Publié le 14 Feb 2025 - 13:20
CÉLÉBRATION DU MAGAL DE DAROUL MOUKHTY

Ndamal Darou, le frère de Bamba, racontait par l’écrivain Mbaye G. Syll

 

Le Magal de Daroul Moukhty, qui est célébré aujourd’hui, est un événement historique et spirituel commémorant les retrouvailles entre Mame Thierno Ibrahima Faty Mbacké et son frère Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. L’occasion pour l’écrivain Mbaye G. Syll de revenir sur le vécu de celui qu’on appelait affectueusement ‘’Ndamal Darou’’ ou ‘’Thierno Birahim’’.

 

Né le 30 novembre 1865, Mame Thierno Ibrahima Faty Mbacké a vu le jour à Porokhane. Sa date de naissance coïncidait avec la bataille de Pathé Badiane (Paos Koto) tel que l’a relaté Serigne Moussa Ka. Il porte le prénom d’un saint de l'ethnie toucouleur, Thierno Ibrahima Kane, camarade de promotion de Serigne Mame Mor Anta Sali, son père à l’école de Cheikh Ahmadou Bamba Sall à Bamba-Salléen. Serigne Mame Mor donna le prénom de ce maître, qui avait lui-même fait ses classes à Taiba Bép, à son fils Cheikhoul Khadim et fit de Mame Thierno l’homonyme de son camarade et ami. Thierno Ibrahima Kane était un grand saint et ses descendants continuent de vivre en Mauritanie. 

Il épousa Sokhna Fati Issa. ‘’L’apparition de Borom Darou, Mame Thierno Ibrahima, coïncidait avec le souhait, en ce temps, du Cheikh Ahmadou Bamba d’avoir un frère issu des Mbacké, un soutien, une personne en qui il pourrait avoir confiance et qui sera comme un rempart pour lui. Loin d’insinuer que le Cheikh Ahmadou Bamba avait besoin d’une quelconque aide de son frère, il faut juste souligner que le Cheikh avait besoin d’une personne comme Mame Thierno pour le soutenir sur bien des aspects de la vie terrestre. C’est pour cette raison que Cheikh Moussa présente le contexte de sa naissance comme une réponse favorable aux invocations du Cheikh Ahmadou Bamba et dit dans son ‘’Marsiya’’ : ‘’Cheikh Bamba sollicitait, en ce temps, d’Allah un vaillant savant issu de la lignée des Mbacké.’’ Cheikh Ahmadou Bamba, alors jeune garçon âgé de 12 ou 10 ans en fonction de l’année de naissance que d’aucuns lui prétendent, 1853 ou 1855, avait souhaité se rendre à l’étranger pour continuer ses études et pérégrinations, mais Serigne Mame Mor Anta Sali l’en dissuadait, en lui confiant qu’il fallait attendre le signe providentiel qui provenait de Sokhna Fati Issa ; si ce qu’elle portait était né un garçon, alors le voyage ne serait pas à entreprendre’’, a écrit M. Sylla dans son livre. Selon qui, la première chose que Cheikh Ahmadou Bamba a faite, alors qu’il tenait Mame Thierno, bébé dans ses bras, fut de le protéger de Satan, de prémunir tous ses membres de toute déviance et de lui confectionner une amulette qu’il remettait à Sokhna Fati Issa à travers la palissade de la case qui abritait le nouveau-né.

