Publié le 18 Jul 2025 - 11:11
CLIMAT - INSECURITE ALIMENTAIRE ET HYDRIQUE, EXODE RURAL, CHÔMAGE…

Les résultats alarmants d’une étude de l’UCESA

 

Le Sénégal, en tant que nation soudano-sahélienne, est exposé aux risques climatiques. Une étude menée par l’UCESA révèle la manière dont l’opinion publique sénégalaise appréhende la réalité du changement climatique.

 

Le Sénégal est caractérisé par un climat tropical soudano-sahélien, avec une saison des pluies courte et concentrée entre juin et octobre, dont l'intensité varie fortement du nord (très aride) au sud (plus humide). Les températures moyennes oscillent entre 24 °C et 30 °C, atteignant des pics en avril-mai. Le pays subit de plus en plus de phénomènes climatiques extrêmes : sécheresses récurrentes, inondations, érosion côtière et vagues de chaleur, aggravées par une élévation du niveau de la mer estimée à environ 3 mm/an, menaçant les infrastructures côtières de villes comme Saint-Louis et Dakar.

Les projections climatiques indiquent une augmentation des températures de +1,5 à +3 °C à l'horizon 2050, et jusqu'à +4 °C d'ici 2100 selon les scénarios d'émissions. La pluviométrie deviendrait plus irrégulière, avec un allongement des périodes sèches et des épisodes de pluie plus intenses.

Les résultats d’une l’étude menée par l’Union des Conseils Économiques et Sociaux et Institutions Similaires d’Afrique (UCESA) révèlent que la réalité du changement climatique est profondément ancrée dans l’opinion publique sénégalaise. En effet, 67 % des sondés ont affirmé constater des changements significatifs dans le climat ces dernières années, ce qui renforce leur conviction quant à l’existence du changement climatique. Ces changements se manifestent principalement par des irrégularités pluviométriques et thermiques, avec une tendance marquée à la hausse des températures, des modifications dans les régimes de précipitations, des dérèglements saisonniers, des inondations, des sécheresses, ainsi que par l’érosion côtière des villes telles que Dakar et Saint-Louis.

Une distinction notable a été observée entre les différentes tranches d’âge. Les sondés les plus jeunes (18 à 25 ans) ont davantage tendance à percevoir des changements dans le cycle des saisons, tandis que les personnes plus âgées ont plutôt constaté des événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique.

Selon les citoyens interrogés, l’action humaine est identifiée comme la principale cause des variations climatiques observées au Sénégal. Environ 51 % des répondants considèrent que la déforestation est le principal facteur responsable, tandis que 45 % ont mentionné la pollution et les émissions de GES des pays riches, et 41 % ont évoqué les changements des modes de vie et les évolutions récentes au sein de la société sénégalaise.

Par ailleurs, certaines conséquences liées au réchauffement climatique ont été citées par les participants à l’étude. Les événements climatiques extrêmes ont été mentionnés par 36 % des répondants, tandis que le recul de la biodiversité a été évoqué par 19 % d’entre eux et la désertification par 18 %.

Impacts majeurs sur plusieurs aspects de la vie quotidienne

Ces changements climatiques ont eu des impacts majeurs sur plusieurs aspects de la vie quotidienne des Sénégalais. Ils ont contribué à l’insécurité alimentaire et hydrique, favorisé l’exode rural, accentué le chômage, entraîné une hausse du coût de la vie, détérioré la santé publique et la qualité de vie, ainsi que généré des tensions intercommunautaires.

De plus, l’étude a révélé que 36 % des Sénégalais et 43 % des habitants des zones rurales estiment que leur pays est plus exposé que les autres aux impacts du changement climatique. Un sentiment personnel d’exposition à l’injustice climatique a été exprimé par 40 % des répondants âgés de 18 à 24 ans et 43 % des répondants âgés de 55 ans et plus.

‘’Ces données mettent en évidence la nécessité de prendre en compte les préoccupations et les inégalités liées au changement climatique lors de la formulation de politiques et de stratégies d’action climatique au Sénégal. Ces constatations soulignent l’urgence d’adopter des mesures d’adaptation et d’atténuation face au changement climatique au Sénégal. Il est essentiel de prendre des mesures concrètes pour réduire les émissions de GES, promouvoir la préservation des ressources naturelles, renforcer la résilience climatique des communautés face aux impacts climatiques et encourager une transition vers un modèle de développement plus durable et inclusif’’, enjoint le document.

