ''leurs prérogatives et agi dans l'illégalité''. D'autant plus qu'aucune drogue n'a été retrouvée sur le défunt étudiant. Mamadou Bassirou Ndiaye a parlé ''d'acte inutile'', avant de requérir 5 ans de prison ferme contre les policiers. À son tour Me Assane Dioma Ndiaye de la partie civile a enfoncé le clou en stigmatisant ''l'opération clandestine des prévenus''. L'opération, a-t-il laissé entendre, n'était connu ni du commandant de brigade, ni du commissaire et ne figurait pas sur le registre du commissariat.

 

Selon Me Ndiaye, la famille ne réclame rien et veut uniquement que leur fils soit rétabli dans son honneur, sali par cette accusation de trafic de drogue. Poursuivant sa plaidoirie, Me Ndiaye a une fois de plus demandé que l'État du Sénégal soit mis en cause, puisque les policiers, selon lui, étaient dans l'exercice de leur fonction. Pour le préjudice, il a réclamé 50 millions de F Cfa. Ce que l'Agent judiciaire de l'État n'a pas entendu de cette oreille, en affirmant que l'État ne va pas s'engager. Selon l'AJE, les policiers avaient la possibilité de refuser de procéder à des interpellations s'ils jugeaient l'ordre illégal. Ce qu'ils n'ont pas fait. Également, il considère que les policiers ont outrepassé leur fonction.

 

L'avocat de la défense Me Babacar Camara a lui considéré que les policiers étaient dans la légalité en procédant à l'arrestation du jeune Seck, en tant qu'agents de recherches appelés à faire des interpellations. Il a parlé de mission légale commandée par l'information donnée par leur indicateur. Ainsi, l'avocat s'en est pris aux supérieurs des policiers qui, à ses yeux, n'ont pas assumé leurs responsabilités de protéger leurs subordonnés. Il a demandé la relaxe de ses clients. Me Domingo a ajouté que son client Mamadou Diouf, détaché à la DAF, n'a agi que sur la demande du commissaire pour aider ses collègues. À ce titre, il n'a pas joué de rôle décisif dans la mort de Ousseynou Seck. Il a demandé qu'il soit relaxé ou à défaut, au bénéfice du doute. Le délibéré est prévu le 25 juin 2013.

 

 

Gaston COLY

 

 

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