Publié le 24 Aug 2017 - 13:32
CROISADE CONTRE LA CRIMINALITE FAUNIQUE

780 pièces d’ivoire d’éléphant saisies à Soumbédioune

 

L’Etat du Sénégal ne badine pas avec la criminalité faunique. Avant-hier, des éléments  de la Sûreté Urbaine, en collaboration avec les agents de la Direction des Eaux et Forêts et du projet Wara-Salf, ont saisi 780 pièces d’ivoire d’éléphant au marché artisanal de Soumbédioune, soit 20 kg. Les deux présumés trafiquants et leurs complices ont été placés en garde à vue dans les locaux du Commissariat Central.

 

Les éléments de la police du Commissaire Dramé de la Sûreté Urbaine, en collaboration avec les agents de la Direction des Eaux et Forêts et du projet Wara-Salf, traquent les auteurs de la criminalité faunique. Avant-hier, ils ont, au marché artisanal de Soumbédioune, procédé à deux opérations d’arrestation simultanées de flagrant délit de détention, commercialisation illégale de faune sauvage. A l’issue de ces opérations, la traque a été suivie de succès : deux présumés trafiquants et leurs complices pour trafic et commerce illégal international de contrebande d’ivoire d’éléphant, hippopotame, phacochère (403 pièces de phacochère) et dents de lion. Le total est estimé à 780 pièces d’ivoire d’éléphant soit 20 kg. Les contrebandes saisies concernent l’ivoire brut, des dents d’hippopotame, de lion,  des espèces toutes ‘’intégralement’’ et ‘’farouchement’’ protégées pour leur disparition ‘’alarmante’’ en milieu naturel ; une disparition définitive d’ici 20 ans si cette pratique ‘’illégale’’ ne prend pas fin immédiatement. 

Suite aux perquisitions des domiciles, signale-t-on, les deux présumés trafiquants et leurs complices (cinq interpellés) ont été placés en garde à vue dans les locaux du Commissariat Central. ‘’Si les infractions sont confirmées, les condamnations pourraient être très sévères, jusqu’à un an de prison ferme’’, souffle-t-on. L’objectif de ces arrestations est de donner un signal ‘’fort’’ aux trafiquants de toutes nationalités, quant à la volonté de l’Etat sénégalais de mettre fin à ce commerce ‘’illégal’’. Il s’agit donc d’assurer la survie des espèces et de combattre le crime organisé.

 L’ivoire et la corne de rhinocéros sont devenus une préoccupation ‘’majeure’’ pour les Gouvernements du monde. ‘’Extrêmement lucratif’’, ce commerce rapporte plus de 20 milliards de dollars par an, et implique des membres du crime organisé. Il est lié aux autres types de trafic comme la drogue, les armes, le blanchiment.

Plus inquiétant encore, selon ces agents, les mouvements terroristes comme ‘’Al shabaab’’, les ‘’Jenjawids’’, ‘’Boko haram’’…, traquent inlassablement les éléphants par centaines. Ceci, poursuivent-ils, pour se financer avec l’ivoire. Ces mouvements terroristes sont devenus les ‘’pivots’’ du trafic d’ivoire en Afrique. ‘’Il fournirait environ 40% des fonds nécessaires au groupe Al shabaab pour se maintenir en activité et déstabiliser l’Afrique de l’Est et du Centre. Ces mêmes mouvements terroristes préoccupent le Sénégal qui est en phase de renforcement de sa sécurité sur l’ensemble du territoire. Cette inquiétude concerne aussi l’Afrique de l’Ouest’’, remarquent-ils. Avant de faire savoir qu’un cinquième des éléphants ont été tués au Mali pour alimenter le trafic d’ivoire depuis début 2015. Selon la Mission de maintien de la Paix de l’ONU au Mali (MINUSMA), cette recrudescence est liée aux activités des groupes djihadistes dans le pays.

 Des bénéfices de 19 milliards de dollars chaque année

Malgré les efforts de protection des espèces animales intégralement protégées, le commerce illégal d’ivoire reste une réalité au Sénégal. Selon les spécialistes de la criminalité faunique, ‘’le code de la chasse et de protection de la faune interdit de s’approprier de l’ivoire d’éléphant trouvé mort, les dépouilles et trophées d’animaux morts. Malheureusement, des défenses d’ivoire d’éléphant circulent au Sénégal et sont transformées rapidement en bijoux pour faire plaisir aux femmes et être exportés rapidement et en grande quantité vers l’Asie. Si la loi est appliquée dans toute sa rigueur, les trafiquants risquent un an ferme de prison et une amende de 1 200 000 F CFA’’. Entre 2015 et 2016, 12 ‘’criminels fauniques’’ ont été interpellés au Sénégal. ‘’Malheureusement, jamais une sanction exemplaire n’a été infligée. Ils s’en sont sortis avec des peines assorties de sursis. Les trois qui ont été condamnés à 6 mois n’ont purgé qu’un mois avant d’être graciés’’, informe une source proche du projet  Wara-Salf.

Le crime faunique est un crime organisé transnational qui occupe le 4ème rang du commerce illicite dans le monde après la drogue, les armes et les êtres humains. Il amasse des bénéfices illicites d’environ 19 milliards de dollars chaque année.  

PAPE NOUHA SOUANE

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