Le temps du soulagement
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Les deux machines de radiothérapie sont à Dakar depuis samedi dernier. Les acteurs de la Santé ont exprimé leur satisfaction. Toutefois, ils demandent la décentralisation des équipements lourds.
Les deux accélérateurs de particules commandés par l'Etat du Sénégal sont arrivés ce samedi 24 juin 2017 à Dakar. L’information émane du ministère de la Santé et de l’Action Sociale, à travers un communiqué parvenu à EnQuête. Ces deux appareils de radiothérapie (dernière génération en matière de lutte contre le cancer) seront installés à l'hôpital Dalal Jamm. Deux autres machines sont en cours d'acquisition ; une pour l'hôpital Aristide Le Dantec et une autre pour le privé. Ce qui fait un total de quatre machines à installer progressivement d'ici la fin de l'année, a dit la ministre de tutelle, le Professeur Awa Marie Coll Seck, lors d’une rencontre tenue la semaine dernière.
Pour la présidente de l’Association nationale des sages-femmes du Sénégal, c’est un ouf de soulagement pour les malades et les travailleurs du secteur. Bigué Mbodj soutient que cette nouvelle rassure parce que les malades seront mieux pris en charge. ‘’Avec l’arrivée de ces deux appareils, on est sûr que tout ce lot de personnes qui n’avaient pas les moyens de se traiter ni à l’extérieur ni dans le privé pourront être prises en charge correctement. Cela va impacter sur le pronostic vital des malades cancéreux et cela permettra d’avoir le maximum de survie possible’’, s’est-elle réjouie.
D’après la sage-femme, ces machines vont également permettre de gagner en célérité. ‘’Imaginez qu’avec une seule machine, très vieille, on arrivait tant bien que mal à prendre beaucoup de malades. Maintenant qu’on a une nouvelle machine, on est sûr que le temps d’attente pour accéder à ces services va être tellement réduit que ça permettra d’avoir des gains en termes de performance. Le maximum de gens pourraient être vus, mais dans un délai acceptable’’, a-t-elle rassuré. Très optimiste, Bigué Mbodj est d’avis que ces accélérateurs vont impacter positivement sur le taux de mortalité. ‘’C’est heureux que nous ayons un ministre de la Santé qui est du secteur. Sur le plan économique, d’autres personnes n’auraient peut-être pas pu comprendre l’importance de l’investissement. Elle est médecin et comprend que c’est un investissement qui, à terme, va infléchir sur la mortalité due au cancer. Tout Sénégalais doit s’estimer heureux parce que ces deux machines doivent servir aussi bien le Sénégal que la sous-région’’, se félicite-t-elle.
‘’Il faut aller dans le sens de décentraliser’’
Dans la même veine, le Secrétaire général du Syndicat unitaire des travailleurs de la Santé et de l’Action Sociale (Sutsas) a manifesté sa satisfaction. ‘’Nous sommes heureux et cela nous conforte dans notre position. Nous avions dit qu’il ne sert à rien d’aller en grève parce que celle-ci ne pouvait pas ramener ces appareils’’, a dit Mballo Dia Thiam. Mais l’homme ne se trompe pas sur les délais qu’il faut pour rendre les machines opérationnelles. Il sait que le problème de l’installation se pose, car il y a un ensemble de précautions à prendre, sachant que c’est de l’énergie nucléaire.
Par ailleurs, même si l’ancienne machine a trouvé désormais successeur, elle fait toujours l’objet de préoccupation. ‘’On se soucie même du sort de l’appareil qui est là. Parce que nous avons appris que cet engin ne peut pas être enterré ici à Dakar, qu’il va retourner à Viennes. Il paraît que ce n’est pas moins d’un million d’euros pour le ramener. Donc ce cadavre d’appareil est toujours encombrant’’, s’est-il inquiété.
Le syndicaliste a par ailleurs plaidé pour l’équité territoriale en termes d’installation des équipements lourds. Il prône aussi la mutualisation de ces derniers. ‘’Il faut aller dans le sens de décentraliser les équipements parce que si on parle de la Cmu, la radiothérapie ne devrait pas être seulement à Dakar. Les autres régions doivent en avoir. Tous les malades qui nécessitent de la radiothérapie ne doivent pas toujours venir à Dakar’’, souligne M. Thiam.
VIVIANE DIATTA