Les acteurs culturels sénégalais se rebiffent
Beaucoup de mots pour dénoncer un maux : les fréquents refus de visa essuyés par les acteurs culturels sénégalais à l'ambassade de France au Sénégal. Hier, les ''victimes'' ont vidé leur sac les autorités consulaires françaises. Mais ont également appelé celles du Sénégal à une réaction à la hauteur de l'affront subi.
Musiciens, comédiens, écrivains, producteurs, peintres. Il y avait du beau monde, hier, à la Maison de la culture Douta Seck, pour faire le procès des autorités consulaires française au Sénégal. Raison du courroux : les fréquents refus de visa essuyés par les acteurs culturels sénégalais à l'ambassade de France au Sénégal. Le dernier cas en date concerne le professeur grammairien Oumar Sankaré. Une goutte de trop.
''L’octroi d’un visa est une exception à l’ambassade. Le refus est depuis quelque temps la règle'', a entonné Alioune Badara Bèye, président de l’Association des écrivains du Sénégal (AES). Embouchant la même trompette, le tout nouveau directeur du Bureau sénégalais des droits d'auteurs (BSDA), Mounirou Sy a estimé que ''refuser le visa à Thione Seck (chanteur) et au Pr Omar Sankaré, c’est le refuser à toute l’Afrique noire''. Raison pour laquelle d’ailleurs, le juriste a encouragé les acteurs culturels à poursuivre leur action de protestation qu’il juge ''juste et légale''. Sur cette lancée, M. Sy a exhorté le peuple sénégalais se battre pour l’équité, la réciprocité et l’égalité.
La rencontre d'hier coïncidait avec la date retenue pour la remise des Palmes académiques par l’ambassade de France à des plumes sénégalaises dont Fama Diagne Sène et le Pr Oumar Sankharé. La première citée a décliné l’offre de l’ambassade de France pour soutenir son collègue et ''ami'' Oumar Sankaré. ''Avec Omar Sankaré, on a mené des batailles et on a eu des victoires. Je ne pouvais me rendre à cette cérémonie sans lui et sans l’Association des écrivains du Sénégal'', a expliqué Mme Sène. Elle a ajouté ne pas pouvoir recevoir cela de ''mains ayant sali des hommes de culture en leur refusant le permis de voyager'''. Toutefois, l’auteur du livre Le baobab du lion remercie la France qui lui a décerné cette distinction.
Pour marquer le coup, un tableau a été peint à lors de cette cérémonie. La peintre Fatou Kiné Diakhaté a donné le ton, puis passé le pinceau permettant à chaque membre de l'assistance - y compris Thione Seck et Oumar Sankaré - d'apporter sa touche d’indignation. Il y a quelques jours, des étudiants sénégalais ont manifesté devant les grilles de l’ambassade de France au Sénégal pour dénoncer ''l'humiliation'' faite au Pr. Sankaré.
BIGUÉ BOB