Le Dak'art pense la sculpture africaine
Dans le cadre de ses activités inter-biennales, le secrétariat général du Dak’art a initié hier un symposium de quinze jours sur la sculpture africaine. Le journaliste culturel et critique d’art Massamba Mbaye a animé la conférence inaugurale dudit symposium.
''La sculpture est comme le résultat d’une rencontre avec la matière''. Voilà une définition parmi d’autres de cet art qu'en fait un de ses adeptes sénégalais, Guibril Henry Diop. Il a partagé sa définition avec les artistes présents hier au Village des arts de Dakar, à l’occasion de l’ouverture du symposium international sur la sculpture africaine, à l'initiative du secrétariat général de la biennale Dak’art, dans le cadre de ses activités inter-biennales.
La rencontre regroupe dix sculpteurs sénégalais et d'autres venant de différents pays africains dont le Mali, le Togo et le Bénin. Conférencier du jour, le journaliste culturel et critique de cinéma Massamba Mbaye a analysé la définition de M. Diop. Pour M. Mbaye, une rencontre est le fruit du hasard suivant le sens étymologique du mot. Et que selon sa propre conception, ''une rencontre est toujours programmée au-delà du caractère fortuit''.
Mais au-delà des définitions et conceptions, Massamba Mbaye, par ailleurs directeur général du quotidien sénégalais ''La Tribune'', a jeté un regard sur l’évolution de la sculpture en Afrique à travers les trois étapes traditionnelle, contemporaine et post-moderne. ''L’art (est) condamné à imiter la nature'', disait Aristote comme l’a rappelé le conférencier. Massamba Mbaye a opposé cette citation du philosophe à celle du poète-président Léopold Sédar Senghor soutenant que "l’art est explication et connaissance du monde, c'est-à-dire une participation sensible à la réalité qui sous-tend l'univers à la surréalité, plus exactement aux forces vitales qui animent l'univers''. Encore que "l'art négro-africain n'est pas un art d'imitation, mais est fondamentalement symbolique. Alors que l'art gréco-latin occidental trouve le beau dans l'imitation'', ajoute le défunt académicien. Pour M. Mbaye, l’art africain ''rend compte de quelque chose d’essentiel''. Et donc la sculpture africaine a une expression qui va au-delà du beau avec diverses fonctions, pense-t-il, ajoutant qu'elle plonge ses admirateurs dans le sublime.
A inspiré des artistes comme Picasso
De l'avis du conférencier, beaucoup d’artistes de renom, à l’instar du célèbre peintre espagnol Picasso, tombent sous le charme de la sculpture africaine traditionnelle qui est une source d’inspiration pour lui. ''Les masques africains vont ainsi dépasser les cabinets de curiosité voire les traités d’ethnographie pour se trouver de nouveaux promoteurs plus valorisants'', a expliqué Massamba Mbaye, notant que la transition vers le modernisme intervient au début des années 1960. Les artistes qui en donneront le ton sortent des écoles d’arts modernes. Parmi eux se distinguent Paul Ahyi et Christian Lattier. Et depuis le début des années 1980, la sculpture est devenue un dialogue avec la manière. ''Ce qui préfigure la modernité en art finira par libérer toutes les imaginations et les imaginaires. La sculpture devient ainsi banalement une vision du monde sans frontières avec comme unique topo la communication intérieure de l’artiste sculpteur'', a résumé Massamba Mbaye.
BIGUÉ BOB