Les conseils et exhortations du Pr. Said Nourou Diop

Selon le diabétologue et endocrinologue Said Nourou Diop, il est conseillé aux diabétiques qui souhaitent jeûner de faire une évaluation au moins trois semaines avant le mois de ramadan. Il a demandé aux diabétiques jeûneurs d’éviter les pâtisseries et les viennoiseries.
‘’Quand on est diabétique, cela devient autre chose. Le diabète, vous le savez, est souvent lié à des facteurs génétiques qui peuvent perturber les mécanismes de régulation du sucre dans le corps. Cependant, en raison de ces perturbations, une alimentation mal équilibrée- que ce soit en termes d’horaires, de qualité ou de quantité - peut aggraver le diabète et entraîner un coma diabétique’’. Cette précision provient du professeur Said Nourou Diop, qui était l’invité des ‘’Mercredis de l’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD) sur le thème ‘’Diabète et ramadan’’. D’où l’importance, selon lui, de faire une évaluation avant de jeûner, car certains médecins sont formés pour cela. Ils recommandent que cette évaluation soit effectuée au moins deux à trois mois avant l'arrivée du mois de ramadan.
‘’Pour tous les jeûneurs, il faut savoir que le corps est capable, encore une fois, de supporter le jeûne pendant les dix premiers jours, car tout continue de fonctionner normalement. À partir du septième ou du dixième jour, le corps commence à se fatiguer et les sécrétions hormonales se modifient. En particulier, la sécrétion d'insuline et d'autres hormones qui augmentent la glycémie devient plus importante. D'où le fait qu'il y a des risques, si l'on est diabétique, de déséquilibrer son diabète et si l'on n'est pas diabétique, de se déshydrater. C'est une des raisons pour lesquelles, à partir du dixième jour, il faut faire plus attention et boire un peu plus d'eau que d'habitude pour tenir le coup pendant la journée du ramadan’’, a recommandé le Pr. Diop.
Spécifiquement, pour les diabétiques, que ce soit au début ou au milieu du ramadan, ce qui est important, selon lui, c'est cette évaluation qui permettra aux médecins de faire des recommandations. ‘’Il existe un organisme international appelé Diabetes and Ramadan Alliance qui a établi un score de risque lié à la durée du diabète, au type de diabète et à l'existence de certaines complications. Cela permet de dire aux diabétiques : ‘Vous avez un risque très fort, si vous jeûnez. Donc, ne jeûnez pas ou alors, si votre risque est faible, vous pouvez jeûner.’ Il est donc conseillé aux diabétiques de se faire évaluer’’, insiste-t-il.
‘’Ceci est important. S'ils ne l'ont pas fait, même jusqu'au début du ramadan, qu'ils aillent quand même se faire évaluer pour savoir s'ils peuvent continuer le jeûne ou non. L'alimentation, que ce soit pendant ou avant le ramadan, doit être équilibrée. Équilibré signifie qu'il doit y avoir des éléments variés dans le repas : des céréales en quantité appropriée, des protéines et des légumes. Pour la rupture du jeûne, il ne faut pas dépasser une ou deux dates au maximum. Les pâtisseries, quand vous passez devant une boulangerie, vous avez des frayeurs, car la queue peut atteindre 500 m’’, souligne-t-il.
Le professeur Said Nourou Diop de conseiller : ‘’Ils doivent éviter les pâtisseries et les viennoiseries, s'ils peuvent le faire. Prendre une boisson chaude est important. Prendre même un peu de bouillie de mil avec un édulcorant est préférable. Ou alors avoir son lait caillé non-sucre, cela lui permettra d'attendre son dîner, qui pourrait être du riz qu'il aurait dû manger à midi. Mais là, un tiers du plat devrait être du riz, un autre tiers des légumes et un tiers de la viande ou du poisson.’’
‘’Aucun fruit n'est interdit aux diabétiques’’
Concernant les nouveaux cas de diabète au Sénégal, il a été questionné sur leur impact. Malheureusement, dit-il, il n'y a pas eu d'études spécifiques à ce sujet, car cela n'est pas d'un grand intérêt. ‘’Néanmoins, on sait que l'alimentation des gens change, ce qui favorise l'éclosion de nouveaux cas de diabète. Ce n'est pas pour dire que l'alimentation donne le diabète, attention ! L'alimentation ne cause pas le diabète’’, précise-t-il.
En effet, en 2015, le taux de prévalence était de 3,45 % de la population. Aujourd’hui, comme dans le monde entier, les cas de diabète augmentent. La prévalence du diabète, c'est-à-dire le nombre de cas dans la population, a connu une hausse. ‘’Si l'on regarde les études réalisées dans les années 80-90, souligne-t-il, c'était moins de 2 %. La dernière enquête de 2015 a montré que c'est 3,45 % de la population. Cela signifie que cela existe bel et bien et que cela progresse’’.
Le Pr. Diop est d’autant plus alarmé que, dit-il, les facteurs expliquant cette progression, comme dans le monde entier, sont nouveaux. Il cite : le modernisme, la sédentarité et une alimentation déséquilibrée. ‘’Aujourd'hui, nous consommons beaucoup plus de sucre et de graisses, ce qui entraîne de nouveaux cas de diabète et d'hypertension. Le terme 'régime' est restrictif. Nous parlons d'alimentation pour les diabétiques. Quand vous dites 'régime', cela rebute. Aujourd'hui, le diabétique, comme le non-diabétique, doit améliorer son alimentation. J'en ai parlé tout à l'heure : il s'agit de manger de manière équilibrée. La seule chose que personne, en tant que diabétologue, n'interdit aux diabétiques, c'est le sucre et les produits sucrés. Même parmi les produits sucrés, les fruits font partie de l'équilibre alimentaire’’, confie le Pr. Diop. Il précise qu’aucun fruit n'est interdit aux diabétiques, y compris la banane et le raisin. L'essentiel est de varier.
Le professeur Said Nourou Diop a aussi parlé du diabète gestationnel. C'est un diabète qui apparaît pendant la grossesse et disparaît à la fin de celle-ci. ‘’Les femmes ayant déjà eu plusieurs grossesses, ainsi que celles qui sont obèses ou sédentaires, sont plus exposées à ce diabète gestationnel. Mais dans tous les cas, il apparaît et disparaît avec la grossesse. Cependant, c'est un facteur d'alerte qui indique que si cette personne ne fait pas attention après sa grossesse, dans les cinq ans, elle risque de développer un véritable diabète’’, prévient-il.
CHEIKH THIAM