Publié le 3 Jul 2024 - 15:54
BOOSTER LEUR CARRIÈRE

Les artistes visuels sénégalais à l’école de l’entrepreneuriat

 

Le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, en partenariat avec la Galerie nationale d'art, a lancé, hier, à Dakar, une session de formation sur le développement de carrière des artistes visuels.  Cette initiative vise à placer les artistes au centre de leur parcours professionnel, en les considérant comme des entrepreneurs capables de gérer efficacement leur carrière.

 

En vue de renforcer les capacités des acteurs des arts visuels, un atelier de formation s'est ouvert hier et se poursuivra jusqu'au 5 juillet prochain dans les locaux de la galerie nationale d'art. Le conseiller n°2 du secrétaire d'État à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique, Salif Guedou, souligne que ce genre d'atelier est nécessaire, car la demande est forte. Il ajoute que la formation s'est intensifiée sur la sensibilisation des artistes du visuel.

“Cet atelier a été proposé pour orienter les artistes, pour les aider à trouver des moyens de produire leurs œuvres et à pénétrer le marché, mais surtout de voir comment écouler leurs productions".

Car, souligne-t-il, au lieu d’attendre tout le temps des subventions de l'État, les artistes doivent tendre vers l'autonomie. "Le créateur ne doit pas s'attendre à ce qu'on lui donne de l'argent, mais doit chercher à entreprendre, parce que c’est à lui de se valoriser. Il produit pour lui-même, il est créateur et donc il est entrepreneur", explique-t-il.

Dans le même sillage, la directrice générale de la Galerie nationale d’art, Amina Faye, confie que les locaux serviront dorénavant à outiller les artistes. "La galerie nationale ne doit plus seulement être un diffuseur d'œuvres, mais doit être en mesure de prendre en charge leur carrière et de les accompagner avec certains outils". Elle précise que les artistes ne sont plus très souvent présents dans les activités. D'où la mise en place de cet atelier afin de les réunir.

Revenant sur la sélection des artistes, elle renseigne que huit régions du Sénégal sont présentes à cette formation. "C’est suite à un appel à candidatures ouvert aux 14 régions du Sénégal qu'on a choisi les artistes. Donc, sur les 14, 12 régions ont eu à présenter des candidats, mais seulement huit régions font partie de cette formation à savoir : Fatick, Thiès, Diourbel, Kaffrine, Dakar, Ziguinchor, et Kaolack. Donc, on a obtenu 70 candidats et parmi lesquels 25 ont été retenus par le formateur, après consultation de leurs CV”, explique-t-elle.

Un impact positif sur la carrière des artistes

Animée par l'artiste plasticien et collaborateur renommé Momar Seck, cette session de formation offre une opportunité unique de développer des compétences et des outils essentiels pour la gestion de leur carrière en marketing artistique, et recherche de financement. "Nous verrons comment créer un portfolio professionnel, comment entretenir des relations professionnelles, à savoir comment engager et entretenir des relations fructueuses avec les commissaires d'exposition, les galeries, et d'autres acteurs du marché de l'art’’, renseigne-t-il.

S’agissant de la question des contrats, il confie : ‘’Nous allons également savoir comment établir des contrats solides. Nous examinerons les aspects juridiques et contractuels des relations entre artistes et galeries pour garantir des collaborations justes et bénéfiques.’’ C’est pourquoi il insiste sur le fait que les artistes se positionnent en tant qu'entrepreneurs. "Le but, pour moi, est de collaborer avec les artistes, de trouver les moyens et les possibilités de percer le marché. Mais tout ça doit passer par une prise de conscience chez les artistes. Ils doivent comprendre qu'un artiste est un entrepreneur, car ils créent un nouveau produit¨.

C’est dans cette optique que l’artiste plasticien Alioune Ba explique que l’autofinancement serait un moyen de produire ses œuvres. ‘’Moi, j’ai mon champ de piment et je vends mes moutons, car le manque de moyens est une raison et j’ai appris à me prendre en charge comme ça. Je n’ai produit que deux œuvres et je préfère ne pas aller vite en besogne et m’autofinancer. Parce qu’avant, je me disais que l’artiste se limitait à produire et qu’une autre personne doit s’occuper de sa carrière. Mais ce n’est pas le cas’’, souligne-t-il.

Recommandant également d’entreprendre pour financer son travail, il lance à ses pairs : ‘’Faites de la décoration, faites de la publicité et surtout ne vous limitez pas à ce qui vous passionne.’’

Quant à l’artiste Adama Boye, elle pense qu’associer sa communauté est la chose à faire pour se produire. ‘’Je suis de la région de Diourbel et là-bas, j’ai commencé à parler de mon talent à mes proches, à mes voisins et même sur les réseaux sociaux et quand j’ai vu que j’avais déjà une forte communauté, j’ai lancé mon exposition chez moi et les gens sont venus. Je suis sortie de ma zone de confort, j’ai rencontré des personnes et j’ai obtenu un résultat’’, renseigne-t-elle.

Ainsi, quelques suggestions et recommandations ont été formulées par le formateur Momar Seck. ‘’Nous devons mettre en place une éducation artistique, éviter la marginalisation des œuvres d’art, améliorer les programmes pour augmenter le nombre de professeurs d’art dans les établissements et surtout ne pas dévaloriser les enseignants. Nous devons faire comprendre aux gens que la formation des jeunes aux arts plastiques facilite l’ouverture d’esprit, afin de prouver l’importance des arts’’.

 

THECIA P. NYOMBA EKOMIE

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