Bachir Fofana fixé sur son sort, le 9 juillet

Le journaliste et chroniqueur Serigne Cheikh Sarr Fofana dit ‘’Bachir Fofana’’ a comparu, hier, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Il est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles, à la suite de déclarations qu’il avait faites au cours d’une émission, dans le cadre de l’attribution du marché d’achat de véhicules de l’Assemblée nationale.
Au cours d’une émission, Bachir Fofana a tenu des propos jugés faux. Un extrait de cette dernière a été projeté à l’audience. Bachir Fofana avait affirmé que le nommé Cheikh Guèye, arrêté dans une affaire de corruption impliquant l’ancien ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall, avait obtenu le marché des véhicules du Parlement. À la barre, le prévenu a reconnu avoir tenu ces propos. Il a expliqué qu’au moment de leur diffusion, il les considérait comme exacts, en se fondant sur une source qu’il jugeait fiable.
‘J’ai tenu ces propos sur la base d’une information reçue d’une source qui ne m’a jamais trompé. J’ai mené des vérifications auprès de concessionnaires. Mais dès le lundi, j’ai appris que d’autres personnes avaient remporté le marché. Si cela s’avère, je procéderai à un rectificatif’’, a déclaré le journaliste, soulignant qu’il s’agissait d’un appel d’offres restreint.
Interrogé par le président du tribunal sur le maintien ou non de ses déclarations initiales, le prévenu a répondu : ‘’Non, car d’autres informations les contredisent.’’ Le tribunal a voulu en savoir davantage sur l’origine de l’information. Bachir Fofana a précisé que, durant sa détention préventive à la prison de Rebeuss, il partageait la chambre 48 avec d’autres détenus, parmi lesquels figuraient des connaissances de Cheikh Guèye. ‘’Ce sont ces codétenus qui m’ont dit qu’il leur avait confié avoir remporté le marché’’, dit-il.
Le procès, qui avait débuté dans une atmosphère calme, a été marqué par un incident d’audience entre l’un des avocats de la défense, Me El Hadj Diouf, et le président de séance. Alors que l’avocat poursuivait son interrogatoire du prévenu, un échange tendu a éclaté entre les deux hommes. Le juge a alors prononcé un renvoi du procès au 16 juillet 2025, une décision vivement contestée par les autres avocats de la défense.
Les conseils de Bachir Fofana, Maitres El Hadj Amadou Sall, Moustapha Dieng, Aboubacry Barro, Pape Sène et leurs confrères ont dénoncé ce renvoi qu’ils ont qualifié de violation du droit à un procès équitable. Ils ont demandé une suspension d’audience pour apaiser les tensions.
A la reprise, le juge est revenu sur sa décision initiale et a permis la poursuite des débats. Le ministère public a requis une peine de six mois de prison, dont trois mois ferme, assortie d’une amende de 200 000 F CFA, à l’encontre du journaliste. Le procureur a justifié cette réquisition par le fait que les propos tenus par le prévenu, qu’il estime non vérifiés, ont été rendus publics dans un contexte sensible, touchant à une institution de la République et à une procédure d’appel d’offres.
La défense a plaidé la relaxe pure et simple de son client. Selon les avocats du prévenu, les éléments du dossier ne permettent pas de démontrer l’intention délibérée de diffuser une fausse nouvelle. Ils ont soutenu que le journaliste s’est exprimé sur la base d’informations reçues dans un cadre informel et qu’il s’est montré disposé à les rectifier. Ils ont également rappelé que le prévenu est en détention depuis plusieurs semaines.
Le tribunal a mis l’affaire en délibéré au 9 juillet 2025. D’ici là, Bachir Fofana reste en détention à la prison de Rebeuss.
MAGUETTE NDAO