Publié le 3 Jan 2018 - 23:08
APRES LE REPORT DE L'AUDIENCE DU 14 DÉCEMBRE

Magatte Diop dessaisi, un autre renvoi à l’horizon 

 

Le procès du maire  de Dakar reprend aujourd’hui en audience spéciale. Celle-ci pourrait toutefois déboucher sur un nouveau report puisqu’un nouveau juge, Malick Lamotte, président du Tribunal de grande instance de Dakar, prend la place de Magatte Diop.

 

L’affaire de la caisse d’avance de la Ville de Dakar sera désormais jugée par Malick Lamotte et non par Magatte Diop. Le président du Tribunal de grande instance de Dakar, qui a déjà en charge le dossier de l’imam Ndao, relaie celui de la 2eChambre correctionnelle de Dakar, devenu son assesseur, ‘‘pour une sérénité des débats’’, annonce un avocat du pool de la défense.

Ces derniers contactés par téléphone parlent plutôt de ‘‘dessaisissement’’ et trouvent, en la personne du nouveau  juge, quelqu’un ‘‘d’équilibré, avec une grande expérience des grands dossiers politiques comme dans le cas Amath Dansokho pour diffusion de fausses nouvelles contre Wade’’, déclare une robe noire. Le juge Sy de la 3e chambre sera l’autre assesseur qui complète le trio. Une donne qui change et qui risque d’être un motif au report de l’audience d’aujourd’hui. ‘‘On va vers un renvoi car c’est la première fois que le président Lamotte prend le dossier. Les avocats de l’Etat vont s’opposer à coup sûr mais le dernier mot revient au président’’, poursuit l’avocat.

La défense du maire de Dakar est également dans les dispositions d’un renvoi puisque le dossier n’est pas encore en état, d’après eux, à l’image de la communication de la liste des témoins. Par ailleurs, ils n’ont pas manqué de tacler le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, en lui adjoignant de descendre sur le terrain ‘‘au lieu de se contenter des conférences de presse et d’envoyer ses substituts au front, même si le parquet  est indivisible’’, réclament-ils.

Une salle 3 exiguë et un dossier en état, réclamé par la défense, avaient motivé le premier renvoi, le 14 décembre dernier. Un autre problème demeure également en suspens pour la défense du maire de la capitale puisque la constitution de Me El hadji Diouf a été rejetée par les avocats de l’Etat. La passe d’arme entre l’agent judiciaire de l’Etat Antoine Diome et la robe noire, lors de la précédente audience, laisse planer un problème de procédures et une sérieuse option de report. ‘‘Aucun juge ne peut différer la constitution d’un avocat. C’est inédit. Si vous me le refusez, ‘Bilahi’ je vais porter plainte contre le tribunal’’, avait tonné Me Diouf. Un différend qui pourrait repousser, ou à tout le moins, retarder considérablement la tenue des débats. Le procès sera délocalisé à la salle 4, qui compte 1 500 places. Au vu de la précédente mobilisation des supporteurs de Khalifa Sall, il est étonnant que cette disposition ne fût pas prise un peu plus tôt.

 Khalifa Sall fait face au juge quatre jours après que le Parti socialiste l’a exclu de ses rangs où il occupait le poste de Secrétaire national chargé de la vie politique.  Aujourd’hui, c’est donc avec un titre en moins que l’édile de Dakar se présente à la barre pour ce qui pourrait être le tournant de sa carrière politique. Celui qui est crédité d’une bonne cote d’adversité contre le président de la République pourrait constituer un binôme de perdants (avec Karim Wade), ou alors endosser de nouveau les habits de présidentiable. Il devra surtout entamer une reconquête car en son absence, les forces dissidentes qu’il a bien su entraîner jusque-là se sont désagrégées, entraînant la perte de son plus grand actif politique qu'est le département de Dakar. 

OUSMANE LAYE DIOP  & FATOU SY

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