Mame Thierno porta cette amulette durant toute sa vie et à sa disparition, Serigne Modou Awa Balla Mbacké en hérita. L’amulette est toujours détenue par Serigne Moustapha Absa Mbacké, khalife de Serigne Modou Awa Balla Mbacké. Cela signifie, selon lui, que Borom Darou n’a jamais commis la moindre déviance durant les quatre-vingts années qu’il a vécues sur terre. ‘’Tous ses actes ont été licites, en parfaite conformité avec la loi divine et la tradition prophétique. Cheikh Abdou Khoudoss Mbacké nous enseigne qu’Ahmadou Bamba tenait à ce que la nourriture qui lui parvenait ou allait à sa famille provienne de Mame Thierno Ibrahima, car tout ce qui provenait de lui portait le sceau de la licéité. Donc, à la mort de Maba Diakhou Ba, le 18 juillet 1867, Serigne Mame Mor Anta Sali demeura à Porokhone où il noua amitié avec Lat Dior Diop qui lui donna la main de sa nièce du nom de Sokhna Thioro Diop qui fut la mère de Serigne Cheikh Thioro et Serigne Balla Thioro. Mame Mor Anta Sali resta au Saloum pendant six années et ne le quitta qu’en 1871 pour rejoindre le Cayor et y fonder le lieu-dit Patar qui est dans l’arrondissement de Sagatta Guet. Cela répond à ceux qui pensent que Serigne Mame Mor Anta Sali suivait Lat Dior dans tous ses déplacements, comme une partie de sa suite. Seulement, le retour de Serigne Mame Mor Anta Sali coïncida avec la réhabilitation de Lat Dior aux fonctions de Damel du Cayor, par la signature d’un traité le 12 janvier 1871 à Saint Louis avec les Français’’, a raconté M. Syll.  

Son éducation était gérée par Serigne Touba

Quand Cheikh Ahmadou Bamba enseignait à Mame Thierno, une des premières règles qu’il lui donna était de ne point entrer dans la chambre de Sokhna Mame Fati, sa mère, car, lui confia à Bamba, quand on interdit aux hommes la fréquentation des chambres des femmes, ce sont les chambres de leur maman qui sont visées. Le Cheikh lui a également enseigné l’ensemble des sciences religieuses. Il est indéniable, alors, que c’est le Cheikh, lui-même, qui a éduqué Mame Thierno, lui a enseigné le Coran et les sciences et l'emmenait avec lui dans ses différents déplacements. Quand il était âgé, il lui filait beaucoup de ses missions secrètes. Souvent, il était accompagné de Serigne Massamba Diop Sam, l’un des 606 cheikhs de Serigne Touba.

De la disparition de Serigne Mame Mor Anta Sali à la fondation du mouridisme à Mbacké Barry, Mame Thierno ne s’est jamais séparé de Cheikh Ahmadou Bamba jusqu’à ce qu’il vienne à Diourbel.

De 1880 à 1883, Mame Thierno, alors âgé de 15 ans, avait déjà mémorisé la totalité du Coran et de l’essentiel des livres de sciences religieuses. Cheikh Ahmadou Bamba lui a enseigné une partie, l’a inspiré une autre. Ils restèrent ensemble à Mbacké Cayor.

Durant ce temps, Serigne Mame Mor Anta Sali rendit l’âme et fut enterré à Dékheulé.

Lorsque la clameur fut retombée et que tout le monde eut retrouvé ses esprits, après cet événement douloureux, la famille décida du partage de l’héritage de Serigne Mame Mor Anta Sali. À la surprise de tous, Cheikh Ahmadou Bamba annonça publiquement que lui et Thierno, personnes physiques, représentaient mutuellement leurs parts du legs à partager. Il le signifia aussi bien aux oncles de Mame Thierno, de la famille Diop de Koki, qu’à ses parents Mbacké.

Il n’était nullement possible de faire autrement que de les laisser se comporter comme des propriétés mutuelles et ainsi partager l’héritage sans tenir compte d’eux.

Ce qui démontre, vraiment, de l’appartenance de Mame Thierno à Cheikh Ahmadou Bamba, est ce fait précis qu’il serait difficile d’imaginer, même pour des frères de même père et mère.

