Péril en la demeure
Voici que la météo sanitaire s'annonce peu clémente pour les jours à venir avec la résurgence de la Covid 19 sous la forme d'un variant, appelé NU, que l'on nous annonce d'autant plus redoutable que les précédents, qu’il présenterait une trentaine de mutations alors que sa parente Delta en présente que deux.
Ce Nu, ou B.1.1.529, inquiète donc légitimement le monde scientifique depuis qu'il a été détecté en Afrique du Sud le 22 novembre dernier. Et pour cause ! En plus de la pluralité de ses possibles mutations, il pourrait résister aux vaccins, présentés jusqu'ici comme la panacée aux offensives invalidantes et mortifères de la Covid 19.
D'où un nouveau round de panique planétaire, dans le déploiement de mesures plus restrictives, les unes que les autres et la furie des cloisonnements territoriaux. Le monde perd pied. Le virus, sinistre, déploie ses forces invisibles dans le déchaînement de ses projectiles létaux. La mort est encore là.
Des responsables de l'Union européenne se sont réunis hier afin de suspendre les voyages en provenance de l'Afrique australe et de contenir la propagation du virus. Mais "c'est presque trop tard", estime un spécialiste qui précise : “C’est une mesure qui permet de ralentir l’expansion d’un variant très contagieux, mais, qui ne permettra jamais de la stopper complètement”. Encourageant.
Au Sénégal, les autorités plutôt déboussolées, préfèrent observer un silence prudent. Les contraintes imposées par le Variant Delta ont à peine permis de légitimes, mais fragiles optimismes, que s'annonce déjà pour eux et pour la planète entière, le cauchemar d'un variant, plus contagieux , plus subtile, plus dangereux. Le spectre d'un éternel recommencement de mesures mille fois prises et autant de fois reprises, la lassitude d'un sentiment d'impuissance voire d'inanité, abusent à terme, les forces et les volontés. Enfermé dans ce cycle de l'absurde, le monde scientifique, médical et politique, se sent mal dans la peau de Sisyphe. Le rocher des actions contre le virus est lourd et il faut le porter inlassablement vers les sommets, alors même que les ‘’variants’’ successifs, les mutations intempestives, le redescendent vers la vallée.
Le Sénégal, tétanisé donc, n'a encore rien décidé quant à ses frontières et le territoire reste ouvert à tous, tandis qu'ailleurs, le monde se calfeutre.
Omicron, puisque, c'est de ce variant qu'il s'agit, dicte sa loi. On ignore tout ou presque de lui, à part que les vaccins en cours risquent de n'avoir sur lui, aucun effet. Suffisant pour alimenter la fontaine des "anti-vaccins" qui alléguaient déjà, en priorité de leur argumentaire, l'impuissance des vaccins à éviter les contaminations. Donc, qui vidaient les supposés vaccins, de leur substance. Ce qui est inefficace est substantiellement inutile.
Alors que l'on traîne déjà le boulet de l'impéritie vaccinale et du génie imaginatif qu'il faut déployer pour convaincre les cibles de son importance à empêcher les formes graves, voici qu'il faut tout recommencer : trouver un nouveau vaccin ou de nouvelles formules à la hauteur de la funeste sagacité d'un variant qui n'est qu'à son stade de déploiement.
En 47 jours seulement, le variant Delta avait fait au Sénégal, 27 000 cas positifs avec 459 décès à la clef. Les Hôpitaux ne se sont pas encore vidés des stigmates de ce passage. Chaque jour passe avec son lot, certes faible, de contamination et de décès. Et déjà Omicron est là, dans la trivialité d'une dénomination elle-même anxiogène et qui sonne le tocsin des tragédies annoncées.
En Afrique du Sud donc, mais aussi au Botswana, en Belgique, à Hong Kong et en Israël, le variant Omicron lance ses premières offensives. Il serait naïf de croire que nous n'y seront pas confrontés, dans quelques jours ou semaines. Il est donc urgent de fermer une nouvelle fois les frontières, comme vient de le faire si courageusement Israël, en attendant de suivre l'évolution du mal autour de nous et d'y apporter les réponses idoines, pour éviter au pays les douleurs et les risques d'un nouveau confinement. Avec Omicron, plus qu'avec les variants précédents de la Covid 19, il y a vraiment péril en la demeure.