Publié le 2 Sep 2024 - 09:15
COOPÉRATION AFRIQUE-CHINE

L'empire du Milieu, terre d’opportunités pour les entrepreneurs africains

 

Le président Diomaye Diakhar Faye entame une visite d’État en Chine les 3 et 4 septembre 2024, à l'invitation du président Xi Jinping. Accompagné de sa première épouse et d'une délégation de haut niveau, cette visite marque un tournant dans les relations entre le Sénégal et la Chine. Le voyage vise à renforcer les liens bilatéraux et explorer de nouvelles avenues de coopération, en particulier dans les domaines du commerce, des investissements et des technologies. Ce déplacement intervient dans un contexte de dynamique accrue des échanges sino-africains, comme le souligne Lamine Guèye, spécialiste en commerce international, et Mouhamadou Bassirou Pouye, secrétaire général de la Chambre de commerce de Yiwu Chine-Afrique.

 

La visite du président Diomaye Diakhar Faye en Chine s'inscrit dans une stratégie plus large de renforcement des relations bilatérales entre le Sénégal et la Chine. Ce déplacement revêt une importance capitale, non seulement pour affirmer le rôle du Sénégal sur la scène internationale, mais aussi pour explorer de nouvelles opportunités économiques. Le sommet coïncide avec une période de croissance significative des échanges entre la Chine et l'Afrique, offrant une plateforme pour discuter des futurs partenariats.

Les relations sino-africaines : une croissance continue

Les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique ont connu une croissance impressionnante, ces dernières années. En 2023, le volume du commerce sino-africain a atteint un record de 282,1 milliards de dollars, marquant une augmentation de près de 11 % par rapport à 2021. Les statistiques montrent une résilience remarquable du commerce sino-africain, avec une forte croissance des échanges avec de nombreux pays africains. La Chine continue de jouer un rôle central en tant que principal investisseur étranger et partenaire économique pour l'Afrique.

Mouhamadou Bassirou Pouye, secrétaire général de la Chambre de commerce de Yiwu Chine-Afrique, souligne plusieurs points clés concernant la relation commerciale entre les deux régions. Selon lui, les PME africaines disposent de nombreuses opportunités sur le marché chinois, qui est l'un des plus vastes au monde avec une classe moyenne significative.

Toutefois, pour que ces PME puissent maximiser leur potentiel, elles doivent améliorer la qualité de leurs produits, pour rivaliser avec ceux provenant des États-Unis et de l'Europe. Il souligne également l'importance de la plateforme CIIE (China International Import Expo) pour aider à rééquilibrer la balance commerciale de la Chine et promouvoir les exportations africaines.

Les secteurs dynamiques et les opportunités pour l'Afrique

Les investissements chinois en Afrique se concentrent sur plusieurs secteurs clés, notamment l'infrastructure, l'agriculture et la transformation industrielle. En 2023, le stock d'investissements étrangers directs de la Chine a dépassé 40 milliards de dollars. Les entreprises chinoises ont également créé plus de 1,1 million d'emplois en Afrique. L'infrastructure reste un domaine privilégié, avec des contrats de construction signés pour plus de 700 milliards de dollars au cours de la dernière décennie.

De plus, des collaborations émergent dans des domaines comme l'aérospatiale, le commerce électronique et la santé, avec des projets de satellites, des festivals d'achat en ligne et des investissements dans les médicaments en Afrique.

Selon Lamine Guèye, spécialiste en commerce international formé en Chine, le Sénégal doit se concentrer sur l'industrialisation, pour ne pas se limiter à l'exportation de matières premières. Il souligne également l'importance pour le Sénégal de s'intégrer davantage dans les structures internationales comme les Brics, dont la Chine est un membre clé. La coopération technologique, notamment dans les domaines de l'intelligence artificielle et de la digitalisation, représente une avenue cruciale pour le Sénégal et l'Afrique en général. Monsieur Guèye recommande que la visite du président Faye se concentre sur ces aspects, pour tirer parti du potentiel de la Chine.

L'importance de la visite et les attentes

La visite du président Diomaye Faye est perçue comme une étape importante pour renforcer les relations bilatérales et poser de nouveaux jalons dans la coopération sino-sénégalaise. Les attentes sont élevées, avec des espoirs de nouveaux accords dans des domaines clés tels que les infrastructures, l'agriculture et la transformation industrielle. La visite pourrait également ouvrir la voie à des collaborations dans des secteurs technologiques avancés et favoriser une meilleure intégration du Sénégal dans les réseaux commerciaux et économiques globaux.