Certains racontent, toutefois, que le Cheikh aurait déclaré se suffire de Mame Thierno et de l’exemplaire de Coran que détenait Serigne Mame Mor Anta Sali pour sa part de l’héritage. Ils insinuent l’exemplaire que Serigne Abdoul Khadre, l’aîné de Mame Balla, avait écrit pour son père avant de trouver la mort, par un assassinat des païens. D’autres ajoutent même que c’est Mame Mor Anta Sali qui a porté les signes diacritiques sur cet exemplaire du Coran et/ou lui-même a finalisé l’œuvre d’écriture. Cet exemplaire de Coran était toujours enfoui dans une besace et c’est cette dernière qu’un malfaiteur prit pour un contenant d’argent ou de pierres précieuses et qui l’avait poussé à tirer un coup de fusil sur Mame Balla qui rendit l’âme dans l’enceinte de la mosquée, l’abattant de sang-froid pendant que Mame Mor Anta Sali était encore au Saloum.  

‘’Je vous confie à Allah, celui qui prend soin de tout dépôt qu’on lui remet. Je vous remets aux soins du Prophète Muhammad (Paix et Salut sur Lui). Je vous laisse entre les mains de votre père Thierno’’

Lors de son départ en exil, Serigne Touba, rassembla la famille et les disciples, posa sa main droite sur la tête de Serigne Modou Moustapha et l’autre main sur la tête de Serigne Fallou et prononça ses mots : ‘’Je vous confie à Allah, celui qui prend soin de tout dépôt qu’on lui remet. Je vous remets aux soins du Prophète Muhammad (Paix et Salut sur Lui). Je vous laisse entre les mains de votre père Thierno.’’ Cela eut lieu le samedi 10 août 1895, qui correspond à la date du 18 safar 1313 du calendrier hégirien.

Cheikh Abdou Khoudous Mbacké, fils de Borom Darou, rapporte que Serigne Fallou lui avait révélé que le Cheikh Ahmadou avait laissé derrière lui la natte de prière que lui avait remise Serigne Ass Camara à Saint-Louis. Lorsque le Cheikh demanda à Mame Thierno de la lui rapporter, celui-ci se précipita à faire rire Serigne Fallou et Serigne Modou Moustapha, enfants qui n’appréhendaient guère toute la portée historique de ce moment. Ils seront restés un peu plus de sept avant de revoir le Cheikh, aux soins de Mame Thierno à travers épreuves et difficultés.

‘’Au départ du Cheikh pour l’exil, la première lettre de l’administration coloniale en destination de Mame Thierno contenait une sommation à quitter Mbacké Bari et à disperser les disciples, avec la menace d’incendier les concessions si l’ordre n’était pas exécuté.

Malgré plusieurs autres lettres et menaces, Mame Thierno passa l’hivernage à Mbacké Bari jusqu’après les récoltes agricoles avant de retourner à Mbacké Baol avec la famille du Cheikh, conformément aux directives qu’il avait reçues de son frère et guide. Mame Thierno connut deux difficultés majeures à son arrivée à Mbacké Baol, à savoir la subsistance de la famille et l’édification d’une concession.

D’ailleurs, Serigne Saliou Mbacké témoignait qu’un jour, Mame Thierno trouva un grenier vide qu’il nettoya en y étalant des draps pour y faire passer la nuit aux enfants du Cheikh ; lui, dormant à la belle étoile. Serigne Abdoul Ahad rajoutait même qu’ils avaient, une fois, dormi sous un grand poirier’’, a informé l’écrivain. Mame Thierno vivait des périodes difficiles et Serigne Moussa le décrit dans son poème : ‘’Mame Thierno s’installa à hauteur de Mbacké Baol et les gens disaient : ‘Oh, ils vont le déguerpir.’ Son retour au Baol n’était pas bien accueilli, les ennemis en riaient. Et se demandaient qui pourrait bien nourrir cette famille démunie.’’

C’est dire donc qu’ils faisaient face à une situation très difficile. Les conjonctures et les circonstances étaient toutes défavorables à Mame Thierno. Mais une information lui parvint concernant la vente d’un grenier de mil pour trois francs.

Quand Boroom Darou se résignait à attendre la providence divine, parce qu’ayant négocié un prêt du grenier sans succès auprès du cédant, Serigne Ahmadou Ndoumbe Khabane, en visite à Mbacké, lui remit trois francs en guise d’‘’adiya’’ (cadeau).

