Les dessous d'une plainte à Paris
L’affaire de l’ardoise de quelque 230 millions F Cfa laissée par Me Abdoulaye Wade à la société de location de voitures de luxe Accompagnement Service, dont le gérant est Olivier Marqueze-Pouey, a fait grand bruit, hier mardi, dans la presse au Sénégal.
Mais des zones d’ombre existent dans ce dossier, au regard des relations particulières qu’entretiennent Olivier Marqueze-Pouey avec l’ancien président de la République du Sénégal et sa famille. C’est comme si on voulait couvrir de brouillard le rôle que M. Marqueze-Pouey pourrait jouer dans la traque des biens mal acquis entreprise par le pouvoir sénégalais.
Il est assez difficile de croire aujourd’hui que, pour 350 000 pauvres euros – du moins à l'échelle de la galaxie Wade et satellite - l’ami de longue date Olivier Marqueze-Pouey puisse traîner l'ex-président de la République sénégalaise devant le tribunal de Versailles pour se faire rembourser. Car, comme il l’a bien dit lui-même, ce monsieur a si longtemps évolué dans l’intimité des Wade qu’on le voit mal agiter un procès à l’encontre de l’ex-chef de l'État.
Surtout qu’on imagine mal Abdoulaye Wade avoir des difficultés pour éponger une dette d’un tel montant, quand on sait comment il jonglait avec les millions qu'il les laissait choir dans les poches de ses multiples visiteurs au Palais de l’avenue Senghor, à Dakar, ou dans les mains de ses collaborateurs, ministres et autres dignitaires de son défunt régime.
Pour dire que Olivier Marqueze-Pouey est un proche de Wade et de sa famille, d’aucuns disant même qu’il serait apparenté à Mme Viviane Wade. En tout cas, toutes les activités des Wade en France lui sont connues, puisque si lui conduisait la voiture utilisée par le vieux président, l’accompagnant dans tous ses déplacements, les enfants de ce dernier, Karim et Sindiély, bénéficiaient d’un service à la carte de la part d’Accompagnement Service.
Aussi, certaines personnes, proches des services secrets français, qui fouillent dans les affaires des Wade pour le compte de l’État du Sénégal, voient dans cet article paru dans le journal ''Le Parisien'' du 22 avril comme un grand écran de fumée destinée à brouiller des pistes. D’autant que cet organe de presse, en même temps que l’avocat de Transparency International, Me William Bourdon, avait fait à un certain moment l’objet d’une plainte de Wade père et fils.
Le Parisien avait publié une interview dans laquelle l’avocat avançait que la traque des biens mal acquis pouvait toucher Abdoulaye Wade et que son fils Karim était propriétaire d’un appartement à Paris estimé à plusieurs millions d’euros. Nos interlocuteurs croient savoir que la manœuvre de Olivier Marqueze-Pouey consiste à faire croire qu'entre lui et les Wade rien ne va plus, alors qu’il pourrait être appelé à répondre, dans le cadre du volet français de l’enquête sur les biens mal acquis, sur ses rapports particuliers et très intimes avec les Wade. Comme quoi, il y a anguille sous l'article du Parisien.