DIFFUSION DE FAUSSES NOUVELLES
Le parquet requiert 2 ans de prison dont 6 mois ferme contre Guy Marius Sagna
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Deux ans de prison dont six mois ferme, c’est la peine requise par le parquet contre l’activiste Guy Marius Sagna. Poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles, le prévenu qui a, à son actif, 40 arrestations, conteste le chef qui lui est reproché, tout en avouant la paternité du texte qui lui a valu son arrestation. Selon lui, il n’a fait que donner son opinion sur le Général Moussa Fall et certains gendarmes. L’affaire mise en délibéré, il sera édifié sur son sort, le 14 octobre prochain.
L’activiste Guy Marius Sagna encourt deux ans de prison dont six mois ferme, si le juge du tribunal des flagrants délits de Dakar suit le réquisitoire du parquet. Militant de la cause des ‘’opprimés’’, Guy Marius Sagna est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles. Pour apporter son soutien à Amadou Sall dit Mathiar qui était arrêté pour outrage, après avoir accusé la gendarmerie d’Agnam d’être à la solde de Farba Ngom, l’activiste connu pour ses prises de position virulentes n’a pas raté le général Moussa Fall et ses hommes.
‘’La gendarmerie nationale est à la solde du président de l'APR Macky Sall, des militants de l'APR. Le général Moussa Fall à la tête de la gendarmerie a posé des actes jetant le discrédit sur cette gendarmerie que nous respections. Le général Moussa Fall a bloqué, par exemple, la plainte des cinq membres du Frapp agressés physiquement et verbalement à Nianing, le 5 mai 2021 par près d'une cinquantaine de nervis du Président Macky Sall. Par ce genre d'actes, le général Moussa Fall de la gendarmerie a remplacé la devise de la gendarmerie de "honneur et patrie" à "Déshonneur et patrie". Ce n'est pas Amadou Sall qui outrage la gendarmerie. Ce sont les gendarmes de la race du général Moussa Fall servant le parti APR et non la patrie qui discréditent et outragent la gendarmerie et le peuple souverain… », avait-il publié sur sa page.
Après avoir contesté le fait de diffusion de fausses nouvelles qui lui est reproché, il renseigne que le post qui lui a valu son incarcération était juste son opinion. « Je me pose toujours la question de savoir pourquoi j'ai été arrêté. C'est à Dakar que les éléments de la Dic m'ont dit que j'étais arrêté pour diffusion de fausses nouvelles, en me montrant mon post que j'ai fait la semaine dernière. C’est une opinion que j'ai donnée sur la gendarmerie. J'ai apporté ma solidarité à mon concitoyen, un compagnon, Amadou Sall dit Mathiare qui a été d'ailleurs relaxé pour des propos qu'il aurait tenus. J'ai aussi dit que les actes de Moussa Fall ne sont pas conformes », s’est-il défendu.
Guy Marius Sagna : « Je ne mets pas tous les gendarmes dans le même panier’’.
Toutefois, il reconnaît la paternité du texte incriminé. Sans sourciller, il affirme : « Ce poste est bien le mien. Ce sont mes propos ». Pour être plus précis, il justifie sa pensée : « Ce sont les actes de certains gendarmes qui apportent le discrédit et non mes propos ». Quand la représentante du ministère public, qui ne cautionne guère ses allégations, lui a demandé de les prouver, Guy Marius Sagna lui rétorque : « C’est le général Moussa Fall qui dirige la gendarmerie et tout ce qui se passe, il est le premier informé. C'est lui qui a bloqué ma plainte. Parce qu’elle dort dans les tiroirs, depuis cinq mois. Puisque tous mes camarades qui étaient blessés, lors de l'attaque de Nianing, avaient des ITT et tous ceux dont les visages et les noms ont été donnés à la gendarmerie sont toujours en liberté.
Ce ne sont pas des suppositions. Les actes parlent plus hauts que les propos, même si le général n'a pas dit à la Dic de bloquer ma plainte. J'ai fait une analyse sur la célérité que la gendarmerie fait sur le traitement de certains dossiers. Je n'ai pas de problèmes avec le général Moussa Fall. Je ne le connais pas ni d'Adam ni d'Eve et je ne le reconnaîtrais même pas dans la rue, si je le rencontrais. Mon intention n'était pas de jeter en pâture ces braves gens qui sont de la gendarmerie », renchérit-il.
