Publié le 15 Aug 2019 - 02:49
CHERTE, RARETE ET PENURIE DE MOUTONS

Une Tabaski pénible

 

Au lendemain de la fête de Tabaski à Dakar, les Sénégalais ont la gueule de bois. Entre ceux qui ont casqué le prix fort, ceux qui se sont rabattus sur des brebis et ceux qui n’ont pu trouver de mouton pour la tabaski, le sentiment le mieux partagé est la pénibilité. Dans les points de vente, place au business des agneaux… vendus au même prix que les béliers. 

Reportage.

Lendemain de la célébration de la Tabaski, les rues de Dakar semblent s’être vidées de leur monde. Plus de longs fils de voitures, ni de klaxons assourdissants. Au rond-point Diamalaye, les quelques piétons vaquent tranquillement à leurs occupations, dans une ambiance moins polluée. Même les vieilles épaves de transport en commun, communément appelés ‘’cars rapides’’, qui d’habitude font partie du décor au niveau de ce carrefour, se font très rares. Il y a aussi à peine 24 heures, l’endroit grouillait de moutons. Ils étaient par milliers. A la place, d’immenses espaces vides. Il n’y a que les immondices et les excréments laissés sur les lieux pour rendre compte de l’activité qu’il y a eu lieu.

 ‘’Ils ont tous déguerpi des lieux’’, souligne un jeune habitant des alentours qui guette un ‘’car rapide’’ à l’arrêt car. A la question de savoir si cela veut dire que les vendeurs ont tous épuisé leurs moutons, le jeune en ‘’dreadlocks’’ répond : ‘’Je ne peux pas affirmer cela. Tout ce que je sais, c’est que la plupart d’entre eux ont quitté les lieux, hier.’’

‘’Ils ont donc fait de bonnes affaires, ces opérateurs venus pour la plupart du Mali’’, conclut-il.

Ces dernières années, aux lendemains des fêtes, on trouvait toujours des moutons aux différents lieux de vente. Pas cette année. Le constat est la pénurie des moutons accessibles aux bourses moyennes, communément appelés ‘’thiogal’’. La cherté et la rareté des moutons ont surpris plus d’un, au sein de la société sénégalaise. ‘’Je n’ai pas pu trouver un mouton pour ma famille, cette année. J’ai même fait le tour du quartier, hier (le jour de la Tabaski), en espérant trouver quelqu’un qui en vend encore, mais rien. (Silence). C’est la première fois que cela nous arrive’’. C’est le témoignage d’une mère de famille habitante des Parcelles-Assainies. ‘’C’est un cauchemar. Surtout pour les enfants qui n’arrivent pas à comprendre la situation’’, ajoute-t-elle avec une mine éplorée.

Le business des agneaux bat son plein

Les béliers disponibles se sont vendus à prix d’or. Ousseynou Sanogo, un vendeur de moutons, venu aussi du Mali, qui séjourne près du stade Léopold Sédar Senghor, trouve que le coût du transport peut être une explication à cette situation. ‘’On paye 10  000 F Cfa pour le transport d’un mouton. Donc, c’est obligé que les moutons soient aussi chers’’, dit-il. ‘’Ces moutons de 4 mois que vous voyez, je ne les vends pas à moins de 75 000 F Cfa. C’est le dernier prix’’, insiste-t-il.

Comme pour corroborer ses propos, ce revendeur, qui a préféré garder l’anonymat, déclare : ‘’Acheter un mouton à 70 000 F Cfa pour le revendre, l’année prochaine, sera une grosse perte. Parce qu’avant la Tabaski de l’année prochaine, les frais pour l’entretien du mouton pourraient dépasser les 100 000 F Cfa.’’ ‘’C’est pourquoi je préfère aller dans les villages, au lendemain de la fête, pour y trouver des moutons moins chers’’, ajoute-t-il.

Ailleurs, au rond-point 26, à quelques mètres du carrefour de Diamalaye, c’est la même ambiance. Les quelques rares moutons qui restent sont inaccessibles. Les opérateurs de Tabaski sont inflexibles, même s’ils ne sont plus aussi nombreux qu’il y a une semaine au même endroit. Ces éleveurs qui, pour la plupart, sont venus du Mali, espèrent encore tirer de nombreux billets de banque aux clients qui voudraient trouver un agneau pour se débarrasser de la charge du mouton, l’année prochaine. Mais attention ! Ici, le mouton de 6 mois est monnayé, pour un premier prix, à pas moins de 400 000 F Cfa.

‘‘Les prix de ces moutons sont excessifs. Je veux en trouver un, avec un budget de 60 000 F Cfa, mais c’est presque impossible’’, se plaint Abdou Diop, un homme de teint noir, la quarantaine, à la recherche de mouton‘’. De l’autre côté, j’ai demandé, mais ils m’ont expliqué que le dernier prix se fixait 75 000 F Cfa’’, ajoute-t-il.

A la recherche d’une brebis depuis des heures, Elimane, lui, a fini par s’en offrir une, en cette mi-journée. Trouvés en plein marchandage tout près de la clôture d’un troupeau, cet habitant de Nord-Foire a pu convaincre son vendeur. Deux cent soixante-quinze mille  F Cfa, c’est le prix de la brebis qu’il a achetée à un homme en sueur dans une chemise bleue. ‘’Non, ce n’est pas pour le sacrifice. Je l’achète pour la reproduction’’, précise-t-il.

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