Publié le 1 Jun 2015 - 10:36
ARRÊT USINE DE KEUR MOMAR SARR, SERIE DE DELESTAGES…

Le week-end sec et sombre des Dakarois

 

Les robinets n’ont pas coulé dans certains quartiers de la capitale depuis vendredi dernier. Des perturbations dans la distribution en eau qui font rejaillir le spectre de la pénurie d’il y a moins de deux ans. Pour la Sénégalaise des Eaux (Sde), la maintenance de la Senelec, à Sakal, est à l’origine de ce dysfonctionnement. Dans les cités nouvelles (Nord-foire, Diamalaye, cité Bceao, Djily Mbaye...), les résidents trinquent.

 

Le pic croissant de consommation énergétique en cet été débutant fait-il déjà détraquer les machines de nos sociétés nationales, d’eau et d’électricité  (Sde et Senelec) ? Ce week-end sec et sombre est-il l’avant-première d’un sketch qui a tendance à se jouer en période de forte canicule ? Certainement pas, si l’on en croit au communiqué de la Sde sur le manque d’eau. ‘’Les perturbations seront dues aux travaux de maintenance annuelle de la Senelec sur le poste haute tension de Sakal qui assure l’alimentation électrique des principaux centres de production d’eau. A cause de ces travaux, les unités de Dakar, l’usine de Keur Momar Sarr, les forages de Kelle-Kébémer et du littoral nord seront à l’arrêt’’, indique le communiqué passé en boucle toute la semaine durant.

 Le message est clair, mais rien qu’à l’évocation de Keur Momar Sarr, les gens se montrent moins confiants voire totalement méfiants par rapport à cet avertissement. ‘’Rappelez-vous  la pénurie d’eau d’il y a deux ans. Ils (les gens de la Sde) avaient dit que le liquide allait revenir au bout de deux ou trois jours. Finalement nous étions restés plus d’un mois, les robinets à sec’’, déplore Abdou Diop.

 Le visage en sueur, le débardeur blanc tout aussi trempé, il actionne la pompe manuelle qui se trouve à la cité Djily Mbaye. Une dizaine de bidons  jaunes déjà remplies sont rangées dans la benne de son pick-up blanc. Ce jeune fonctionnaire locataire s’insurge déjà contre le premier manquement dans la communication de la Sde. ‘’Ils avaient dit que la coupure surviendrait samedi, alors que les robinets ont été fermés la veille, le vendredi’’, déplore-t-il essayant de contrôler une pointe de colère qui pointait dans sa voix rauque. Ce week-end n’aura pas été incommode que pour lui. Il rappelle à bien des égards les mauvais souvenirs de juillet à septembre  2013 où bidons, bouteilles plastiques, seaux étaient les accessoires-surprises d’un été finissant.

Avant-hier, Samedi passé, la capitale offrait par endroits des scènes dignes d’une carte postale rurale. De longues files de personnes patientaient devant les pompes, à la quête du liquide précieux. A la cité Diamalaye, le grincement aigu des rouages d’une pompe à eau se fait entendre dès que l’on franchit le portail vert de la mosquée qui l’abrite. Derrière la bâtisse des toilettes, hommes, femmes, enfants, de tous âges, attendent  leur tour pour puiser l’eau. Ce point de ravitaillement n’est pas le seul, mais est toujours pris d’assaut par les habitants à chaque pénurie.

Certains se sont levés très tôt pour se procurer de l’eau. ‘’Je suis là depuis la prière du matin, c’est-à-dire aux environs de 6 heures. Nous sommes prises de court car la coupure était supposée avoir lieu samedi et non vendredi’’, déclare Abibatou Sané, accompagnée de ses enfants pour transporter seaux et bidons. Pour parer au plus pressé, certains proposent une limite de trois seaux maximum par personne pour le remplissage. Ils se sont toutefois heurtés au refus des premiers venus qui ne veulent même pas en entendre parler. Et ils ont obtenu gain de cause, sans plus d’opposition.

Ces eaux de ‘pompage’ utilisées pour des besoins domestiques ; les boutiquiers se frottent les mains en écoulant des stocks d’eau en sachet, ainsi que de l’eau minérale, qui avaient pris poussière dans leurs magasins. Le dispositif de camions-citernes promis par la Sde pour ‘’soulager les populations des quartiers les plus impactés par ces travaux’’ ne sont pas parvenus dans cette zone.

 Les résidents des cités nouvelles n’ont pas d’autres choix pour la boisson que de se tourner vers les boutiquiers.  ‘’Je viens de faire une nouvelle commande car mon stock est épuisé. Les gens se bousculent pour avoir l’eau’’, déclare Yoro Diallo qui tient son négoce en face du dancing ‘Yengoulène’. Dans cette zone où l’eau est un luxe, même en temps normal, le pack qui naguère coûtait entre 800 et 900 FCfa est miraculeusement passé à 1000 francs dans les boutiques en l’espace de deux jours. Une situation que déplorent des clients, qui ne se sentent toutefois pas d’humeur à ergoter sur une hausse de 100 ou 200 francs, ‘’pourvu que cette ‘sécheresse’ ne dure pas’’, concède Ibnou Sy, un résident. Une situation, justement qui devait revenir à la normale depuis hier, selon le communiqué de la Sde.

Des coupures d’électricité de plus de 5 heures de temps

Ces perturbations de la distribution d’eau auraient pu passer si l’électricité ne s’en était pas mêlée. D’ailleurs, elle est à l’origine de ce ‘dysfonctionnement’ hydraulique, selon la Sde. Des coupures par roulement qui ne sont pas sans rappeler les longues séries d’obscurité de 2012-2013. Le jus qui était disponible de 13 à 19 heures passées, s’est fait désirer jusqu’aux environs de minuit, où il est revenu pour disparaître moins d’une heure plus tard. La soirée du samedi a été cauchemardesque surtout pour les amateurs de foot qui se délectaient déjà des affiches finales de leurs clubs préférés.

‘’La Senelec a bien choisi son moment pour nous mettre dans les ténèbres’’, ironise Toldo, un jeune supporter du FC Barcelone qui regrette ne pas avoir suivi la finale de la Coupe d’Espagne. Mor Fall,  quant à lui, à des préoccupations plus pratiques. ‘’Si on doit être dans l’obscurité, qu’on ne nous laisse pas mourir de soif et vice-versa. A ce siècle, on aurait déjà dû dépasser ce stade ’’, déplore-t-il.

Ousmane Laye Diop

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