Revenant à la charge, la représentante du ministère public lui lance : ‘’Vous pensez que c'est juste de jeter un homme en pâture sur les réseaux sociaux ? Vous pensez que c'est juste ? ». Contrecarrant toutes les questions de la procureure de la République, il répond : « Ce n'est pas juste de jeter un citoyen à la vindicte populaire à Nianing. On ne peut pas être plus royaliste que le roi, parce que vous avez tous entendu le Président dire qu'il a mis son coude sur certains dossiers. Je ne mets pas tous les gendarmes dans le même panier. Et il faut faire la part entre l'institution et l'homme’’.
En outre, l’activiste n’a pas manqué de souligner qu’il ne se retrouve pas au prétoire, à cause de son post, mais plutôt parce que lui et ses camarades de « Y en Marre », « Ño Lank », ont programmé des activités, suite à la mort de Cheikh Niass, alors qu’il était dans les liens de la prévention. ‘’L’Etat a mis toutes nos conversations sur écoute. Ce post-là est juste un alibi apparent’’.
Par ailleurs, la parquetière, en sus de la peine de 2 ans dont 6 mois ferme requise, a demandé que le prévenu soit condamné à payer une amende de 100 mille francs CFA. ‘’Le débat doit être moins virulent. Moi je ne m'explique pas toute cette violence. Vous troublez l'ordre public. Vous venez ici après pour vous victimiser. Il faut arrêter ! Il faut apporter des réponses constructives sur le vécu quotidien des gens et non verser toujours dans la critique. Lorsqu'on se permet de traiter la gendarmerie de partisane, d'être à la solde d'un homme bien déterminé ou d'un groupuscule, on la jette en pâture. On ne peut pas se permettre de laisser une catégorie de personne verser dans la calomnie, dans l'injustice et jeter en pâture des hommes intègres. Il est temps de siffler la récréation. Cela doit s'arrêter. Cela ne doit plus prospérer’’, s’est indignée la représentante du parquet.
‘’Sur dénonciation du général, le parquet a saisi la Dic par WhatsApp’’
En parfait désaccord avec le ministère public, Me Abdoulaye Tall de la défense estime que le dossier est vide. « Cette fois-ci c'est Guy Marius Sagna, le gros poisson, qu'il fallait attraper. On cherchait à le mettre dans les filets de la procédure de flagrants délits. Il fait l'objet de 40 arrestations et il n'a jamais été jugé. Ce dossier est vide comme ceux-là. Ça, c'est le procès de la vérité. Je ne cesserai de dire que j'ai honte, parce que je ne sais pas où va ce pays. Il y a deux poids et deux mesures et c'est ça la vérité. Dans cette affaire, il n'y a pas de faits », s’est offusqué la robe noire qui a sollicité le renvoi de son client des fins de la poursuite.
Son confrère Me Moussa Sarr de démonter le réquisitoire du parquet en ces termes : « Madame la représentante du parquet vous nous avez servi un cours de morale. Vous dites qu’il faut donner une sanction exemplaire ? Je suis indigné. C'est inconcevable. On ne juge pas pour l'exemple, mais on juge une personne pour des faits. Être violent, c'est donner son opinion ? Je ne le pense pas. La violence, c'est essayer de bâillonner l'opinion et il faut qu'on arrête. La démocratie, c'est le débat et laissons les citoyens donner leurs avis ».
En phase avec son client, Me Sarr fustige : « la gendarmerie n'est pas une institution. Nous faisons du droit. Cet organe ne l'est pas. Nous faisons du droit. La gendarmerie n'en fait pas partie, fut-elle respectueuse. On veut faire plaisir à ce général. Sur dénonciation du général, le parquet a saisi la Dic par WhatsApp. Mais, je suis étonné ! Le général est plus puissant que la justice ».
L’affaire mise en délibéré, le jugement sera rendu le 14 octobre prochain.
MAGUETTE NDAO
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