Publié le 16 Jan 2025 - 13:48

Revenir à Lumumba, Mulélé, Kabila pour mettre fin au Genocost en RDC

 

La tragédie du pays dont Franz Fanon disait que « l’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette se situe au Congo » est un long fleuve macabre sanguinolent qui perdure depuis l’assassinat du père de son indépendance.

Comme l’écrit Tony Busselen du Parti du Travail de Belgique (PTB) : « Depuis que les joueurs de l’équipe nationale de football de la RDC, lors de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en février 2024, ont tous placé une main devant la bouche en pointant l’autre main sur la tempe, mimant un revolver, ce geste est devenu le symbole repris par des millions de jeunes Congolais pour dénoncer ce qu’ils appellent le Genocost. Le mot est une combinaison des mots « génocide » et « coût », soulignant l’idée que les atrocités commises contre la population congolaise sont motivées par des intérêts économiques, notamment l’exploitation des ressources naturelles du pays par des puissances étrangères et des multinationales.

Le peuple congolais est victime d’agressions depuis maintenant 26 ans. Une période de cinq ans d’occupation (1998-2003) par les armées rwandaises et ougandaises des deux tiers de ce pays immense a été suivie de plusieurs rébellions à l’est du pays. Les Congolais vivent, de ce fait, dans une situation de déstabilisation et de guerre permanente. Le nombre de victimes est estimé à un minimum de 6 millions de morts et le nombre de déplacés internes a varié de 1,7 million en 2005 à 6,4 millions en 2023. Cette déstabilisation est une des causes de l’affaiblissement, voire de la disparition des infrastructures essentielles du pays. Le nombre de Congolais qui se trouvent en insécurité alimentaire augmente de plus en plus rapidement : de 7,5 millions en 2016 à 26,4 millions en 20231.

Cela fait de la guerre au Congo un des conflits les plus longs et meurtriers depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et pourtant, c’est plutôt une guerre oubliée qui n’attire que rarement l’attention de nos médias, sauf lors des vagues de violences extrêmes. Le monde entier connaît, à travers les rapports des experts de l’ONU, la responsabilité du Rwanda et de l’Ouganda dans cette guerre. Les rébellions pro-rwandaises qui se sont succédé depuis août 1998 jusqu’à aujourd’hui (RCD, CNDP, M23) n’ont été possibles que grâce à l’appui direct des armées rwandaises et ougandaises sur le sol congolais. Mais, contrairement à l’Ukraine, le Congo ne reçoit pas d’aide militaire massive et le Rwanda ne subit que rarement des sanctions mineures ».

En effet, Patrice Lumumba, Pierre Mulélé et Laurent D. Kabila ont été assassinés parce que leur vision était que « L’indépendance politique étant conquise, nous voulons maintenant l’indépendance économique » (Lumumba). C’est-à-dire que les immenses richesses du sous-sol et du sol de la RDC devaient revenir non aux Monopoles impérialistes de l’Eurafrique et de l’usafrique mais au peuple congolais.

Les impérialistes ont imposé comme président le Maréchal Mobutu, le plus grand tueur de congolais après la colonisation belge, assassin avec le séparatiste Tshombé de Lumumba puis de Mulélé, agent patenté de la CIA, conciliateur avec l’apartheid sud-africain et déstabilisateur des luttes d’indépendance de l’Angola, de la Namibie, du Mozambique et du Zimbabwe. Ils lui ont confié le rôle de prédateur subalterne des immenses richesses de ce « scandale géologique minier » qu’est la RDC durant plus de 30 ans.

Auparavant contre Lumumba, les impérialistes ont orchestré des tentatives de sécession avant de reprendre la même option séparatiste contre Kabila père qui perdure après son assassinat jusque de nos jours. C’est ce que confirme Tony Busselen du PTB en citant « Ed Marek, analyste américain du pays le plus important de cette période, publie un site web sous le nom d’abord de ‘’Zaïre Watch’’ puis de ‘’New Congo Net’’. Il explique début février 1998 la déception des Américains : ‘’Le gouvernement de Kabila adopte une attitude indépendante à l’égard de l’Occident… Nous sommes extrêmement déçus. Ce n’est certainement pas ce que nous envisagions lorsque nous avons tenté d’éliminer Mobutu du paysage politique zaïrois’’ ».

Ces spoliateurs impérialistes ont trouvé des laquais africains, Kagamé du Rwanda et Museveni de l’Ouganda, pour fomenter depuis deux décennies une occupation pillage par milices ethnicistes interposés l’est de ce pays de plus de 2 millions de km² et près de 100 millions d’habitants.

