Publié le 22 Sep 2019 - 02:51
DECLENCHEMENT DE LA PROCEDURE DANS L’AFFAIRE DES 94 MILLIARDS

Le retard suscite des interrogations

 

Bien que des plaintes soient déposées dans l’affaire des 94 milliards par Ousmane Sonko contre Mamadou Mamour Diallo, les poursuites tardent à démarrer. Ce qui suscite des interrogations sur la volonté de la justice d’éclairer cette affaire dans laquelle le leader de Pastef accuse nommément l’ex-directeur des Domaines de détournement.

 

A quand le déclenchement des poursuites dans l’affaire des 94 milliards ? La question taraude les esprits, d’autant plus qu’Ousmane Sonko a déposé deux plaintes contre Mamadou Mamour Diallo qu’il accuse d’avoir détourné un tel montant, dans le cadre d’un litige foncier. L’une a été déposée auprès du procureur de la République et la seconde devant le juge d’instruction avec constitution de partie civile. Mais aucune des deux procédures ne connaît un début de traitement.

Pour la première, le procureur de la République avait expliqué les raisons pour lesquelles il n’y a pas encore d’enquête judiciaire. ‘’J’ai reçu une plainte portant sur 94 milliards. Nous avons un temps de traitement. D’ailleurs, les plaignants soutiennent avoir enquêté durant 8 mois ; nous aussi avons pris notre temps. Mais, entre-temps, l’Assemblée s’est saisie de l’affaire et pour ne pas faire désordre, nous attendons qu’elle finisse et nous aviserons en son temps, car nous tenons à ce que la lumière soit faite sur ce dossier’’, avait soutenu Serigne Bassirou Guèye, lors d’une conférence tenue le 12 juin dernier.

Seulement, pour Me Amadou Sow, membre du pool d’avocats d’Ousmane Sonko, cet argument ne tient pas la route. La robe noire considère que c’était une manière, pour le ministère public, de ne pas déclencher les poursuites, alors que, martèle-t-il, ‘’techniquement, c’est illégal, puisqu’aucun texte ne le lui interdit, du simple fait qu’il y a saisine de la commission d’enquête parlementaire’’. Pour lui, le maitre des poursuites pouvait bien ouvrir une enquête, dès lors que la commission avait publié son rapport.

Aujourd’hui, Me Sow espère que le juge d’instruction va fixer le montant de la consignation et entamer les auditions dans cette affaire. Un avis que partage Me Moussa Sarr qui, lui également, balaie d’un revers de main les explications et arguments servis, en son temps, par le procureur Serigne Bassirou Guèye. Il avance trois arguments pour étayer sa position. D’abord, en droit, soutient-il, ‘’lorsqu’une affaire fait l’objet d’une procédure judiciaire, une commission ne peut plus s’en saisir’’. Et si une commission est ouverte et qu’une procédure judiciaire est ouverte, l’Assemblée arrête ses auditions. Et enfin, argue Me Sarr, lorsque la commission rend ses conclusions, cela n’empêche pas l’ouverture d’une enquête. Encore que, souligne-t-il, ‘’le rapport du parlement ne lie pas la justice qui est libre, en vertu de la séparation des pouvoirs’’.

 ‘’Sur les questions de transparence et de bonne gouvernance, le parquet ne donne jamais de suite’’

Ces précisions faites, la robe noire fait remarquer que, d’une manière générale, ‘’sur les dossiers d’une extrême sensibilité, il est rare de voir le parquet s’autosaisir’’. ‘’Sur les questions de transparence et de bonne gouvernance, lorsqu’elles sont posées par le biais d’une dénonciation, d’une plainte ou d’une récrimination, le parquet ne donne jamais de suite’’, fulmine le conseil. Qui estime que ‘’cela doit changer, parce que le rôle du parquet, c’est de défendre la société et que cela va dans le sens de mieux crédibiliser et de renforcer davantage notre système judiciaire, aux yeux de l’opinion publique nationale’’.

Toutefois, notre interlocuteur souligne qu’il est certes vrai qu’on ne peut pas dire que pour n’importe quelle dénonciation, le parquet doit s’autosaisir, mais quand la plainte parait sérieuse dans son fondement, il doit donner suite. ‘’Mais lorsque la plainte n’est pas sérieuse ou relève de la politique politicienne, de la manipulation ou d’un règlement de comptes, il ne doit pas répondre’’.

Me Amadou Sow : ‘’C’est la justice qui bloque l’établissement de la vérité’’

Toujours est-il que, dans cette l'affaire qui tient en haleine l’opinion depuis des mois, Birahim Seck estime que le procureur doit s'autosaisir. Sinon, ‘’tout autre acte ne serait que pure diversion’’. ‘’Notre avis demeure un avis de principe. C'est un citoyen sénégalais, M. Ousmane Sonko, qui a porté des accusations à l'endroit d'un autre Sénégalais, en l'occurrence M. Mamour Diallo. Je pense que si un Sénégalais se sent diffamé, il doit pouvoir porter plainte devant le juge pour laver son honneur. S'il ne le fait pas, nous considérons qu'il appartient aux autorités judiciaires, au procureur de la République, de s'autosaisir pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur l'histoire des 94 milliards de francs’’, a déclaré le coordonnateur du Forum civil hier. Pour lui, ‘’il appartient exclusivement au procureur et à l'accusé de porter plainte. Tout autre débat n'est que pure diversion’’.

Quoi qu’il en soit, la conviction de Me Sow est faite sur cette affaire, avec le retard noté dans le déclenchement d’une procédure. ‘’C’est la justice qui bloque l’établissement de la vérité par des justificatifs qui ne répondent pas aux dispositions légales’’, fulmine-t-il.

FATOU SY

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