La pêche et le tourisme face aux effets du changement climatique

Ces dernières décennies, selon l’étude, la pêche est fortement influencée par les variations des températures de l’océan, les événements climatiques extrêmes et l’acidification des océans qui ont tous des répercussions négatives sur les écosystèmes marins et la productivité. Ces changements ont affecté la distribution des espèces de poissons, entraînant leur migration vers des eaux plus douces.

Avec des recettes estimées à près de 500 milliards de francs CFA en 2015, soit environ 7% du PIB, le tourisme joue un rôle vital dans l’économie du pays. Cependant, ce secteur est fortement affecté par les impacts du changement climatique. Les zones touristiques côtières sont particulièrement vulnérables et l’élévation du niveau de la mer menace directement ces zones, entraînant ainsi un risque accru d’inondations et de submersion des terres. Les zones balnéaires populaires telles que Dakar, Saint-Louis et Sally sont exposées à ces risques, ce qui compromet leur attrait touristique. La disparition des plages, qui sont une attraction majeure pour les touristes, entraîne une réduction du nombre de visiteurs.

En outre, l’érosion côtière causée par le changement climatique détériore les infrastructures touristiques, y compris les hôtels, les restaurants et les installations de loisirs. Les tempêtes et les vagues de plus en plus fréquentes et intenses endommagent ces structures, compromettant ainsi leur fonctionnement et leur durabilité à long terme.

Ainsi, l’étude renseigne que le changement climatique a eu des conséquences dévastatrices sur les populations et les moyens de subsistance au Sénégal. Ces conséquences se traduisent par une détérioration des conditions de vie et une menace directe pour la survie des communautés locales.

Les mesures d'adaptation 

Pour pallier à cela, les Contributions Déterminées au niveau National (CDN) actualisées du Sénégal (2020) proposent plusieurs mesures d'adaptation : développement de l'agroécologie, renforcement de la résilience des infrastructures hydrauliques, restauration des écosystèmes côtiers et mise en œuvre de systèmes d’alerte précoce. Ces actions sont cruciales pour protéger les moyens de subsistance des populations vulnérables et limiter les pertes économiques liées au climat.

Or, les conséquences du changement climatique au Sénégal, selon l’UCESA, étant déjà visibles et se traduisant par une augmentation des températures, des sécheresses récurrentes, des variations des régimes de précipitations, des événements climatiques extrêmes tels que les inondations et les tempêtes de sable, ainsi que la dégradation des écosystèmes et des ressources naturelles essentielles à l’agriculture, à la pêche et au tourisme (rapport du GIEC, 2021), il est impératif que le pays mettent en œuvre ces mesures d’adaptation et d’atténuation.

Ainsi, le plaidoyer de l’UCESA a pour objectif de sensibiliser les décideurs politiques, les acteurs de la société civile et la population en général sur l’urgence de cette problématique, et de plaider en faveur d’une action climatique plus efficace et coordonnée au Sénégal. Il met en évidence, à travers l’analyse de données scientifiques, de rapports internationaux et d’études locales pertinentes, les conséquences du changement climatique au Sénégal.

De ce fait, dit-on, les impacts majeurs – tels que la réduction des rendements agricoles, la déforestation, la perte de biodiversité ainsi que les perturbations économiques et sociales qui en résultent – seront examinés. Le plaidoyer met également en lumière les initiatives et les bonnes pratiques existantes, tout en identifiant les principaux axes d’amélioration dans les politiques climatiques et les mesures d’adaptation et d’atténuation à mettre en place.

Le Sénégal peut compter sur son PANA

Le Sénégal a élaboré, en 2006,  son Plan d’Action National pour l’Adaptation aux changements climatiques (PANA) avec le soutien technique du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et financier du FEM. Lorsque le Fonds d’adaptation devient opérationnel en 2010, il est le premier pays à bénéficier d’un financement.

Aujourd’hui, le PANA identifie les secteurs et projets prioritaires du Gouvernement sénégalais, en se concentrant sur les zones les plus vulnérables au changement climatique : restauration des mangroves et reboisement, revitalisation du réseau hydrographique et des écosystèmes, maintien de l’équilibre entre l’eau de surface et l’eau souterraine, accroissement de l’accessibilité et de la disponibilité des infrastructures d’irrigation, amélioration et diversité des pratiques agricoles et moyens de subsistance, renforcement de la sécurité alimentaire, création de communautés rurales et sécurisation de la production d’énergie - amélioration des méthodes de conservation et de capture d’eau - protection physique contre l’érosion des plages et l’intrusion saline - établissement de systèmes d’alerte précoce en cas d’inondation - promotion de la sensibilisation et de l’éducation.

CHEIKH THIAM

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