Comment les limiers de Karang ont géré la rébellion d’un village réputé pour son trafic

À la suite d’un renseignement faisant état d’un vaste réseau de trafic de chanvre indien entre le village de Ka Diatta, en Gambie, et celui de Diatta Ko, au Sénégal, les éléments du Commissariat spécial de Karang, détachés au poste avancé de Djinak Barra et placés sous le commandement du commissaire de police Babacar Badji, ont mené une opération discrète. Après une filature menée sous couvert d’une activité sportive (jogging), ils ont interpellé un charretier transportant un lot de sacs de paille. Lors du contrôle, il a été découvert que la cargaison contenait dix sacs de chanvre indien, pour un poids total excédant 250 kilogrammes.
Confrontés à un sous-effectif, les policiers, en coordination avec les agents du détachement des Parcs nationaux, ont sécurisé la drogue en attendant l’arrivée d’un renfort dépêché depuis Karang pour rallier l’île de Djinak et, si possible, interpeller le charretier ainsi que les commanditaires.
Cependant, quelques minutes après l’interpellation, l’information s’est rapidement propagée dans les villages voisins. Une foule nombreuse s’est alors dirigée vers le poste de police, exerçant des violences sur les agents en faction, libérant le trafiquant et blessant plusieurs policiers avant l’arrivée du renfort.
Pour éviter un affrontement qui aurait pu se révéler dramatique, le commissaire Badji, en concertation avec sa hiérarchie et les autorités judiciaires, a ordonné le transfert de la drogue à Karang, dans la nuit, aux environs de minuit. Certaines personnes interpellées pour avoir facilité la fuite du trafiquant ont également été relâchées afin d’apaiser les tensions.
Selon nos sources, le rapport de force était clairement favorable aux villageois, la traversée des eaux constituant un obstacle majeur pour toute opération de conduite forcée de ces insulaires de Djinak. Le village est en effet tristement réputé comme un lieu de culture du chanvre, où une grande partie de la population s’adonne à cette activité illicite.
L’enquête a permis d’identifier le propriétaire de la cargaison, un certain D. Diamé, né en 1992, tandis que le charretier s’est révélé être un mineur âgé d’environ huit ans, originaire de Ka Diatta, en Gambie. Les convocations ont déjà été envoyées aux personnes formellement identifiées comme impliquées dans ce réseau. L’enquête suit son cours.