Madiambal Diagne et Mouhamed Guèye assument encore une fois
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Le procès en appel opposant Madiambal Diagne et Mouhamed Guèye à Abdoul Mbaye s’est finalement tenu hier. Face au président de la cour, les requérants, qui ont été reconnus coupables du délit de diffamation au préjudice d’Abdoul Mbaye, en première instance, ont assumé leurs propos jugés diffamatoires.
Le procès en appel opposant Madiambal Diagne et Mouhamed Guèye à Abdoul Mbaye s’est tenu hier, à Dakar. Condamnés en première instance à trois mois avec sursis pour diffamation, le journaliste et le directeur de publication du journal ‘’Le Quotidien’’ avaient interjeté appel. En effet, dans un numéro de sa rubrique hebdomadaire ’’Les lundis de Madiambal’’, le susnommé avait accusé Abdoul Mbaye d’avoir blanchi l’argent du Trésor public tchadien ramené au Sénégal par Hissène Habré.
‘’En tant que directeur de banque, Abdoul Mbaye avait une relation particulière avec le client Habré. Il a reçu plus de 250 millions de F CFA. Nous détenons des copies de ‘bons au porteur’ sur les comptes de Hissène Habré, portant sur plusieurs milliards de francs CFA à son nom. Il était aussi le destinataire des relevés bancaires du compte personnel de Hissène Habré’’, avait écrit le journaliste dans sa rubrique hebdomadaire.
Selon le gérant du canard, ils ont fourni, en première instance, tous les éléments établissant leur bonne foi. ‘’Nous l'avons fait juste après réception de la citation’’, a-t-il relevé.
Sur le fait d’avoir traité de menteur la partie civile dans l’article, Madiambal Diagne, tout en justifiant ses dires, précise : ‘’En français, mentir, c'est de ne pas dire la vérité. Or, Abdoul Mbaye a varié dans ses réponses, lorsqu’il a été interpellé sur la question, par Mimi Touré.’’ Dans la foulée, pour prouver les accusations portées à l’encontre de la partie civile, le journaliste soutient : ‘’Toutes les imputations ont été étayées par des preuves, notamment des relevés bancaires remis au juge.’’
A l’en croire, Abdoul Mbaye, en tant que patron de la banque, ne pouvait pas ignorer l'origine illicite de l'argent. ‘’Je le dis et je le répète, l'argent a été volé au Trésor public tchadien’’, a-t-il fulminé.
En outre, il a profité de son face-à-face avec le juge pour fustiger le fait qu’on ait évoqué le privilège de naissance, lors du procès d’instance. ‘’Je suis fils d'un paysan et j’en suis fier, autant que le fils d’un haut magistrat’’, a-t-il dit avant d’être vite recadré par le magistrat.
Après avoir demandé l’infirmation de la peine, Me Moussa Sarr, avocat des requérants, a déclaré dans sa plaidoirie : ‘’Abdoul Mbaye disait dans un tweet que Habré n'a apporté que 250 millions. Or, l’un des relevés bancaires montre qu’il a viré plus d’un milliard de F CFA.’’ En plus, la robe noire trouve que la procédure est nulle.
Le parquet général, dans son réquisitoire, a demandé la confirmation de la première peine. ‘’Ce n’est qu’en 2004 que le blanchiment est devenu une infraction au Sénégal. Lorsqu'on affirme que quelqu'un a blanchi de l’argent, il faut se prémunir de certaines garanties. Or, les prévenus n'ont pas produit un acte authentique prouvant qu’Abdoul Mbaye a été condamné. Encore qu’en tant qu’assujetti, il ne peut pas être poursuivi pour blanchiment, même s'il connaissait l’origine illicite de l’argent’’, a-t-il motivé sa requête.
‘’Les journalistes agissaient dans le cadre de leur métier. Malheureusement, Habré n’a été jugé pour des crimes économiques ni à Ndjamena ni à Dakar. La déontologie impose de garder le silence, si on n'a pas preuve de ses allégations’’, a martelé le maitre des poursuites.
Quant à Me Ousseynou Fall, conseil d’Abdoul Mbaye, il estime qu’on n’a pas le droit de porter atteinte à l'honneur et à la considération d'autrui. D’après lui, il est impératif de respecter la vie privée des gens.
La cour rendra sa décision le 11 janvier 2021.
AMINATA DIALLO