Publié le 21 Oct 2022 - 18:18
CINÉMA - ‘’QUE LE PÈRE SOIT’’ DE CLARENCE THOMAS DELGADO

L'orgueil de l’homme dénoncé dans un film 

 

Le film de Clarence Thomas Delgado, ‘’Que le père soit’’, impressionne grâce à une histoire captivante, au jeu d'acteurs et aux décors, entre autres. À travers une histoire d’amour familiale, M. Delgado dénonce l’’orgueil’’ de l’homme dans une vie de couple. 

 

On peut passer toute une vie à trouver un défaut sur le film ‘’Que le père soit’’ de Clarence Thomas Delgado sans en trouver.  Et même s’il en avait, il passerait inaperçu. Lors de la projection en avant-première au cinéma Pathé Dakar, malgré quelques soucis techniques  (imprévisibles), l’enthousiasme des cinéphiles est resté intact. Ce film de celui qui se fait appeler ‘’Héritier du cinéma africain’’ accroche. Il évoque une belle histoire d’amour familiale.

Clarence Delgado entend rendre hommage aux femmes battantes qui s’assument. ‘’Je voulais décrire un peu l'orgueil de l’homme. Dans un couple, quand il n’y a pas d’enfant, on dit toujours : ‘C’est la femme !’ Ce n’est jamais l’homme… J’ai voulu foutre un coup de pied dans cette fourmilière’’.

En effet, dans le film, Christine décide d’offrir, par amour, une paternité à son mari stérile, à son insu. Elle estimait que c’était la meilleure façon de faire croire à Fernand qu’il pouvait être géniteur.  Mais un jour, un bébé abandonné par une jeune mère désespérée a été déposé dans la boutique de son mari. Parce que ce dernier, vendeur d’articles de bébé de premiers âges, est réputé être un homme qui aime les enfants. Puis, le couple décide d’aller ensemble faire une déclaration à la police.

Mais, à leur grande surprise, devant l’inspecteur, Fernand est appelé à prouver qu’il n’est pas le père du bébé abandonné.  La suite de cette histoire lui permettra de découvrir qu’il n’est pas du même groupe sanguin que Tania, celle qu’il croyait être sa fille et qu’il a chérie pendant tant d’années. Une découverte qui gâche sa joie de vivre.

Mais l’amour, la tolérance et le pardon finiront par prendre le dessus. Une fin heureuse.

Au-delà de l’histoire, le décor, la musique de Daniel Gomes, les costumes, ainsi que le jeu d'acteurs sont tout aussi impressionnants.  Par rapport aux acteurs nantis  et de leur façon de vivre,  Clarence Thomas Delgado précise qu’il parle de sa communauté qu’il croit maîtriser. ‘’Quand j’ai écrit le film, à chaque fois que je le présentais, les gens me disaient que ce n’est pas sénégalais, ce n’est pas africain. Mais c’est quoi sénégalais ? C’est quoi africain ? Et c’est de là que j’ai eu l’idée, avec la complicité de Baba Diop, d’intégrer les corés’’, a rétorqué celui qui serait le seul à avoir vu Ousmane Sembène agonisant.

L’acolyte du scénariste, Ousmane Doudou Maty Ndiaye,  précise qu’il n’a pas fait un film religieux, qu’il a tout simplement parlé de son entourage, de sa famille qui est religieuse, surtout sa mère. 

En effet, la parole de la Bible est très présente dans le film.

Fatou Jupiter Touré : ’’Nous sommes en train d’écrire l’histoire’’

Le journaliste et critique de cinéma Aboubacar Demba Cissokho a partagé sa joie d’avoir vu le film.  ‘’Le décor du film est celui, grouillant, d’une ville africaine contemporaine. Ce qui s’y construit l’est de manière intelligente : on n’est pas dans le slogan, mais dans un questionnement qu’il faut percevoir dans les scènes et les mots…’’, a-t-il écrit sur sa page Facebook. ‘’On peut trouver à redire sur la longueur de certaines scènes, mais Clarence Delgado maîtrise son film, grâce à des personnages qui tiennent très bien leur rôle’’, a-t-il indiqué. Non sans souligner que Delgado bouscule une certaine idée de l’homme tout-puissant, dominant dans sa vie de couple, pour exposer sa ‘’fragilité’’, la capacité de la femme à pouvoir, elle aussi décider de sa vie, à la fois professionnelle et sociale, ainsi que de sa foi.

De son côté, Fatou Jupiter Touré, qui a interprété le rôle de Christine, a salué  l’évolution phénoménale’’ du cinéma sénégalais. Elle note un progrès dans plusieurs corps de métier. ‘’Nous sommes en train d’écrire l’histoire. On se perfectionne. On prend en compte les réalités africaines. On est beaucoup plus professionnel  par rapport aux costumes et aux décors. Je crois que les meilleurs jours du cinéma sénégalais sont à venir’’, s’est-elle félicitée après la séance de projection.

BABACAR SY SEYE

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