‘’Le Sénégal a un plan qui couvre tous les aspects, mais…’’
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L’OMS entend soutenir la région africaine, dans la mise en œuvre de réponses rapides face au Covid-19. L’organisation onusienne a tenu, hier, une réunion dans l’optique de coordonner les différentes actions de préparation et de recenser les besoins des pays.
Au regard des insuffisances de ses systèmes de santé, la propagation de l’épidémie Covid-19 soulève de vives préoccupations dans la région africaine. Selon le responsable des Opérations de réponse pour l’Organisation mondiale de la santé en Afrique, Michel Yao, ‘’le Sénégal a un plan qui couvre tous les aspects. Mais le défi, c’est de voir comment on arrive à l’opérationnaliser à grande échelle. Il faut aller à l’étape de mise en œuvre effective. Il y a le minimum, en ce moment, pour gérer les premiers cas. Néanmoins, il va falloir penser au pire scénario, c’est-à-dire une contamination massive’’.
Il s’exprimait en marge de la réunion de coordination et de planification des partenaires de l’urgence, en vue de la préparation de la région africaine face à la maladie à Covid-19.
‘’L’Afrique est prête à moitié à faire face. Il reste beaucoup d’efforts à faire. Le continent a une capacité de faire face à l’épidémie qui progresse. La plupart des pays ont mis en place des mécanismes de détection. Il faut également ajouter des structures d’isolement, des structures de prise en charge, et les pays doivent investir rapidement dans l’augmentation de ces capacités. Grâce aux acquis dus à Ebola, les pays ont fait beaucoup d’efforts en matière de prise en charge et de détection. On n’est plus au même niveau qu’en 2014. Nous sommes à un risque très élevé pour l’ensemble des pays du monde, en dehors de la Chine’’, poursuit-il.
‘’On pourrait rater un cas à l’entrée qui n’est pas symptomatique…’’
L’épidémie, selon la représentation Sénégal de l’OMS, demande un certain niveau de financement et un engagement politique. A ce jour, la demande en équipement est très élevé et les pays possédant les intrants et capables de produire ces outils de protection sont invités à plus d’implication.
L’organisation préconise, en outre, une information permanente des populations, afin qu’elles participent entièrement aux mécanismes de détection. ‘’On pourrait rater un cas à l’entrée qui n’est pas symptomatique et pourrait se développer dans les communautés. Ces dernières peuvent contribuer au système de surveillance mis en place. Nous invitons les Etats à être transparents, à communiquer. Plus on communique, mieux c’est. Pour contrôler l’épidémie, on a besoin d’un mécanisme de communication régulier venant de l’autorité de tutelle et d’informations fiables’’, ajoute Michel Yao.
Quant à la thèse selon laquelle le climat tropical serait défavorable au développement du virus, le représentant de l’OMS émet des réserves. ‘’Les maladies respiratoires causées par le virus peuvent toucher les Africains. C’est un nouveau virus ; on ne saurait prédire avec précision. Aussi, le transport en commun très engorgé peut constituer un facteur de multiplication rapide’’.
Par ailleurs, l’OMS précise que les structures de santé doivent être appropriées, avec une bonne aération. Car une salle confinée devient un endroit à haut risque pour les médecins. Ces derniers devront, en permanence, porter des équipements de protection ; chose qui n’est pas acquise et qui requiert un apprentissage.
Près de 18 % des cas détectés en Chine se sont avérés critiques et sévères. Le monde fait face à une situation épidémiologique dynamique. Et les nouveaux foyers de propagation (Italie, Corée du Sud, Iran) augmentent le risque de propagation qui est passé, depuis la fin de la semaine dernière, d’élevé à très élevé.
EMMANUELLA MARAME FAYE