Le mari risque 10 ans de prison, la femme entrevoit le bout du tunnel
Un couple a comparu hier, devant la Cour d’assises de Dakar pour détention et trafic de chanvre indien. Si le mari encourt 10 ans de travaux forcés, l’épouse est proche de la liberté, puisque l’avocat général a demandé son acquittement.
En se mariant avec Abdourahmane Bah, en août 2008, la dame Salimata Diallo pensait retrouver le bonheur. Car, elle venait de divorcer et avait en charge trois enfants. Mais, au bout de trois mois de vie commune, son mariage s’est transformé en cauchemar. Pour cause, depuis lors, elle est en prison parce que du chanvre indien avait été retrouvé sous le lit conjugal. Le pire, après son arrestation, son mari a fui et ne lui a jamais rendu visite en prison durant deux ans. ‘’A chaque fois que je demandais après lui, on me disait qu’il était parti en Guinée’’, a déclaré la dame, hier, à la barre de la Cour d’assises de Dakar.
Le cœur meurtri, elle a soutenu qu’elle ignorait que son mari était un repris de justice sorti de prison en 2000, après avoir purgé une peine de deux ans, pour trafic de chanvre indien. ‘’J’ignorais tout sur son passé pénal, car il m’a dit qu’il était marabout’’, a-t-elle soutenu. Sur sa lancée, Salimata Diallo a déclaré qu’elle n’a jamais dit que de la drogue a été retrouvée dans sa chambre. ‘’J’ignore si elle y a été retrouvée, car j’étais partie au marché’’, a-t-elle ajouté, avant de conclure qu’elle n’a jamais vu du chanvre indien, sinon à la télévision uniquement.
Entendu à son tour, son mari s’est expliqué sur le fait qu’il n’a jamais rendu de visite à son épouse. ‘’J’avais perdu ma pièce d’identité. J’avais même déposé, pour en avoir une autre. mais j’ai attendu sept mois sans l’obtenir’’, s’est-il justifié. ‘’Mais, cela n’est pas un obstacle. Vous auriez pu vous rendre à la prison et crier le nom de votre épouse. Cela l'aurait soulagée’’, lui a rétorqué avec ironie, le président de la Cour.
Quant aux faits, Abdourahmane Bah, arrêté grâce à sa première épouse, s’est défendu d’avoir tenté de dissimuler son identité. ‘’Lorsque les gendarmes sont venus, ils ont demandé après Abdourahmane Diallo or je me nomme Bah’’, a-t-il expliqué. Ces précisions faites, il a tenté d’imputer la paternité du chanvre indien à un de ses neveux nommé Alkhassimou Diallo. ‘’Il est taximan et venait manger à la maison. Il est le seul à avoir accès à la chambre de Salimata’’. Recadré par le président de la Cour, l’accusé s’est retourné contre un certain Doudou Ndiaye qui a témoigné à charge contre lui. ‘’Il m’a accusé à tort, à cause d’un antécédent’’, a-t-il expliqué.
Comme pris de remords, Abdourahmane Bah a fondu en larmes, pour dire qu’il n’a jamais fui. ‘’L’arrestation de mon épouse était comme un rêve. Je ne pensais pas qu’une telle quantité allait être découverte. Je ne m’étais pas rendu, car je voulais tirer au clair cette affaire, mais j’étais toujours chez moi, attendant que les policiers viennent me chercher, mais ils ne sont jamais venus’’, a-t-il dit entre des sanglots. Cela n’empêche, ses larmes ont laissé de marbre l’avocat général Gormack Tall qui a requis 10 ans de travaux forcés contre lui. En revanche, il a demandé que l’épouse de l’accusé soit acquittée. Une demande qui sera appuyée par l’avocate de Salimata Diallo. Même le conseil de Abdourahmane Bah a abondé dans le même sens arguant qu’il n’y a aucune preuve contre son client. Verdict ce matin.
FATOU SY
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