Le retour de Bamba de l’exil

Serigne Touba, a subi 285 épreuves, nombre qui équivaut à la quantité des versets de la sourate Al Baqara (deuxième sourate du Livre Saint), durant l’exil au Gabon. Mame Thierno, aussi, a connu une série d’infortunes, au Sénégal, pendant l’absence de son frère et guide.

Mame Thierno demeura à Darou Marnane jusqu’à ce que le Cheikh revînt du Gabon, à la suite des étapes de Dakar, Saint-Louis, Sanossi où le Cheikh arriva au cinquième jour de ramadan, Mbacké Kajoor qu’il rejoignit au début de Sawaal (Kori) et enfin Darou Salam. Ils séjournèrent ensemble, en ce lieu, avec toute la famille rassemblée.

Il faut préciser que Mame Thierno ne mêlait pas ses enfants à ceux du Cheikh. De Mbacké Bari à Darou Marnane, partout où il s’était installé, il prenait le soin de confectionner trois appartements distincts. L’appartement de la droite était réservé à la famille du Cheikh Ahmadou Bamba, au milieu étaient rassemblées les affaires du Cheikh et la famille de Mame Thierno occupait toujours l’appartement de gauche. Dans l’appartement du Cheikh, il convoyait de la viande d’ovins à celui qui abritait sa famille n’était servi que du couscous de mil. C’est cette organisation de la concession familiale qui lui permet de restituer au Cheikh toutes les affaires qu’il avait laissées derrière lui, jusqu’au thé et au sucre qui restait quand le Cheikh quittait Mbacké Bari. Serigne Abdou

Borom Darou fut un agriculteur, éleveur, homme de science. De sa naissance, à Porokhane, dans le Saloum, en 1865 au retour du Cheikh à Touba, en 1927 Mame Thierno avait toujours œuvré pour le Cheikh Ahmadou Bamba, son frère et guide.

CHEIKH THIAM

 

Section: 
AFFAIRE DE FAUX BILLETS À THIÈS : Six  prévenus devant le tribunal de Dakar
PROMOTION DE L’AGROÉCOLOGIE : Les agriculteurs de Kaolack impliqués
CAN U20 2025 - TIRAGE AU SORT : Le Sénégal retrouve la Zambie et la Sierra Leone dans le groupe C
FINANCES PUBLIQUES : Le Forum civil salue la rigueur de la Cour des comptes et appelle à des réformes
AFFAIRE CENTIF - PREMIER FACE-À-FACE AVEC LES JUGES D'INSTRUCTION : Farba Ngom convoqué le 27 février
ESCROQUERIE PORTANT SUR 2,3 MILLIONS F CFA : Mansour Ndao condamné à six mois avec sursis
KAFFRINE : CINQ BERGERS MEURENT DANS DES BAGARRES CONTRE DES AGRICULTEURS : Les éleveurs haussent le ton
Rapatriement de migrants Sénégalais
Secteur pêche
Guy Marius Sagna
Émigration irrégulière
Unsas
Départ troupes françaises
RAPPEL À DIEU SERIGNE AMDY MODOU MBENDA FALL : Serigne Amdy Khady Fall, le nouveau khalife des Baye Fall
LANCEMENT À ZIGUINCHOR D’INFRASTRUCTURES STRUCTURANTES : Le Premier ministre attendu à Ziguinchor entre mai et juin
THIÈS - UNIVERSITÉ IBA DER THIAM : Tensions entre étudiants et forces de l'ordre
FORUM GREEN TERR’ANGA : La DGPU et Blue City Key offrent Diamniadio en exemple
À KOLDA, LE G7 EN GRÈVE : Les syndicats membres exigent le paiement des indemnités du Bac 2024
VIOL PÉDOPHILIE DÉTOURNEMENT DE MINEURE : Abdoulaye Banora nie les faits, la victime, traumatisée, réclame justice
DEMANDE DE CESSATION DES ACTIVITÉS DE LA CENTRALE DE BARGY : La cour suprême décide ce jeudi