Publié le 9 Oct 2013 - 03:25
DISTRIBUTION DE CD & K7

Quand Sandaga était sous la coupe de KSF et de B-36

 

 

Le cercle des distributeurs de CD audiovisuels est en voie de disparition depuis l'avènement de l'internet et le développement à grande vitesse des nouvelles technologies. Aujourd'hui, ils sont nombreux, les acteurs du secteur, qui ont changé de métier ou qui ont fait le pari de la diversification. De Talla Diagne à Oumar Gadiaga, une histoire est passée...

 

Le vendredi 4 octobre était la date choisie pour la sortie officielle du nouveau film de la troupe «Deggo» de Pikine, grâce à une coproduction avec «Gadiaga production» qui jouit d'une certaine notoriété dans le domaine de la distribution au Sénégal. Mais jusqu'à 16 heures, c'était encore le calme plat au marché Sandaga. L'air inquiet, debout ou assis derrière le comptoir de la cantine B-36 du grand distributeur et producteur Oumar Gadiaga, Abdou Diané attend toujours les férus de films dramatiques mâtinés à la sauce sénégalaise. «Je n'ai pas encore vendu le moindre CD depuis ce matin malgré la diffusion à la télévision du spot publicitaire, se lamente le gérant. On est loin de l'époque où un carton de CD s'écoulait dès le premier jour.»

L'époque où chaque sortie de K7 ou de CD provoquait des embouteillages monstres sur les lieux de vente et même sur la chaussée qui traverse le marché Sandaga, semble reléguée aux calendes grecques. Ce n'est plus la grande affluence devant les cantines des distributeurs. Les cantines de Talla Diagne et d'Oumar Gadiaga que le public prenaient d'assaut dès les premières heures du jour pour acheter un CD ou un K7, ont perdu leur identité. Aujourd'hui, les consommateurs ont recours à d'autres moyens plus «modernes» et adaptés à l'air du temps pour s'offrir, par exemple, l'intégralité d'une œuvre quelconque sur la toile.

De facto, la technologie a acquis le label d'ennemi encore plus redoutable pour le secteur de la distribution que la bonne vieille méthode de copies piratées et vendues à la sauvette entre les véhicules sur les artères de la capitale. «De nos jours, les gens ont la possibilité d'écouter un CD ou de visionner un film avant même sa date de sortie à l'aide de l'internet. Les distributeurs sont le plus souvent les derniers à avoir l’œuvre qu'ils sont censés vendre», fait savoir Abdou Diané.

Pour contourner le piratage de leurs œuvres, certains artistes décident de prendre le taureau par les cornes en assurant leur propre distribution. C'est ainsi que la chanteuse Coumba Gawlo avait sélectionné de jeunes gens pour la vente de l'album Gawlo & Diego en faisant du porte à porte en 2003. Un autre exemple, récent, est venu de Youssou Ndour dont la structure de production avait eu recours à des chauffeurs de taxi pour la commercialisation de l'album Xalebi sorti en 2011. Dans le programme de lutte contre la piraterie, le Bureau sénégalais du droit d'auteur (BSDA) n'a pas exclu l'idée d'engager de nombreux jeunes qui gagnent déjà leur pain quotidien dans la vente des CD piratés. Quant aux producteurs de films, ils travaillent en synergie avec les réseaux câblés pour faire des bénéfices.

 

Diversifier ou changer de métier

Après avoir fait fortune dans le secteur de la distribution de CD et de K7, l'établissement «Talla Diagne KSF» n'a pu résister au courant innovant des nouvelles technologies. Aujourd'hui, la place de la cantine KSF est occupée par des vendeurs de bijoux et de pacotilles. Et Talla Diagne s'est reconverti dans le commerce avec un grand magasin de vêtements féminins au marché Sandaga. Du côté de «Gadiaga production», on préfère diversifier les activités plutôt que de quitter le secteur de la distribution. Les étagères qu'envahissaient naguère les piles de K7 et de CD sont maintenant occupées par des accessoires et autres outils informatiques. «On continue de distribuer avec le dernier album d'Oumar Pène, le nouvel opus de Fata. Mais on est obligé de vendre autre chose que les CD», reconnaît modestement Abdou Diané. Et pour rester dans cette logique de diversification, Oumar Gadiaga s'occupe à fructifier la grande quincaillerie qu'il a ouverte à Thiaroye pendant que son bras droit, Abdou Diané, veille sur la cantine B-36 au marché Sandaga.

 

Section: 
EXPOSITION "LA MÉLODIE DES COLOMBES" : Une incitation à prévenir les risques d'éruption d'un conflit
ANNIVERSAIRE COUMBA GAWLO SECK : Les 40 glorieuses de la diva 
THIAROYE 1944-2024 : Le Sénégal face à son histoire, la France face à ses responsabilités
VERNISSAGE DE L'EXPOSITION "VOIX DU SILENCE : TRACE ET RÉSONANCE" : Lever le voile sur l'avortement clandestin
PREMIÈRE ÉDITION SOTILAC : Le Sénégal hisse les voiles du tourisme de croisière
ATELIER ‘’DAKAR AU FIL DES ARTS’’ À L’IFD : Une ville contée en sonorités
EXPO "TRAITS ET LETTRES" AU CARRÉ CULTUREL : Le pouvoir de l'art dans l'éducation et la transformation sociale
AVANT-PREMIÈRE « AMOONAFI » DE BARA DIOKHANE : L'art, l'histoire et le droit au service de la mémoire
EXPOSITION "SYMBOLES DE LA VIE : AU-DELÀ DU REGARD" : Réflexions sur la condition humaine
LE SYNPICS ET CONI IA LANCENT UNE FORMATION : Vers une révolution technologique du secteur médiatique
LIBERTÉ DE PRESSE ET DROIT À L’INFORMATION : RSF appelle les députés à instaurer quatre réformes
BIENNALE OFF : L'Orchestre national raconté à Douta Seck
EXPOSITION FALIA La Femme dans toutes ses facettes
MUSIQUE À L’IMAGE : Plusieurs jeunes formés au Sénégal
CÉLÉBRATION 50 ANS DE CARRIÈRE : L’Orchestra Baobab enflamme l’Institut français de Dakar
15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Seulement deux prix remportés par le Sénégal
BIENNALE DE DAKAR : Un éveil artistique, selon Bassirou Diomaye Faye
CÉRÉMONIE D'OUVERTURE DE LA 15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Dak’Art pour un voyage culturel
EXPOSITION ‘’FAIRE LIEU’’ À DAKAR : Cinq lieux africains comme espaces de transformation
BIENNALE DE DAKAR   - EXPO ‘’DEVOIR DE MÉMOIRE’’ : Un modèle d’engagement culturel