Publié le 3 Sep 2023 - 00:35
COUP D’ÉTAT AU NIGER

CSI-Afrique dit non à l’intervention militaire

 

Après le Coup d'Etat au Niger, la CEDEAO avait annoncé une intervention militaire pour rétablir l'ordre constitutionnel. Hier, lors d'un point de presse, l'Organisation régionale africaine de la Confédération syndicale internationale (CSI-Afrique), dans son enquête rendue public, a recommandé à l'organisation sous-régionale de faire un recours à la diplomatie.

 

Ces dernières années, l'Afrique de l'Ouest a enregistré beaucoup de coups d'Etat. En effet, pour mettre fin à cette épidémie, l'Organisation sous-régionale a décidé de mener une intervention militaire au Niger, lorsque les militaires ont renversé le régime de Bazoum. La CSI-Afrique qui continue de suivre la situation se rend compte à quel point l'impasse politique qui prévaut dans ce pays a suscité l'inquiétude des travailleurs africains et la détresse des citoyens du continent.

Ainsi, CSI-Afrique a mené une enquête sur l'intervention annoncée par la CEDEAO et trouve qu'elle est inimaginable. Le Secrétaire général de CSI-Afrique, Kwasi Adu Amankwa, indique que, ce rapport d'enquête, fruit de la collecte de données auprès des travailleurs des secteurs formel et informel du continent africain, fournit des informations essentielles qui requièrent une attention immédiate de la part de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et d'autres parties prenantes. Réalisée en août 2023, poursuit-il, l'enquête a permis de comprendre les opinions des travailleurs africains sur le récent coup d'État militaire au Niger et les implications concomitantes sur la stabilité et la démocratie régionales.

Selon le secrétaire général, le rapport met en évidence trois points de recommandations. Il s'agit d'abord d'un recours à la diplomatie plutôt qu'à l'intervention militaire. C'est-à-dire, explique-t-il : "les résultats de l'enquête font écho à la position unanime selon laquelle l'intervention militaire n'est pas une solution optimale. Les résultats de l'enquête plaident plutôt en faveur d'une approche diplomatique. La promotion de la paix et de la stabilité est primordiale, étant donné que cette approche garantit la protection de la vie et des moyens de subsistance des travailleurs".

Le deuxième point de recommandation est l'atténuation des risques de débordements. Car, déclare le secrétaire général de CSI-Afrique, "l'enquête a révélé les risques de débordements ou d'effets domino néfastes en cas d'intervention militaire de la CEDEAO. Les contre-menaces ouvertes du Mali et du Burkina Faso voisins soulignent la nécessité d'une approche prudente et équilibrée dans la résolution des conflits. Une décision hâtive pourrait exacerber les tensions dans la région et compliquer la situation".

Le CSI-Afrique recommande également la promotion d'une gouvernance centrée sur le peuple et la défense des valeurs démocratiques. En effet, Kwasi Adu Amankw renseigne que "l'enquête a souligné l'importance d'une gouvernance centrée sur le peuple pour favoriser la stabilité et la participation démocratique. Le respect de l'intégrité constitutionnelle et des principes démocratiques est essentiel pour renforcer la confiance des citoyens".

Attentes 

A la lumière de ces recommandations et de ces réflexions, le CSI-Afrique dit demander humblement à la CEDEAO de prendre en compte le rapport d'enquête comme un guide essentiel pour relever les défis actuels posés par les récents événements survenus au Niger. "Si nous adoptons une approche collaborative et diplomatique et si nous alignons nos actions sur les aspirations de la sous-région ouest-africaine, nous pourrons collectivement sauvegarder la démocratie, la stabilité régionale et le bien-être des travailleurs africains", indique le secrétaire général de CSI-Afrique.

Dans la même veine, ajoute-t-il, s’adressant au Président Macky Sall : "Nous sommes convaincus que sous votre direction éclairée, ces conclusions seront examinées avec tout le sérieux qu'elles méritent, et nous espérons sincèrement que la CEDEAO prendra des mesures fermes et judicieuses pour répondre à ces préoccupations. Nous vous remercions pour votre temps et votre attention. En attendant une réponse judicieuse de votre part et une poursuite des efforts, de la part de la CEDEAO, visant à favoriser la paix, la stabilité et la prospérité dans notre région, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l'expression de nos sentiments les plus distingués".

FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)

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