Après avoir cité Robert Stewart, ancien président de la multinationale American Mineral Fields qui déclare lors d’une conférence de presse à Bruxelles avoir « des plans pour chasser Kabila », Tony Busselen raconte que « Le 26 juillet 1998, Laurent Kabila, averti par les services de renseignements cubains, échappe à son retour de Cuba à un coup d’État qui se transforme rapidement en une guerre d’agression inspirée par les États-Unis et exécutée par le Rwanda et l’Ouganda, devenus des proches alliés des Occidentaux. Cette guerre va durer cinq ans jusqu’en 2003 et diviser le Congo en trois espaces indépendants : un espace à l’est contrôlé par l’armée rwandaise, un espace ou nord du pays contrôlé par l’armée ougandaise et un espace à l’ouest contrôlé par le gouvernement de Kinshasa. Cette situation prendra fin à cause de la résistance du peuple congolais… ».

En effet, la défaite de l’agression rwando-ougandaise de 1998 échoue aussi en raison de la solidarité militaire panafricaine du Zimbabwe de Robert Mugabe et de l’Angola du MPLA tout comme l’AFDL de Laurent Kabila avait eu le soutien des 9 pays frontaliers pour chasser le pantin dictateur Mobutu.

Les milices ethnicistes du M23 et autres mercenaires du Rwanda et de l’Ouganda qui dévastent le Kivu poursuivent en fait l’objectif sioniste de « l’espace vital » du régime « Tutsi Power » qui a succédé au régime du « Hutu Power » auteur du génocide de 1994. Tout comme les sionistes israéliens qui instrumentalisent la Shoa pour commettre son génocide en Palestine, Kigali prétexte le génocide rwandais commis par le Hutu Power pour agresser et participer au pillage de la RDC par les Multinationales impérialistes.

Mais la résistance du grand peuple congolais et l’éveil des peuples sur ce crime contre l’humanité contraint de plus en plus l’Occident impérialiste et ses valets rwandais à rechercher une vraie-fausse paix américaine. C’est ce que décrit ainsi Tony Busselen : « Le site d’informations américain Politico a expliqué cette politique d’imposer la paix sous la direction directe des États-Unis comme suit : « La rencontre avec Mme Haynes intervient à un moment où Washington tente de contrer la Chine en Afrique. Le contrôle du marché donne à la Chine une grande avance sur les États-Unis dans la course aux composants essentiels à la fabrication de batteries pour les véhicules électriques ». Une paix entre Kinshasa et Kigali sous la direction des États-Unis pourrait donc donner le contrôle sur ces deux gouvernements à Washington, instrument important dans la rivalité économique avec la Chine dans cette région stratégique... Dans ses mémoires, Colette Braeckman écrit que le ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht, éructait en 2008 : « ils ont offert aux Chinetoques le Congo de Léopold II ».

Tony Busselen poursuit sa description : « Mme Haines est un membre important du gouvernement Biden. En tant que directrice du renseignement national, elle est à la tête des 17 agences de renseignement des États-Unis. À ses côtés se trouvait la sous-secrétaire d’État pour l’Afrique, Molly Phee, la plus haute responsable au département d’État (ministère des Affaires étrangères) pour l’Afrique. Pendant trois heures, ces deux hautes fonctionnaires et l’ambassadeur des États-Unis au Congo se sont entretenues avec le président Tshisekedi à huis clos dans un salon présidentiel de l’aéroport. Après cette rencontre, la délégation est repartie à Kigali, d’où elle venait, pour une deuxième rencontre avec le président rwandais Kagame. La Maison Blanche note que ce déplacement avait comme objectif « d’obtenir des engagements de la part des deux dirigeants pour désamorcer les tensions dans l’est de la RDC ». Depuis lors, Washington a décrété à deux reprises, par des communiqués de presse en direct de la Maison Blanche, des cessez-le-feu contrôlés par les services de renseignement américains ».

Parce que toutes les manœuvres néocoloniales ont échoué à balkaniser le Congo, la nouvelle pax americana entre le Rwanda et la RDC est le nouveau leurre des impérialismes US/UE pour faire main basse sur les richesses du sous-sol et du sol congolais.

Effroyables sont les crimes impérialistes infligés aux Congolais dont le pays fut donné au Roi des Belges avant de devenir une colonie de la Belgique ouverte à tous les colonisateurs à partir de la conférence de Berlin de 1884/85. Mais le moment arrive où comme l’écrivait Patrice Lumumba dans sa dernière lettre à son épouse : « L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches ».

Le peuple congolais doit retrouver le chemin tracé par Lumumba, Mulélé et Laurent Kabila.

Les pays africains qui ont entamé leur marche vers la souveraineté nationale doivent redoubler de vigilance face à la duplicité des impérialistes qui allient toujours « carotte et bâton » pour maintenir leur hégémonie contestée sur le monde.   15/01/25

DIAGNE FODÉ ROLAND

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