Des ONG boycottent Banjul comme siège
La session de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples, prévue du 3 au 23 avril à Banjul, se fera sans un grand nombre d'ONG africaines et internationales. Et il en sera ainsi, déclarent-elles dans une lettre de protestation, tant que le siège de la Cadhp ne sera pas délocalisé dans un pays «plus crédible » que la Gambie.
Pays abritant le siège de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP), la Gambie mérite-t-elle cet honneur au vu des «violations systématiques» des droits de l'homme qui y ont cours ? Pour des ONG africaines et internationales des droits humains, la réponse ne fait pas de doute : c'est non.
A travers une lettre adressée à la présidente de la Cadhp, elles protestent et boycottent le forum des ONG et les sessions de ladite commission prévus à Banjul du 3 au 23 avril prochain. Et elles avertissent qu’il en sera ainsi, ‘’aussi longtemps que perdureront les violations flagrantes des droits de la personne humaine en Gambie’’. Même si les protestataires reconnaissent que la Commission, au cours des dernières années, a réalisé quelques progrès, ils notent que d'autres progrès restent à faire. D’où leurs inquiétudes sur la capacité de l’entité à ''s’exprimer légitimement sur les violations et à protéger les droits humains, si elle reste basée en Gambie, l'un des pays les plus répressifs du continent''.
Lors des sessions de la Commission à Banjul, il est fait état de la violation des droits humains dans tous les pays sauf en Gambie, renseigne Oumar Diallo de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO). Les ONG protestataires confient avoir documenté plusieurs déclarations publiques du président Jammeh dans lesquelles il menace les défenseurs des droits humains locaux et étrangers qui sont diabolisés. La conséquence de tels actes est le ''musellement'' des organisations de défense des droits humains, surtout celles locales. Lesquelles ''rechignent systématiquement, du fait de la peur, à faire toute déclaration publique devant votre auguste Commission lorsque les sessions sont tenues en territoire gambien’'', formule-t-on à l’endroit de la présidente.
Ensemble pour une délocalisation du siège de la Commission
Avec fermeté, les signataires de la lettre affirment : ‘’Nous sommes profondément déçus que malgré les violations graves et systématiques, la Commission décide de tenir sa prochaine session en Gambie’’. Ainsi, renchérissent-elles, la décision de s’abstenir à participer à la prochaine session à Banjul exprime la ‘’profondeur’’ de leur déception. À moins que des mesures appropriées ne soient prises contre les ‘’agressions délibérées et flagrantes’’ portées sur le système de la Charte africaine par la Gambie, lit-on dans la lettre. Elles se disent déterminées à lancer une campagne pour la ‘’délocalisation’’ du siège de la Commission africaine de la Gambie. Une demande déjà formulée le 6 octobre 2012, alors que la Commission célébrait son 25éme anniversaire à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire.
Une déclaration avait été faite par le biais du Centre pour la démocratie et les Études des droits de l'Homme, pour que la ‘’Gambie soit dessaisie du privilège d’être le pays hôte de la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples’’. Elles exhortent les leaders de l’Union africaine à procéder au déplacement du siège de la Commission dans un pays ‘’crédible qui mérite d’abriter un mécanisme continental de protection des droits humains’’. Parmi les signataires, des ONG du Burkina Faso, de la Côte-d’Ivoire, de la Gambie, du Liberia, de la Mauritanie, du Nigeria, du Sénégal, de la Sierra Léone, de la Zambie et plusieurs autres basées en Europe et partout dans le monde.
Amadou NDIAYE
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