Publié le 22 Apr 2015 - 17:08
AVIS D’INEXPERT

En finir avec ponts de vingt ans !

 

Le pont « Sénégal 92 » enjambant la route de l’aéroport à hauteur de la Patte d’Oie sera détruit, après-demain samedi, au cours d’une cérémonie ( ?) en présence du Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne. Ce pont, selon les usagers, n’était plus un point de passage sûr ! Vingt-deux ou vingt-trois ans après sa mise en service, voilà que cet ouvrage de franchissement devra être détruit à la dynamite alors que sa construction a coûté des milliards de francs qui, selon certains commentaires, avaient été tirés de la vente des licences de pêche par le régime socialiste d’alors.

Tout ça pour ça ? Des milliards de francs réduits en gravats, alors que cet ouvrage n’a jamais été un modèle de fonctionnalité : trop suspendu, trop escarpé, trop étroit en ses deux voies qui en semblent une ; et la conséquence (ou une des) aura été des embouteillages monstres de part et d’autre du pont et sur sa chaussée. Et ce fut surtout son franchissement qui a, de tout temps, été un cauchemar pour les automobilistes conduisant des véhicules au système de freinage douteux. Il est connu que les cars rapides gardent à leur arrière, sous les bancs des passagers, des blocs de pierre plate à mettre prestement, pour ne pas dire en catastrophe, sous les pneus arrière pour éviter que le véhicule glisse sur la pente du pont. « Xeer, xeer !!! », entendait-on souvent les chauffeurs crier à leurs apprentis pour les sommer de glisser vite les pierres pour bloquer le véhicule menaçant de heurter le véhicule suivant.

La construction de ce pont, puis sa destruction vingt-trois ans plus tard, posent le problème de certains choix de réalisation. Celui de leur entretien aussi – le Sénégalais ayant la réputation d’être piètre dans la maintenance – une carence que l’on soupçonne trop intéressée par les « commissions » versées à des décideurs. Pourquoi avoir dépensé tant de milliards de francs dans l’édification d’un pont qui n’a jamais été un chef-d’œuvre de fiabilité encore moins d’architecture ? Un pont, c’est fait pour durer des siècles au moins : pensons au pont Faidherbe de Saint-Louis mis en service en 1897 et qui est encore là pour longtemps ; et à bien d’autres à travers d’autres pays du monde où on conçoit et construit sérieux…

Alors ministre des Infrastructures, Karim Wade  raillait l’ancien pouvoir socialiste en annonçant la construction d’un pont plus ambitieux que celui dit « Sénégal 92 ».  Il avait de quoi faire gorges chaudes de l’ambition indigente du Ps alors au pouvoir. Et même d’autres Sénégalais de bonne foi avaient de quoi en voyant le Pds battre le train de ses réalisations moins de cinq ans après son avènement au pouvoir. Abdoulaye Wade a été audacieux et généreux dans les réalisations d’ouvrages – quelque doute qu’on puisse émettre ou avoir sur les conditions et la transparence dans le financement de ces réalisations. « C’était des projets montés sous le régime socialiste », protestent, sans convaincre, les socialistes.

Mais ce qui importe vraiment à l’usager, c’est que des réalisations aient été faites. La preuve par la Vdn, l’autoroute à péage, la corniche-ouest, la route nationale devenue à deux voire quatre voies… Il est peu probable que le Ps aurait été aussi audacieux et aussi ambitieux si on en juge par ce tronçon de la route nationale Patte d’Oie-Rufisque. Une piètre réalisation qui a posé plus de problèmes qu’il n’en a résolus. Et le pire et le plus honteux adviendra durant l’hivernage 2005 quand la route nationale des socialistes fut engloutie par les eaux déferlant de Diacksao à Poste-Thiaroye ; et qu’il en coûtait cinq heures de temps au moins pour rallier Dakar en partant de la banlieue ou sortir du centre-ville pour se rendre dans l’arrière-pays. Ce n’est pas être wadiste que d’emprunter l’autoroute à péage et la route nationale (entre autres artères) et se convaincre que le scandale de l’hivernage 2005 ne se renouvellera pas.

Tant mieux donc si une infrastructure plus digne et plus crédible et avec plus d’envergure se dresse sur les ruines provoquées de « Sénégal 92 » ; la mobilité urbaine dans cet axe y gagnera. Les usagers aussi et surtout.

Jean Meïssa DIOP

 

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