Le directeur de la Mac de Thiès veut l’agrandissement du local des femmes
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Les conditions de vie des 29 détenues de la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Thiès pourraient être améliorées, si le seul local dans lequel elles s’entassent fait l’objet d’aménagement. Le directeur de la Mac compte s’y atteler.
La surpopulation carcérale est très mal vécue par les femmes. A Thiès, la Mac, d’une capacité d’accueil de 600 détenus, en accueille 1 120, à la période d’hier. Toutes les détenues passent la nuit dans une même cellule. D’une capacité d’accueil de 30 personnes, ce quartier des femmes, inauguré le 8 décembre 2017, accueille actuellement 29 détenues. Le directeur de la Mac de Thiès, l’inspecteur Mandiaye Ndiaye, s’en réjouit et entend faire de l’amélioration des conditions des détenues de Thiès son sacerdoce.
‘’Depuis que je suis arrivé à la tête de la Mac de Thiès (le 8 mars 2018), elles n’ont jamais dépassé le nombre de 30. Les femmes sont des détenues particulières. Impérativement, elles doivent être séparées des hommes. Et à l’intérieur du quartier des femmes, il y a un local exclusivement dédié aux détenues enceintes et celles qui ont leurs enfants’’, s’est-il enthousiasmé au terme d’une visite effectuée par la délégation du Haut-commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme, l’Observateur national des lieux de privation de liberté et l’Association des juristes sénégalaises.
Conscient des difficultés que rencontrent les détenues, le directeur de l’établissement carcéral de la cité du Rail soutient que, pour venir à bout de ces problèmes, il faut penser à diviser le quartier des femmes en plusieurs cellules, de manière à séparer les coupables des prévenues. ‘’Actuellement, c’est un seul local, avec une grande chambre. L’idéal serait qu’il y ait deux ou trois chambres séparées. Conformément aux textes, les condamnées (10) doivent être séparées des prévenues (19). Celle qui est jugée coupable et la présumée innocente ne doivent être ensemble’’, reconnait l’inspecteur Ndiaye.
Thiès, ‘’l’eldorado’’
Outre leurs conditions, Mandiaye Ndiaye a évoqué la question relative à l’alimentation des détenues. Pour ce cas précis, il renseigne que des efforts ont été consentis par les autorités étatiques. D’après lui, il faut plutôt penser à combler le déficit infrastructurel et, au besoin, renforcer les produits hygiéniques pour les détenues. ‘’Je puis vous assurer que beaucoup de choses ont été améliorées. Ici, les détenues mangent bien. Les repas sont servis en qualité et en quantité. C’est peut-être au niveau des infrastructures qu’il y a des choses à améliorer. Les femmes ont aussi besoin, en permanence, des serviettes d’hygiène, du savon et des détergents hygiéniques. En revanche, pour l’alimentation, nous ne pouvons que nous réjouir’’, a révélé le directeur de la Maison d’arrêt et de correction de Thiès. Ce dernier rappelle d’ailleurs que les infractions les plus fréquentes chez les femmes sont, entre autres, le trafic de drogue, les coups et blessures volontaires et l’infanticide.
Les autorités pénitentiaires de la capitale du Rail travaillent davantage à l’amélioration des conditions de vie des détenues. En revanche, des avancées notoires ont été consenties à Thiès par rapport à Tambacounda ou encore Kolda, reconnaît une source qui a fréquenté les maisons d’arrêt et de correction pour femmes de ces deux régions et qui a pris connaissance de leurs difficultés quotidiennes. Pour notre interlocuteur, comparée à d’autres régions, Thiès est un ‘’eldorado’’. Une opinion corroborée par l’analyste des programmes au Haut-commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme. ‘’Chaque prison a sa spécificité. Par exemple, à Tambacounda, nous avons constaté une surpopulation. Il y a deux cellules, et chacune compte 14 détenues. Les cellules ne sont pas spacieuses. Et avec la chaleur, ça sera compliqué. L’aménagement n’est pas des meilleurs’’, dénonce Aminata Kébé qui souligne, par contre, que les longues détentions préventives ‘’n’existent pratiquement pas’’.
A Thiès, les détentions préventives persistent. Mais des progrès ont été notés avec l’aménagement du quartier des femmes. ‘’Celui-ci est assez spacieux avec des ventilos et un espace pour les femmes avec des enfants. Cela a été également une forte recommandation incluse dans les rapports de 2015. Il y a des avancées que nous saluons. Nous pensons que cela peut être effectif, parce qu’il y a une volonté politique. Des écarts ont été comblés. Nous avons bon espoir que ces difficultés vont être résolues’’, a poursuivi Mme Kébé.
GAUSTIN DIATTA (THIES)