Pas de deux
Patrick Acogny a suivi les traces de sa mère Germaine, fondatrice de l'École des sables et disciple du chorégraphe français Maurice Béjart.
Quand, à 23 ans, Patrick Acogny annonce à sa mère qu'il veut faire de la danse son métier, celle que Maurice Béjart considérait comme sa fille ne saute pas vraiment de joie... « Elle a paniqué », s'amuse aujourd'hui le codirecteur artistique de l'École des sables, l'institut que Germaine Acogny a fondé à Toubab Dialaw (Sénégal) en 2004. Il faut dire que le jeune homme s'est longtemps cherché. Formé au Prytanée militaire de Saint-Louis, il se rêvait pilote d'avion. Mais les mathématiques puis les amours lui jouant des tours, il se retrouve ouvrier chauffagiste. « Le moins que l'on puisse dire, avoue-t-il pour expliquer la réaction de sa mère, c'est que je n'étais pas constant dans ce que j'entreprenais ! »
Pourtant, lorsqu'il participe, par hasard, à un stage que donne sa mère, il découvre sa vocation. Bien avant lui, Béjart, qui a confié les rênes de Mudra Afrique à « Mama Germaine », comme la surnomment ses élèves, avait compris que le fils est de ces interprètes que la mère doit découvrir pour développer sa danse. Pourtant, elle n'a jamais cherché à forcer le destin de celui qui deviendra, avec son mari Helmut Vogt, l'un des solides piliers de l'École des sables. « Je ne voulais surtout pas qu'il soit mon clone », explique-t-elle.
Tous deux se disent complémentaires et travaillent en harmonie. « Ma mère adore la scène ; moi, je préfère la chorégraphie », confie le directeur de la compagnie Jant-Bi. « Patrick déconstruit les danses traditionnelles. Son travail vient du terroir, c'est très important pour moi », confie Germaine, fière de le voir lui succéder. « Mais, prévient-elle, il lui faudra tenir bon. Même dans les petites choses, il faut persévérer, car rien n'est petit ! »
Jeuneafrique