Le PDS annonce une riposte nationale
L’interpellation de Karim Wade a mis le PDS en ordre de bataille. Le parti libéral appelle publiquement à une marche nationale le 23 avril, mais laisse officieusement le soin, à ceux qui le désirent, de troubler le pays.
Visages crispés, mines sévères, les leaders du Parti démocratique sénégalais ont connu bien meilleurs jours qu’hier. En Comité directeur, ragaillardis par la présence de leurs alliés, ils ont craché du feu pour consumer Macky Sall et ses acolytes. En ordre de bataille, ils se sont fixé l’objectif de paralyser le pays le 23 avril prochain à travers «une vaste mobilisation nationale». Mais en attendant cette date, le chef de file Oumar Sarr laisse le champ libre à quiconque souhaiterait poser des actes «maléfiques» contre le régime «fétichiste» de Macky Sall.
«D’autres structures ont décidé d’autres actions et vont le faire, elles en ont le droit, dit-il. Mais en tout cas nous du Pds, nous avons décidé de mener une grande manifestation le 23 avril.»
Cette annonce prend de l’estime chez les militants, mais ils sont plus radicaux. ‘’Le 23 avril, c’est trop loin, il nous faut agir et vite’’. Pour les dirigeants libéraux, la volonté de détruire leur parti est l’expression de ‘’l’incapacité’’ du nouveau régime à résoudre les problèmes des Sénégalais. Et voilà pourquoi le parti a appelé solennellement ses dirigeants, les sections et les fédérations à se mobiliser pour défendre le pays. Oumar Sarr de poursuivre que le Pds appelle l’initiative de rassemblement patriotique ‘’Booloo Taxawu Askan wi’’ et tous les partis, syndicats, mouvements citoyens à unir leurs forces pour en découdre avec un régime ‘’incapable’’.
La marche projetée se fixe l’objectif d’exiger la libération sans condition de Karim Wade et de ses co-accusés et de l’ensemble des ‘’otages politiques’’. Pour le Comité directeur, la riposte doit être portée dans les villages, villes, départements et régions. Il a appelé toutes ses structures et tous ses militants à être ‘’en ordre de bataille’’ pour une riposte ‘’nationale, multiforme et multisectorielle face à l’incurie du gouvernement’’. Dès aujourd'hui mercredi, la demande d’autorisation sera déposée sur le bureau du commissaire central de Dakar, mais pour Oumar Sarr et Cie, autorisation ou pas, la manifestation aura lieu dans tous les cas.
Demba Dia sabre le Procureur
De gauche à droite le secrétaire national du Pds, Oumar Sarr, a été floqué de Madické Niang, Daouda Faye, Ousmane Ngom, Farba Senghor, Diagne Fada, etc. Des artistes ont fait le déplacement à l’image de la chanteuse Kiné Lam et de l'ex «griot de l'alternance» Abdoulaye Mbaye Pekh. ‘’Je rappelle que Karim Wade est jeune, en bonne santé, il n’est pas cardiaque, ne se drogue pas, ne va pas en boîte ni au sabar (séance de tam-tam)», a égrené Pekh, comme pour prévenir contre toute atteinte à l’intégrité physique du fils de l'ancien président.
Parmi tous, c’est l’artiste-politicien Demba Dia qui aura le plus retenu l’attention. Invité à prendre la parole en tant qu’allié du Pds, Demba Dia a formulé des prières pour l'ex-chef de l'État. De quoi soulever la clameur dans cette salle de la permanence du parti subitement devenue petite. À l’unisson, ils se sont tous levés, ils ont applaudi et ont scandé la force de leur ‘’Gorgui’’, ou l’invulnérabilité du fils Karim. Reprenant la parole, Demba Dia a tiré à bout portant sur le procureur Alioune Ndao ‘’le corrompu’’, sur la justice sénégalaise ‘’la téléguidée’’ et sur Macky Sall et ses ‘’lobbies d’homosexuels’’...
AMADOU NDIAYE