Publié le 12 Sep 2023 - 20:39
CANDIDATURES AU SEIN DE BENNO

Abdoulaye Daouda Diallo, un avenir sur fond de doutes et d’incertitudes

 

Abdoulaye Daouda Diallo, qui compte parmi les déçus du choix de la Conférence des leaders de Benno Bokk Yaakaar (BBY) pour le prochain candidat de la mouvance présidentielle de 2024, serait bien tenté d’aller à l’aventure en prenant la tête d’une mouvance ‘’APR Authentique’’. Une situation qui, pour ce fidèle de la première heure, peut s'avérer désastreuse pour la mouvance présidentielle, avec le risque d’un éparpillement des voix.

 

Encore une fois, un destin national semble se refuser à Abdoulaye Daouda Diallo. Longtemps pressenti pour représenter les couleurs marron-beige de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), ce Foutanké pur souche a dû encore une fois s’écarter au profit d’un de ses rivaux politiques, Amadou Ba. Le choix de la raison plus que du cœur de la part de Macky Sall a du mal à passer auprès du clan du maire de Boké Dialloubé qui, jusqu’au dernier moment, était en train de récolter des soutiens auprès de la base républicaine. Une coordination par-ci, un responsable local ‘’apériste’’ par-là ou telle ou telle personnalité du régime… tout semblait indiquer qu’Abdoulaye Daouda Diallo a les qualités requises pour succéder à Macky Sall au soir du 25 février 2024. 

Abdoulaye Daouda Diallo, président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) entendait récolter les dividendes de sa loyauté et de son dévouement à l’ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade. Technocrate discret, voire effacé, cet ancien directeur général de la Lonase a fait le pari d’un accompagnement inconditionnel envers le chef de l’État qui l’a propulsé à d’importants postes ministériels. Une loyauté qui frise parfois le fanatisme.

Ainsi, il aura fallu plusieurs heures de persuasion à Macky Sall pour empêcher l’ancien ministre de l’Intérieur de cette époque de faire arrêter Abdoulaye Wade pour outrage au chef de l’État, suite à ses ‘’propos outranciers’’ sur les origines de la famille de Macky Sall.

Fidèle parmi les fidèles de Macky Sall, l’ancien inspecteur des impôts était pressenti pour devenir Premier ministre en septembre 2021. Jusqu’au dernier moment, il demeurait favori pour ce poste qui finalement va échoir à Amadou Bâ, son ancien patron à la Direction générale des Impôts et des Domaines (DGID). Ce dernier, alors grand patron de la DGID, infligeait des sanctions et tracasseries administratives à l’inspecteur des impôts (Abdoulaye Daouda Diallo) alors cosignataire de l’acte de naissance de l’APR de Macky Sall, a écrit le journaliste Cheikh Yérim Seck dans son livre ‘’Macky Sall face à l’histoire : passage sous scanner d’un pouvoir africain’’. 

Abdoulaye Daouda Diallo, futur dynamiteur de l’APR

La décision de quitter le ministère de Budget pour l’Intérieur était motivée par le fait qu’Abdoulaye Daouda Diallo ne voulait pas servir sous les ordres d’un Amadou Ba parachuté au ministère de l’Économie et des Finances en 2013, après le départ d’Amadou Kane.

De cette histoire naîtra une profonde inimitié qui pousse certains à penser que cet ancien DG de la Lonase pourrait difficilement se ranger derrière Amadou Ba. Certains cadres de l’APR considèrent Amadou Ba comme un rallié de la dernière minute. L’actuel Premier ministre est perçu comme un intrus par les partisans de la première heure de Macky Sall qui, de par ses réseaux et alliances, a su profiter des privilèges du nouveau régime qu’il a rejoint au lendemain de la victoire de Macky Sall.

Selon plusieurs sources, ADD serait tenté de former un tout nouveau parti, “APR Authentique”, afin de s'opposer à Amadou Ba. Apparemment, c’est pour tenter de désamorcer cette bombe qu’Abdoulaye Daouda Diallo a été reçu hier au palais par le chef de l’État.

En outre, les précédentes expériences de partis dissidents comme le PDS/Rénovation de Serigne Diop, du Parti libéral sénégalais d’Ousmane Ngom et l’URD/Fal ont montré l'espérance de vie éphémère de ce genre de formations politiques. Ces partis qui naissent de fortes dissensions et frustrations ont du mal à se positionner sur l’échiquier politique et souffrent souvent d’un substrat idéologique. Si le choix d’une scission d’ADD venait à se confirmer, il paraît difficile de voir les militants aller à l’aventure au sein d’une nouvelle entité politique. En cas de défaite, les formations dissidentes pourraient être accusées d’avoir fait perdre le candidat officiel du parti. La plupart du temps, les structures de base du parti restent fidèles à la maison mère. Dans le cas de l’APR, toute division pourrait être difficilement explicable auprès de la base qui reste toujours attachée à la personne de Macky Sall.

Les réticences de l’APR historique face au choix d’Amadou Ba

Pour l’analyste politique Mamadou Sy Albert, il apparaît clair que ce choix d’Amadou Ba n’était pas celui de l’APR dont beaucoup ne sont pas d’accord avec cette désignation. ‘’Le choix peut s’avérer risqué, dans la mesure où, si l’APR décide de ne pas se ranger derrière Amadou Bâ, ce dernier aura du mal à triompher en février 2024. D’autant plus que ses rivaux évincés de la course pour la candidature de Benno, comme Aly Ngouille Ndiaye, Abdoulaye Daouda Diallo et Mame Boye Diao sont représentatifs de leur fief et quoi qu’on puisse dire, la vraie ossature de Benno reste toujours l’APR’’, affirme-t-il avant d’inviter le maire de Boké Dialloubé à la prudence, même si des caciques de l’APR poussent à la création d’une nouvelle entité qui regrouperait les militants de l’APR historique.

‘’Partir dans ce genre d’aventure pourrait s’avérer risqué pour ADD. Le danger pour lui serait de surestimer sa force au Fouta. Ce dernier est obligé de cohabiter avec d’autres responsables ‘apéristes’ comme Cheikh Oumar Hann, maire de Ndioum, Racine Sy et Aïssata Tall Sall dans son fief de Podor. En outre, une rébellion contre son mentor peut s’avérer désastreuse, car l’une des seules constantes au sein de l’APR demeure toujours Macky Sall’’, conclut-il. 

Amadou Fall 

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