Un débit de boisson alcoolisée met le quartier en émoi
Sous prétexte que le propriétaire d'un débit de boisson alcoolisée n'a pas d'autorisation et qu'il enfreint les textes régis par la Préfecture, les populations de la Cité Sotrac de Keur Massar ont réclamé et obtenu sa fermeture. Cependant, le propriétaire du débit incriminé continue son business dans la clandestinité.
Le feu couve à la cité Sotrac de Keur Massar où un différend oppose les populations au sieur Joseph Mendy qui a ouvert un débit de boisson alcoolisée dans le quartier, sans autorisation. Après moult acrobaties au niveau de la Préfecture et de la gendarmerie de la localité, les populations ont finalement eu gain de cause. Le bar est fermé. Mais son propriétaire s'entête et continue sa vente illicite. ''Le bar est fermé, c'est vrai. Mais M. Mendy continue de vendre de l'alcool de manière clandestine. Ses clients entrent dans la maison pour acheter'', a affirmé Mamadou Thiang, habitant du quartier. Joint par EnQuête, Joseph Mendy a démenti. ''Ce n'est pas vrai, il vous raconte des histoires'', a lancé le tenancier, avant de nous raccrocher au nez.
Le différend opposant M. Mendy aux populations de la cité SOTRAC de Keur Massar remonte à quelques mois. Les populations qui n'ont pas digéré qu'un débit de boisson alcoolisée ait été ouvert dans leur localité avaient d'abord initié une pétition qui avait recueilli plus de quatre-vingts signatures. Elles demandaient la fermeture de ce qu'elles appellent ''un bar''. ''Je n'ai pas un bar. J'ai un dépôt de boisson pour la vente à emporter. On ne consomme pas l'alcool sur place'', se défendait Joseph Mendy. Passant outre la terminologie, les populations avaient fait appel à des voies et recours légaux pour demander la fermeture des lieux. C'est dans cette perspective que la Gendarmerie de Keur Massar a été saisie. Un processus jugé lent a été enclenché et a mené à la fermeture du débit de boisson. ''On ne comprend pas pourquoi la Gendarmerie a tardé à sévir'', s'est demandé le chef de quartier de la Cité Sotrac de Keur Massar, Ousmane Ndiaye. Surtout que ce ne sont pas les plaintes qui ont manqué.
L'autorisation est valable pour Grand-Yoff
''J'ai un registre de commerce en bonne et due forme qui a été légalisé'', se targuait M. Mendy, n'hésitant d'ailleurs pas à brandir la '' fausse note'', à chaque fois que de besoin. C'est ainsi qu'il a présenté ses papiers à l'imam du quartier accompagné du chef de quartier et d'autres notables venus s'enquérir de sa situation. ''C'est par respect que je leur ai montré mon registre de commerce. Rien ne m'y obligeait'', déclarait Mendy.
Sauf que l'autorisation n'est valable que pour Grand-Yoff. ''On est allé à la Préfecture pour dénoncer ce qui se passe dans notre quartier. Il s'est avéré que ce débit de boisson alcoolisée ne doit pas être ici. Il est dit dans les textes qu'on ne peut délivrer une autorisation pour ce genre de commerce que quand l'endroit n'est pas à côté d'une école, d'un lieu de culte ou d'un établissement de santé'', indique Mamadou Thiang. Le commerce de Joseph Mendy est en face d'une école Franco-arabe qui jouxte un daara. À quelques encablures se trouve une mosquée et une clinique. Suffisant pour qu'aucune autorisation ne lui soit délivrée, selon les populations. Elles redoutent que cet établissement ne pervertisse leurs enfants. L'imam Sow jure la main sur le cœur avoir vu des adolescents se procurer de l'alcool chez Mendy. La maison de l'imam est contiguë à celle du barman. Là également, le concerné bat en brèche. ''Je suis responsable. Je ne vendrai jamais de l'alcool à des mineurs''.
Une altercation est survenue au cours du mois de décembre dernier. Tout a commencé par une bagarre entre le fils de l'imam et celui du barman. Sous prétexte que le dernier nommé a cherché le premier, le quartier s'est regroupé pour démolir la boutique des Mendy. En effet, le propriétaire avait déjà eu un différend avec l'imam en personne qui avait préféré l'ignorer. N'eût été l'intervention des notables, ce jour-là, le problème allait dégénérer. Surtout que Joseph Mendy déclare que s'il avait possédé une arme ce jour-là, il aurait tiré. Les notables du quartier continuent à tempérer.
BIGUÉ BOB
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