Le décorateur a pilonné le crâne de son ami d’enfance pour 5 000 francs
La Cour d’assises de Dakar a condamné hier l’accusé Ibrahima Guèye à 10 ans de travaux forcés pour le meurtre de son ami d’enfance, Oumar Camara.
Entre l’accusé Ibrahima Guèye et la victime Oumar Camara, c’était l’amitié depuis la tendre enfance. Outre leurs petits secrets et le travail de décoration, ils partageaient le même vice : l’usage du chanvre indien et de l’alcool. Cet abus de l’alcool ‘’a mené Oumar vers la tombe, et Ibrahima dans une cellule de prison’’, a dit l’avocat général François Diouf. C’était depuis le 8 décembre 2006 car quelques jours auparavant, le 22 novembre, Ibrahima Guèye a fracassé le crâne de son ami avec un pilon. Son ami et associé dans son entreprise de décoration de ''Cars-rapide'', Oumar Camara, refusait de lui restituer la somme de 5 000 francs Cfa. La victime avait reçu l’argent d’un client le matin. Lorsque l’accusé le lui a réclamé, la victime a prétendu avoir dépensé la somme en question. Les deux amis en sont venus aux mains à deux reprises. Le drame est survenu lors de la seconde bagarre, dans leur quartier de Yeumbeul Asecna.
Six ans et 4 mois après les faits, Ibrahima Guèye n’a cessé hier d’exprimer ses regrets devant la première Cour d’assises 2013 de Dakar. L’accusé a juré la main sur le cœur qu’il n’avait pas l’intention de donner la mort à son ami. ''Au cours de la bagarre, il m’a fait tomber dans de l’eau boueuse. En me débattant, j’ai réussi à me tirer de son emprise'', a expliqué l’accusé. La suite : Ibrahima Guèye aurait couru vers une vendeuse de ‘’akara’’ (beignet à la farine de haricot), pour s’emparer d’un pilon. Or à l’instruction, il a déclaré qu’après la bagarre, il est allé changer de vêtements et s'est armé d'un pilon chez lui.
Toujours est-il que la violence du coup sur la tête de la victime a même attiré l’attention du père du défunt. Pis, selon le témoin, après coup, l’accusé aurait jubilé en jetant à sa victime : ''Tu savais que tu ne pouvais pas m’échapper, tu as d’ailleurs la chance.'' Réfutant ces accusations, Ibrahima Guèye a mis tout sur le compte ''de la volonté divine'', ''de Satan'' mais surtout de ''l’alcool''. ''J’étais inconscient à cause de l’ivresse'', a-t-il clamé. ''Pourquoi vous n’avez pas pris un autre objet comme une ceinture ou une branche ? Ainsi votre ami ne serait pas mort'', lui a fait remarquer l’avocat général. Idem pour le président de la Cour qui a demandé à l'accusé pourquoi il a visé la tête de son ami.
Fort de ce constat, l’avocat général s'est dit convaincu de la culpabilité de l’accusé. ''Un pilon sur la tête, ce n’est pas pour caresser. Il a fracassé et non tâté pour laver son honneur'', a lancé le magistrat qui, à un moment, a semblé disqualifier le meurtre en assassinat. Finalement, il a requis 20 ans de travaux forcés pour meurtre. Jugeant cette peine ''trop lourde'', Me Ndiogou Ndiaye a sollicité la clémence de la Cour. En prison depuis décembre 2006, Ibrahima Guèye humera l’air de la liberté dans trois ans pour avoir été condamné à 10 ans de travaux forcés. Le décorateur n’a pas écopé de dommages et intérêts car la famille de la victime s’est désistée de sa constitution de partie civile.
FATOU SY
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