Toujours selon Lamine Guèye, l'Afrique peine encore à explorer pleinement le marché chinois, principalement parce que de nombreux pays du continent ne sont pas producteurs de biens exportables adaptés aux besoins de ce marché. Ce défi est partagé par la majorité des nations africaines. Guèye souligne qu'il est crucial de rester vigilant face à cette situation. Il rappelle que la Chine, désireuse de s'imposer comme une puissance mondiale, se considère comme le centre du monde, comme en témoigne le terme chinois ‘’Zhong Guo’’ (l'empire du Milieu).

En revanche, l'Afrique est perçue comme un vaste espace encore largement sous-exploité, qualifié de ‘’Féi Zhong’’, c’est-à-dire le néant. Si l'Afrique ne prend pas garde, elle risque de se retrouver dans une situation où elle ne serait qu'un grand consommateur, dépendant uniquement des productions étrangères, à l'instar de sa relation historique avec l'Occident.

Monsieur Guèye insiste sur le fait que, bien que la Chine ait massivement investi en Afrique et que le volume des échanges commerciaux entre les deux régions ait été multiplié par vingt entre 2002 et 2020, il est impératif d’examiner de près les conditions de ces investissements. La Chine, en tant que premier partenaire commercial et créancier de l'Afrique, doit faire preuve de flexibilité.

Pour établir un partenariat véritablement gagnant-gagnant, l'Afrique doit également se concentrer sur l'industrialisation, pour éviter de se contenter de l'exportation de matières premières. Il est crucial que les produits africains puissent accéder plus facilement au marché chinois, grâce à des règles commerciales favorables, renseigne ce diplômé de l'université de Heilong Jiang en Chine.

La visite du président Diomaye Diakhar Faye en Chine marque un tournant significatif dans les relations entre les deux pays. En explorant de nouvelles opportunités de coopération et en renforçant les liens bilatéraux, cette visite est un pas important vers une collaboration accrue et mutuellement bénéfique. Les analyses de Mouhamadou Bassirou Pouye et Lamin Guèye mettent en lumière les défis et les opportunités qui attendent le Sénégal dans cette dynamique. En tirant parti de cette visite, le Sénégal peut espérer une intégration plus profonde dans les réseaux économiques mondiaux et une croissance continue dans ses relations avec la Chine.

Le 9e Focac axé sur une nouvelle ère numérique

Diomaye Faye, Félix Tshisekedi (RDC), Brice Clotaire Oligui Nguema (Gabon) et Denis Sassou Nguesso (Congo)… Ces dirigeants africains, désireux de renforcer leurs relations économiques avec la Chine, se rendront en grand nombre à Pékin pour le 9e Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) qui se tiendra du 4 au 6 septembre. La capitale chinoise se prépare à accueillir ce sommet important, alors que de nombreux chefs d'État africains arrivent dans le pays de la Grande Muraille, renseigne ‘’Jeune Afrique’’.

Ce forum, axé sur une nouvelle ère numérique, est l'occasion pour les deux parties de revisiter et de redynamiser leur coopération. La Chine, ayant signé divers accords dans le domaine numérique avec plusieurs pays africains, cherchera à tracer de nouveaux sillons de collaboration. Les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique ont connu une hausse de 5,5 % au cours des sept derniers mois, atteignant 166 milliards de dollars, selon les données de l'Administration générale des douanes chinoises.

À Pékin, les nations africaines tenteront probablement de négocier de nouveaux prêts ou de rééchelonner leurs dettes. Entre 2000 et 2023, les prêteurs chinois ont octroyé 1 306 prêts totalisant 182,28 milliards de dollars à 49 gouvernements africains, selon le Global Development Policy Center de l'université de Boston. Cette politique de prêts, bien que bénéfique pour certains, contribue au renforcement de l’endettement du continent et complique la gestion des finances publiques.

Amadou Camara Gueye

Les chefs d'État africains présents, dont Bassirou Diomaye Faye, qui effectuera son premier voyage en Chine ainsi que Félix Tshisekedi de la RDC et Faustin-Archange Touadéra de la Centrafrique. Le président de la transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, sera accompagné de son Vice-Premier ministre Alexandre Barro Chambrier, de son ministre des Affaires étrangères Régis Onanga Ndiaye et de Maÿs Mouissi, ministre de l’Économie et des Participations.

Andry Rajoelina, président malgache, renforçant sa coopération avec la Chine ces dernières années, sera également présent avec sa cheffe de la diplomatie Rasata Rafaravavitafika. En juillet, Madagascar et la Chine ont signé un projet pour développer la technologie du riz hybride dans la Grande Ile afin d'atteindre l'autosuffisance en riz. La directrice générale de la Coopération internationale, Rabemananjara Harifera Elisa, sera aussi du voyage.

 

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