Publié le 6 Jul 2021 - 01:17
CONTRATS PETROLIERS, 3e VAGUE, VACCINATION CONTRE LA COVID-19

Macky Sall, du discours à la réalité 

 

Aux 21es Rencontres économiques d’Aix-en-Provence (France) tenues ce weekend, le président de la République a encore porté la voix des marginalisés des relations internationales.

 

Doctrine. Discours. Plaidoyer. Où situer les sorties du président de la République sénégalais pour défendre les intérêts des Etats africains, lorsqu’il s’exprime sur les tribunes internationales ? C’est encore un Macky Sall offensif, défenseur des inégalités et injustices dans le traitement des Africains, dans les relations économiques et politiques internationales, qui a pris part, hier, en tant qu’invité, à une session spéciale, par visioconférence, aux 21es Rencontres économiques d’Aix-en-Provence.

Cet événement, tenu les 2, 3 et 4 juillet 2021, a permis de réunir plus de 350 intervenants de toutes les sensibilités, autour de la thématique ‘’Saisir l’avenir, ensemble’’.

Cette année, le Cercle des économistes s’est fixé l’objectif d’apporter des réponses aux deux interrogations majeures qui doivent irriguer le débat public français : quel avenir pour le capitalisme ? Comment la France peut-elle réellement rebondir ?

Futur président de l’Union africaine (UA) en 2022-2023, Macky Sall a décliné une feuille de route pour un mandat qu’il compte inscrire dans la ‘’continuité et le changement’’. ‘’La continuité, détaille le président de la République, c’est de porter la voix du continent sur les questions qui nous interpellent. Le combat sur la juste rémunération de nos ressources, particulièrement les ressources naturelles, pétrolières. Cela va poser la lancinante question des contrats pétroliers, miniers qui ont été conclus souvent avec la législation d’une autre époque, mais qui ont été imposées aux pays africains. Il va falloir revenir sur tout cela, comme d’ailleurs le G7 et le G20 ont eu le courage de revenir sur la question de la fiscalité des multinationales, faire en sorte qu’il y ait une solidarité internationale’’.

Cent trente pays négociant sous l'égide de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont, en effet, annoncé, jeudi dernier, avoir conclu un accord prévoyant un taux minimal d'imposition. Le texte qui doit mettre en œuvre cette réforme est fin prêt, sur ces deux piliers : l’impôt minimum mondial d’au moins 15 % qui va de facto neutraliser les paradis fiscaux à taux zéro (îles Caïmans, îles Vierges britanniques, Jersey, etc.) et la redistribution d’une part du surplus de profits des multinationales aux Etats dans lesquels elles font des affaires sans y avoir d’implantation, parmi lesquels de nombreux pays en développement.

Renégocier les contrats pétroliers, miniers…

A l’image de cet accord qualifié d’historique par les nations les plus riches du monde, le président Macky Sall incite les Etats africains à avoir le courage de renégocier les contrats miniers et pétroliers.

‘’Personne ne pourra arrêter l’injustice dans le monde. Il nous faut essayer d’atténuer ces différences et travailler pour une juste rémunération de ces ressources. Et surtout, si l’impôt est payé là où la richesse est produite, l’Afrique n’a pas besoin d’aide’’, assure-t-il.

Peut-être en oubliant qu’au Sénégal, des contrats particulièrement décriés l’attendent et à propos desquels des manifestations ont été organisées pour qu’ils soient renégociés. Le plus évident reste le décret d’approbation des contrats pétroliers avec Petro-Tim qu’il a signé, malgré le fait que l’entreprise ne remplissait pas les critères requis pour faire de l’exploration au Sénégal. La suite, selon les révélations de la BBC en 2019, Frank Timis aurait gagné des milliards de dollars dans le dos des Sénégalais.     

En plus, des dispositions sur ce nouvel accord sur un taux d’imposition mondial minimum tendent vers un profit réduit pour les Etats africains.

En effet, les industries extractives et minières, ‘’parce qu’elles génèrent une rente pour les pays en développement’’ et les services financiers, vont bénéficier d’exemptions. Si cet accord vise les Gafa dont une grande partie des impôts échappe aux pays riches, les géants du pétrole et des mines qui exploitent pour la plupart des ressources en Afrique et dans les pays en développement, ont été soustraits. Un manque à gagner conséquent pour ces Etats.

Une troisième vague difficile

Les Rencontres économiques d’Aix-en-Provence ont également été une tribune saisie par le président sénégalais pour dénoncer ce qu’il assimile à un nationalisme vaccinal. ‘’Malgré les efforts sur l’Initiative Covax, déplore Macky Sall, les grands pays ont pratiqué un nationalisme vaccinal. J’ai même été très surpris, hier, d’apprendre que dans un zoo aux États-Unis, on est en train de vacciner des animaux contre la Covid-19, pendant que l’humanité, pour l’essentiel des pays en développement, est à moins de 1 % de taux de vaccination’’.

Selon les chiffres partagés lors de ces rencontres, en début juin, 2 milliards de personnes dans le monde ont reçu au moins une dose de vaccin, soit 29 personnes sur 100. Mais cette moyenne cache des disparités ; 64 personnes sur 100 ont reçu un vaccin en Amérique du Nord et en Afrique 3.

Le retard enregistré dans la vaccination fait aussi dire à Macky Sall ‘’que cette dernière poussée épidémique, qui correspond à ce qu’on appelle la 3e vague, risque d’être quelque peu difficile pour l’Afrique. Compte tenu de ce variant Delta et compte tenu du relâchement’’. 

Au terme des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence 2021, 10 propositions ont été formulées à l’égard des autorités politiques. Quelques-unes dont pourrait s’inspirer le chef de l’Etat est de ‘’soutenir les bas salaires des métiers de la première ligne, publics et privés, dont nous ne pouvons plus ignorer le manque de considération salariale, au vu de leur utilité sociale et de leur pénibilité’’. Mais également, de ‘’revaloriser vraiment la rémunération du personnel soignant, des enseignants et des enseignants-chercheurs de la Fonction publique’’.

Lamine Diouf

 

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