La jeunesse claque la porte
C’est un vent de rébellion qui est en train de souffler dans l’un des plus symboliques bastions de l’APR de la région de Matam. Des jeunes ‘’apéristes’’ de Thilogne, militants de la première heure, regroupés autour du mouvement Foyré Bamtaaré, ont claqué la porte du parti au pouvoir, à cause d’un bilan vierge du régime dans le domaine de l’emploi des jeunes.
L’étiquette de ‘’Titre foncier de Macky Sall’’ collée à la région de Matam parait galvaudée, si l’on se fie aux récentes péripéties qui ont suivi le grand meeting organisé par les responsables politiques locaux de l’APR. Les manifestants ont quasiment empêché la tenue du meeting départemental de Matam au stade régional, pour obliger les organisateurs à improviser une marche. Cette tendance hostile au régime s’est confirmée dans la commune de Thilogne, ville située à 50 km au nord de Ourossogui où la jeunesse a officiellement scellé son divorce d’avec Macky Sall.
En effet, selon les dissidents, la situation socio-économique de la commune de Thilogne n’a connu aucune évolution, depuis l’accession du président de l’APR à la magistrature suprême. ‘’Étant des militants de l’APR, des jeunes qui ont œuvré dans le parti, des jeunes qui se sont battus corps et âme pour mettre Macky Sall à la tête de ce pays, précise d’emblée Papa Pierre Diop. Ce sont des jeunes qui, depuis 2012, en compagnie des leaders de Thilogne, ainsi que ceux du département de Matam, ont toujours contribué à l’élection et à la réélection de Macky Sall. Lorsqu’on accompagnait Macky Sall, c’était dans le but de l’aider à réaliser son projet. Le programme de Macky Sall, qui reposait principalement sur deux axes : les financements des femmes et la création d’emplois pour les jeunes. On a cru à ce programme. C’est ainsi que les jeunes de Thilogne ont soutenu Son Excellence Macky Sall. Mais de 2012 jusqu’à présent, la jeunesse thilognoise n’a pas bénéficié de l’emploi des jeunes et les femmes n’ont pas de financement’’, a rappelé le président du mouvement Foyré Bamtaaré.
2 000 emplois à Agnam et 2 à Thilogne
Lors de leur dernière rencontre avec leur base, les responsables avaient mobilisé plus de 100 millions. Une démarche qui aurait été, pour les jeunes, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. ‘’Après les élections de 2019 où Macky Sall avait obtenu un très beau résultat, nous attendions des leaders un retour pour féliciter les jeunes, les femmes et les Foutankés qui se sont engagés pour la réélection de Macky Sall. Mais, malheureusement, depuis cette date, nous n’avons pas eu droit à un retour. Et à notre grande surprise, ces leaders qui n’ont jamais œuvré pour l’épanouissement de la jeunesse, ont attendu le moment de pleine pandémie à coronavirus, sous la houlette de celui qui se fait appeler le ‘Baye Fall de Macky’, en l’occurrence l’honorable député Farba Ngom, pour organiser une rencontre avec les militants. Et même durant cette rencontre, au lieu de nous parler d’emploi pour les jeunes et de financements pour les femmes, ils se sont contentés de nous dire juste qu’ils soutenaient le président dans les prolongements de l’affaire Sonko-Adji Sarr. Ainsi, nous décidons de suspendre toutes nos activités au sein du parti APR’’.
La cassure entre les responsables politiques de Thilogne et les jeunes est devenue saillante. En effet, Agnam, qui est une commune dirigée par Farba Ngom et qui est située à 5 km de Thilogne, a pris son envol avec des infrastructures de toutes sortes, au moment où Thilogne et son titre honorifique de ‘’Salndu Fouta’’ (pilier du Fouta) stagne. Le maire des Agnam, qui fait office de coordonnateur départemental de l’APR aurait fait la part belle aux jeunes de sa commune, avec plus de 2 000 emplois.
‘’Farba Ngom s’est permis de dire devant les micros qu’un leader se bat pour sa localité. Et avec la faiblesse des leaders de Thilogne, il s’est permis de dire qu’il a octroyé 2 000 emplois à Agnam, alors que Thilogne n’en a eu que deux. Il s’agit là d’une injure à l’endroit des leaders de Thilogne’’
Le basculement de ces jeunes dans le camp de l’opposition risque d’être un gros caillou dans les chaussures des responsables politiques qui ont toujours vanté que la région de Matam est une forteresse imperméable à l’opposition.
Djibril Ba